En marge de la visite du Chef de l’Etat aux USA, le stratège et social innovator Al Kitenge a accordé un entretien à M&B sur la reprise de la coopération entre la RDC et le FMI.
M&B : Quelle est la situation de la RDC ?
AK : Assez difficile. A la suite de la chute des cours des matières premières, la valeur commerciale des produits exportés a baissé. Au vu du déséquilibre du matelas en dollars, le taux de change a évolué en défaveur du Franc congolais avec impact sur le pouvoir d’achat des citoyens.
M&B : Raison de cet appel du pied du Chef de l’Etat au FMI ?
AK : Oui, c’est pour équilibrer les réserves de change et assurer les importations incompressibles.
M&B : Cela veut dire programme du FMI pour le pays ?
AK : Nous n’en sommes pas encore là. La mission du FMI n’est pas de reconstruire la RDC. C’est à la RDC de se doter d’un Plan stratégique de développement. Le FMI et d’autres partenaires devenant des conseillers et des apporteurs de solutions spécifiques, chacun selon ses forces.
M&B : Sur quel axe faut-il baser ce Plan stratégique ?
AK : Il faut l’aligner sur les trente prochaines années et répondre aux questionnements fondamentaux : où est-ce que nous désirons aller ? Qu’est-ce que nous désirons avoir ?
De quoi nous disposons pour aller loin ? Pour le Chef de l’Etat, notre plus grand levier, c’est le potentiel hydroélectrique. Nous pouvons en effet le mettre dans l’assiette. Mais la vraie question est : quel est le logiciel social et économique à mettre en place pour que notre capital humain soit, dans quinze ans, prêt à porter ce développement ? Voilà ce qu’on appelle un Plan stratégique.
M&B : Revenons-en au FMI, quelles sont les causes de la suspension de la coopération ?
AK : Le manque de transparence et une succession de disputes sur la volonté ou non de rester dans un jeu clair. La RDC a trop longtemps été indisciplinée. Nous nous sommes disputés avec tous nos partenaires et allons d’ailleurs bientôt nous disputer avec les Chinois si nous ne changeons pas de culture de gouvernance.
M&B : Comment opérer cette transformation ?
AK : Les leaders politiques ne peuvent être efficaces que quand ils sont surveillés de manière stricte par les citoyens. Donc, les citoyens ne doivent plus consommer ce que les politiciens disent, mais dire aux politiciens ce qu’il y a à faire !
M&B : Votre avis par apport à ce rapprochement avec le FMI ?
AK : On a toujours tendance à dire que le Fonds est interventionniste. La réponse est Non. il dit : « Si nous nous entendons, on avance. Si on ne s’entend plus, on n’avance plus ». A partir du moment où le FMI met la main à la poche, il est important que l’Exécutif démontre qu’il affecte l’argent à l’endroit pour lequel il a été mobilisé. Redevabilité et transparence sont cardinales ! De plus, les experts du FMI parce ont une grande connaissance du monde, pilotent énormément d’informations et peuvent donc nous être utiles. Même dans le domaine des appuis budgétaires.
M&B : Un programme d’appui impliquerait un audit des comptes nationaux par le Fonds ?
AK : Il ne faut pas l’exclure. Ils doivent connaître la réalité de notre économie. Tous les chiffres, d’ailleurs en partie maquillés, qu’on présente ne représentent que la vie en milieu urbain, soit moins de 20% de la population. A un moment, il faudra bien que le Congo montre sa volonté d’aller là où se trouve 80% de la population. Notre stratégie devrait être essentiellement rurale.
M&B : Etes-vous favorable aux partenariats entre la RDC et d’autres institutions ?
AK : Le contraire serait ridicule ! On doit avoir un panier de partenaires.
Par exemple, aujourd’hui, sur les questions de financement, la plus grande machine, c’est la Chine. Mais là encore : Quelle est notre stratégie ?
Toute intervention de partenaires devrait se faire dans le cadre du plan stratégique et sous le leadership de celui-ci.