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Sa Majesté le 8e MWAMI Mwenda Bantu Kaneranera Masuka Godefroid Munongo, Roi des Bayeke

Mining and Business Magazine a rencontré Sa Majesté le 8e MWAMI Mwenda Bantu Kaneranera Masuka Godefroid Munongo, Roi des Bayeke. Président de l’Alliance Nationale des Chefs Traditionnels, il est aussi Chairman du Forum des Rois d’Afrique, Sénateur depuis 12 ans jusqu’au jour où nous bouclons. Au cours d’une longue interview, il nous parle de l’action de sa fondation et de sa vision pour la RDC.

Mining & Business:  Majesté, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Sa Majesté Godefroid Munongo :  Je suis le Mwami des Bayeke. Septième successeur du Roi Msiri 1er, qui a fondé la dynastie des Bayeke de Garengaze, et Sénateur depuis 2007, après avoir été député national et provincial. Je suis diplômé en Économie et Sciences politiques de la North Eastern University de Boston et administrateur dans plusieurs entreprises.

M&B : Lesquelles ?

SMGM : Brasimba et Servair France notamment, où je siège au CA. Nous avons aussi une carrière de graviers et de moellons.

M&B : Revenons au Royaume, quelle en est la superficie ?

SMGM : La superficie actuelle, héritée de la colonisation, est d’environ 30 000 km2, soit la taille de la Belgique. Mais le Garengaze, du nom de l’Empire, à l’époque de l’apogée de M’Siri, vers 1875, était aussi grand que la France, soit plus de 640 000 km2, parce que cela partait de Tabora, au nord de la Tanzanie. Avec la Conférence de Berlin, en 1885, on a perdu tous nos frères de Tanzanie, sous domination allemande, et de Zambie, sous domination britannique. Mais la capitale reste Bunkeya.

M&B : Vous êtes encore en contact avec eux ?

SMGM : Oui ! Ils viennent chaque année et quand il faut introniser, je vais jusqu’en Zambie.

M&B : Et en Tanzanie aussi ?

SMGM : Beaucoup moins, parce qu’une loi a aboli les monarchies précoloniales sous le Président Nyerere. C’était un socialiste et il a mis fin à cela, mais les contacts demeurent.

M&B : Vous avez d’autres fonctions, n’est-ce pas ?

SMGM : C’est exact. Je suis le Président national des chefs coutumiers de la République, regroupés au sein de l’Alliance nationale des autorités traditionnelles au Congo et, au niveau du continent, Chairman des rois d’Afrique.

M&B : À quoi correspond ce dernier titre ? 

SMGM : En 2008, le Président Khadafi a invité environ 1 500 rois et chefs coutumiers à Benghazi pour nous conscientiser sur l’Union africaine, le drapeau commun, la monnaie unique, l’armée commune, le passeport commun. Il avait une vision assez claire sur les systèmes bancaires et financiers à mettre en place, notamment.

M&B : Et, il y a eu 2 011…

SMGM : Oui, et Kadhafi n’étant plus, d’autres Rois ont suggéré que je pérennise ce projet. Moi, je n’étais pas pour, mais ils m’ont tout de même désigné comme chairman ! Mon mandat prend fin cette année, en décembre, et c’est sûrement le Ghanéen qui va assumer le rôle.

M&B : Donc, ce rôle, c’est partir du traditionnel pour unifier ?

SMGM : Pour unifier et avoir une vision commune pour la paix et le développement avec l’Union africaine. J’ai vu le Président Al Sissi l’an passé, sans savoir qu’il allait devenir le chairman de l’UA. J’étais aussi avec Romano Prodi, l’ex Premier ministre italien, qui est notre ambassadeur près l’Union européenne, et là, je dois me rendre à Cotonou et à Addis-Abeba.

M&B : Et en RDC ? Que pourriez-vous apporter à la République ? 

SMGM : Nous avons déjà de très bonnes relations avec le nouveau Président et avec son Dir Cab. On va les aider en fonction de leurs demandes et de leurs besoins. Mais, comme j’ai toujours dit : c’est le malade qui va vers le docteur. Si le malade estime qu’il est en forme, nous, on ne va pas exiger de le soigner !

M&B : Quel est votre axe principal de plaidoyer ? 

SMGM : D’abord, l’application intégrale de la décentralisation, afin que toutes les entités se développent. Un proverbe très ancien dit : « kudia talala ikwabana biya », ce qui veut dire : « Pour bien manger, il faut que tout le monde mange, même un peu, mais que tout le monde mange ! » Mais ensuite, et surtout, c’est la paix, la paix et l’harmonie entre politiciens. Il y a eu beaucoup trop de tensions suite aux élections, de cacophonie et de malentendus. L’église a aidé à sa manière et nous aussi… Mais en coulisses, car ce qu’on fait est plus efficace quand on est en coulisses !

M&B : Et en termes de développement ? 

SMGM : Chaque chef de chefferie est un moteur du développement de l’entité territoriale décentralisée. Nous qui avons la chance d’avoir des miniers tels que TFM ou Boss Mining dans notre chefferie, nous avons droit à des redevances minières, et avec cela, nous développons nos entités. Il est vrai que ça a commencé il y a seulement 6 mois, mais on commence à en ressentir les effets.

M&B : La redevance minière ne date que depuis 6 mois ?

SMGM : Assez bizarrement ! C’était déjà dans le code minier de 2002, mais il n’a jamais été appliqué. Beaucoup de pesanteur et les habitudes de centralisation au niveau de Kinshasa ! Nous étions toujours en train de nous plaindre et, finalement, en 2018, les miniers ont été obligés de libérer… Sans rétroactivité par contre !

On a déjà refait les dortoirs de notre université technique, à Bunkeya, et de l’université de Msiri. Autre exemple, nous avons pu envoyer 13 étudiants à Cotonou pour qu’ils soient formés à Songay, le plus grand centre agropastoral d’Afrique de l’Ouest. On a commencé par Bunkeya, le chef-lieu, et maintenant nous allons dans tous les groupements, à Mukabe Kazadi, Fugurume, Tenke.

M&B : Comment cette redevance minière est-elle gérée ? 

SMGM : Dans le code minier révisé, les redevances minières sont de 15 % pour la chefferie, 25 % pour la province et 45 % pour Kinshasa. Les 10 % restants étant pour la Caisse de péréquation. L’argent est géré via le compte bancaire de la chefferie, avec le Conseil. On a un conseil et un exécutif. Moi, je ne suis que l’ordonnateur, mais eux font la planification. Ils viennent vers moi et j’approuve !

M&B : Donc, dans la transparence ?

SMGM : Oui ! Le Conseil compte 70 personnes. C’est moi qui ai le dernier mot, mais ce sont eux qui font l’étude de faisabilité, présentent les projets. Cela nous permet désormais de transformer notre chefferie « pole pole », comme on dit en Swahili, étape par étape.

M&B : Quelle sera la principale action menée grâce à ce nouveau fonds ?

SMGM : L’éducation ! L’éducation avec l’université technique Msiri 1er dont ma sœur, la Princesse Mwansa Claude, est administratrice et membre du Conseil. C’est notre cheval de bataille ! Viennent ensuite l’électricité, afin de développer la petite industrie et l’eau potable avec des puits d’eau dotés de panneaux solaires.

M&B : Le tourisme n’est pas un axe ?

SMGM : Il fait partie de notre plan d’action, mais pas en numéro 1. Nous avons déjà commencé des projets touristiques avec le Gouverneur du Lualaba et le ministre de l’Environnement et du Tourisme, qui venaient régulièrement nous voir. Nous allons activer la machine…

M&B : Pour terminer, un mot sur les élections sénatoriales ? 

SMGM : Je suis sénateur du Lualaba, même si Lubudi est notre territoire. Nous sommes quatre. On a opté pour un système de respect

de l’équilibre des communautés : les communautés Lunda, Tshokwe et Kaonde ont désigné un candidat. Pour les Bayeke, c’était moi. On a fait ça de façon non partisane, donc cela a été beaucoup plus facile.

M&B : Pas besoin d’enveloppes, alors !

SMGM : Non… C’est moi le patriarche et, à l’unanimité, ils ont dit : « Nous allons derrière notre papa ! »

M&B : Un message ?   

SMGM : Vous inviter à Bunkeya… Afin que vous puissiez voir ce que nous essayons de faire, tout en écoutant la base pour aller de l’avant, mais aussi pour nous conseiller, nous orienter, afin de réussir ce grand défi.

M&B : Mwami, je vous remercie !

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