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Olivier Terra, Managing Director, Bolloré Transport & Logistics Zambia

La Zambie est un marché bien organisé et je vois la possibilité pour des entreprises comme la nôtre de grandir dans notre domaine d’activités. Il y a eu des progrès significatifs dans la valeur ajoutée des entreprises de stockage/entreposage.

Mining and Business Magazine a rencontré le directeur général de Bolloré en Zambie.

M&B Quelle est votre évaluation des développements dans vos opérations et sur le marché en Zambie au cours des trois dernières années ?

Olivier Terra Les trois dernières années ont apporté de nombreux développements positifs pour  Bolloré Logistics Zambie, dont l’inauguration de notre plate-forme logistique Chingola pour n’en citer qu’un. Notre progrès en Zambie a été réalisé malgré les moments difficiles qu’a connus le pays et que l’industrie du transport et de logistique a traversés. N’oubliez pas que nous avons été confrontés à une dépréciation rapide du Kwacha fin 2015, une des pires chutes des prix du cuivre des dix dernières années, une sécheresse qui a touché aussi bien l’agriculture que le secteur de l’électricité et une incertitude politique pendant la période électorale qui a placé un bémol sur la confiance des entreprises. Tous ces événements se traduisent en une baisse de 20 % des volumes globaux d’exportations et d’importations de la Zambie en 2016. Cependant, des données plus positives s’annoncent pour2017. Le gouvernement nouvellement élu a les mains libres pour mettre en œuvre les réformes nécessaires dans les cinq prochaines années. Les effets de la dépréciation du Kwacha semblent derrière nous, les chiffres de l’inflation sont plus stables que prévus et le rebond des prix du cuivre va certainement stimuler la croissance économique grâce à de nouveaux investissements dans l’industrie minière. Nous espérons que le gouvernement pourra assortir ces sentiments positifs d’une politique saine de planification dans les années à venir. Ce que nous avons entendu jusqu’ici des intentions budgétaires est prometteur. La Zambie est un marché bien organisé et je vois la possibilité pour des entreprises comme la nôtre de grandir dans notre domaine d’activités. Il y a eu des progrès significatifs dans la valeur ajoutée des entreprises de stockage/entreposage. Les entreprises Blue-chip ont la tendance de se concentrer sur leurs marchés et sur la demande de leurs clients et à externaliser leurs services de logistique. L’industrie de la logistique à son tour doit être en mesure de saisir ces opportunités et d’offrir la pleine gamme des services de la chaîne d’approvisionnement logistique avec des KPIs de bonne qualité qui mesurent non seulement les volumes, mais aussi la productivité.

M&B Le secteur minier reste-t-il important pour les entreprises de logistique ?

OT Oui, c’est tout à fait vrai pour la Zambie. Les entreprises de logistique et de transport sont souvent fortement orientées sur le secteur minier parce que c’est de là que proviennent les grands volumes. Dans le secteur minier, il y a de nombreux entrepreneurs locaux, représentant des marques mondiales, qui ont besoin des conseils de logistique pour faire une différence. Nous les consultons non seulement sur l’analyse des coûts des transports et de la chaîne d’approvisionnement qui vont plus loin que le dédouanement de biens importés ou exportés, mais aussi sur la façon de gérer les formalités douanières et les titres de validité des importations temporaires, comment optimiser l’utilisation des entrepôts de stockage et ainsi de suite. Alors oui, nous avons une forte présence dans l’industrie minière. Mais nous sommes aussi conscients des besoins différents de nos autres clients zambiens. Nous avons investi dans la valeur ajoutée des activités d’entreposage et diversifié notre portefeuille de clients. Nous avons également développé une entreprise d’exportation spécialisée en produits agricoles et produits industriels. Les entreprises d’exportation cherchent des affaires non seulement dans la région avec l’Est de la RDC, le Malawi, le Burundi et le Rwanda, mais aussi dans les marchés lointains. Nous avons la solution pour exporter vers tous les lieux. Nous avons récemment ré-ouvert un bureau à Mpulungu pour appuyer nos services de logistique pour les activités de la  Zambie dans l’Est de la RDC, le Burundi et le Rwanda.

M&B Quel est le raisonnement qui sous-tend votre plaque tournante à Chingola ?

OT Notre plate-forme logistique de Chingola a été mise en place spécifiquement pour répondre aux besoins de l’exploitation minière du Katanga. C’est une entreprise orientée sur l’évacuation du cuivre et du cobalt extraits de la RDC, la traversée de la frontière de Kasumbalesa, et le déchargement à Chingola avant le tri et la répartition du produit le long des couloirs de Durban, Dar es Salaam ou Beira. Le transport de ces marchandises est un processus complexe et délicat, et il était indispensable de mettre en place une plaque tournante au bon endroit. Chingola, située dans la ceinture de cuivre, près de la frontière de Kasumbalesa, est l’endroit idéal. Elle est située à côté de nos locaux de transport par route White Horse (Cheval Blanc, flotte de camions Bolloré), que vous ne pouvez pas manquer quelques kilomètres avant Chingola, à main droite en venant de Kitwe. C’est le point de rencontre de deux flottes de camions fonctionnant simultanément, l’une transportant du cuivre et d’autres métaux de la province du Katanga en RDC, et l’autre apportant fournitures et consommables d’Afrique du Sud. Le fret est transféré dans nos entrepôts sécurisés de 18 000 m2. Ce modèle logistique spécifique réduit le temps de transport et permet à nos clients d’économiser des frais.

M&B En termes de logistique, quelles mesures souhaitez-vous voir mises en œuvre par le gouvernement pour stimuler le secteur à moyen terme?

OT Sur un plan pratique, nous devons travailler à améliorer la gestion des frontières et alléger la congestion aux postes frontaliers. Pour ce faire, tout d’abord, nous devons résoudre la cause première de ces congestions. Il y a des problèmes, par exemple, pour les fournisseurs de services internet qui ne sont pas en mesure de fournir une capacité suffisante pour le fonctionnement du système « sans papier » Asycuda World des douanes. Si les douanes veulent avoir une entrée enregistrée en un seul endroit et l’évaluer par voie électronique dans un autre, on a besoin d’une forte connectivité. Nous avons contacté les douanes et le ministère des finances par le biais de notre association de déclarants en douanes et transitaires (ZCFAA) et fait des propositions visant à rationaliser les opérations. En réponse, les douanes et le ministre des finances ont mis en place des comités techniques pour superviser l’état d’avancement des propositions formulées. D’autre part,  nous constatons que le ministère des transport penche pour une approche plus forte et plus lourdement réglementée, et a récemment pris une mesure pour empêcher les camions de circuler la nuit. Ce ministère a également l’intention d’imposer un système de quotas pour le transport de matériaux en vrac par rail. Bien qu’en soi, cela s’avère quelque peu problématique pour les entreprises de logistique et pour le commun des citoyens, l’attitude active et pragmatique adoptée par le gouvernement est un pas dans la bonne direction.

M&B Pensez-vous que la Zambie a le potentiel pour devenir une plaque tournante logistique pour le sud-est de l’Afrique ?

OT Oui, en effet, compte tenu de sa géographie, la Zambie peut jouer un rôle vital dans la région comme zone de transit pour marchandises. Cependant, pour réaliser ce potentiel, il est essentiel que toutes les mesures et réglementations soient soigneusement pensées et conçues pour faciliter l’acheminement des marchandises. Une des zones qui méritent d’être examinées, est la TVA sur les marchandises en transit. Elles ne devraient pas tomber sous l’emprise de la TVA. Lorsque nous conduisons des opérations en Zambie, il est essentiel que les services auxiliaires pour les marchandises en transit ne tombent pas sous la TVA. Dans le cas contraire, cela ajoute des coûts inutiles qui rendront ces opérations moins attrayantes pour les expéditeurs et les entrepreneurs. Voilà le genre de choses qui doivent être prises en considération. Avoir huit pays voisins donne à la Zambie de grandes possibilités pour devenir une plaque tournante logistique, mais nous devons penser avec souplesse et intelligence pour exploiter ce potentiel.

M&B Dans un avenir proche, quels sont les projets de Bolloré en Zambie ?

OT Bolloré Transport & Logistics Zambia va s’ouvrir à d’autres secteurs à potentiel, avec des plans d’expansion dans le secteur de l’énergie, des énergies renouvelables en particulier. Il y a quelques projets éoliens sur notre radar. Nous attendons notre lancement dans les énergies renouvelables pour entamer une deuxième phase début d’année prochaine. Nous prévoyons également d’ouvrir Havas Zambie quelque part cette année pour répondre aux besoins de nos clients en matière de publicité mondiale.

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