Malgré son potentiel agricole exceptionnel, le deuxième au monde après le Brésil, la RDC est un pays importateur de denrées alimentaires.
L’accès difficile au crédit long terme et abordable représente l’un des obstacles majeur au développement des activités de production et de transformation.
Plusieurs raisons à cela.
L’accès au crédit, un élément clé du développement de l’agriculture en RDC
Tout d’abord, le faible développement du secteur financier et la faible expérience de ses acteurs dans le domaine du financement agricole.
3 types d’institutions financières sont présentes en RDC: les coopératives d’épargne et de crédit, les institutions de microfinance et les banques commerciales.
Toutes pratiques des crédits sur des horizons de temps courts, en complète inadéquation avec les cycles agricoles, plus longs; elles proposent des taux d’intérêt annuels compris entre 18 % et 22 % et sont averses au risque.
Le marché du capital-risque et autres produits de financement long-terme reste embryonnaire et lorsqu’il existe préfère s’orienter vers des entreprises bien établies ou des secteurs perçus comme plus porteurs, à l’instar de l’exploitation minière. Les sociétés de petites tailles ou naissantes qui constituent, pourtant, la grande majorité du paysage économique congolais ou l’agriculture, plus inclusive, ont ainsi peu d’alternatives pour mobiliser des fonds.
De plus, les activités agricoles sont majoritairement encrées dans l’informel et, par conséquent, peinent à justifier, objectivement, des performances passées et donc de la pertinence d’un apport financier pour réaliser pleinement leur potentiel économique.
Enfin, la réglementation foncière est ambiguë et faiblement charpentée. Elle ne sécurise ni ne formalise le droit de propriété sur l’actif terre et ainsi prive les acteurs du monde paysan d’une garantie tangible pouvant servir de ticket d’entrée dans le monde du crédit formel.
Cependant, les choses évoluent et des initiatives semblent prendre le jour pour remédier à la situation.
Malgré son potentiel agricole exceptionnel, le deuxième au monde après le Brésil, la RDC est un pays importateur de denrées alimentaires.
Des coopératives, comme la nôtre, et des organisations paysannes se construisent progressivement et, ont pour ambition de rendre à leurs membres sociétaires des services très concrets, dont un accès facilité aux capitaux ou encore une meilleure formalisation de leurs activités, et elles font des efforts pour faire évoluer les mentalités et l’environnement des affaires en faisant, entre autres, remonter les préoccupations du secteur agricole auprès des acteurs pertinents, institutions financières ou autorités publiques.
Des gestionnaires de capital-investissement, reconnaissent, enfin, le potentiel économique des TPE et PME, comme l’amsterdamois XSML Capital qui a réalisé avec son premier fond 32 investissements entre US $100 000 et US $500 000 à 80% sur la RDC et 20% sur la République Centrafricaine et qui a annoncé, en février 2016, le bouclage d’un deuxième fonds plus ambitieux en termes de montants et de périmètre géographique d ‘intervention.
Les agences de développement se tournent vers le secteur privé, reconnaissant son rôle de moteur du développement, à l’instar du programme ELAN RDC financé par la coopération britannique et exécuté par le cabinet de conseil, Adam Smith International, avec pour objectif « le développement des marchés au bénéfice des pauvres ». Ce programme vise à agir sur les contraintes qui inhibent le développement des marchés dans de nombreux secteurs, y compris l’agriculture. Dans ce cadre, un système de warrantage, inédit pour l’agriculture en RDC, a été implémenté pour la filière café au Kivu et ce premier succès est en voie d’être répliqué au Katanga pour la filière maïs.
De son côté le gouvernement avec l’inscription d’un Fond National de Développement Agricole dans la loi fondamentale agricole reconnaît le besoin d’un soutien particulier au secteur de l’agriculture.
Le développement des pays industrialisés est passé par des politiques volontaristes d’aides aux industries domestiques naissantes, de subventions, d’accès large au capital à des taux attractifs et de vulgarisation des technologies.
Finalement, le nœud n’est pas l’absence de capital mais sa bonne allocation.
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