L’opérateur de téléphonie Orange a lancé sa banque le jeudi 1er novembre. Objectif : deux millions de clients. Son offre aux tarifs très agressifs commence déjà à chambouler le paysage bancaire. Jour de big bang dans la banque ! Après un retard à l’allumage de quatre mois, la très attendue Orange Bank a atterri sur les smartphones français.
L’opérateur de téléphonie Orange a lancé sa banque le jeudi 1er novembre. Objectif : deux millions de clients. Son offre aux tarifs très agressifs commence déjà à chambouler le paysage bancaire. Jour de big bang dans la banque ! Après un retard à l’allumage de quatre mois, la très attendue Orange Bank a atterri sur les smartphones français. Avec une offre calibrée pour dynamiter le système bancaire traditionnel : carte gratuite, ouverture de compte rapide en ligne, prime de bienvenue de 80 €… Objectif de Stéphane Richard, le patron du groupe : séduire 400 000 utilisateurs dès la première année, et deux millions dans dix ans.
Impossible ? Orange va pouvoir s’appuyer sur son trésor de guerre : son fichier de 30 millions de clients en France, dont 22 millions dans la téléphonie mobile… Et c’est bien cette force de frappe qui effraie les banquiers. Car Orange a les reins solides et sera «capable de perdre de l’argent pendant très longtemps», s’inquiète, en off, le patron d’une grande banque française.
Déjà titillés par l’essor fulgurant des néobanques (N26, Compte-Nickel, C-zam, etc.) qui cassent les prix et ouvrent des comptes courants par centaines de milliers, les banquiers, tous déjà présents sur Internet, ont lancé la contre-attaque. Plus besoin d’avoir un minimum de revenus pour obtenir la carte gratuite chez Boursorama (groupe Société générale), offre de téléphonie mobile couplée à un compte pour 10 € par mois au Crédit mutuel, et bientôt une offre très agressive du Crédit agricole…
SFR en embuscade
L’enjeu est de taille pour les banques dont le modèle classique est voué à profondément se transformer, car d’autres nouveaux acteurs toquent à la porte. SFR est en embuscade. Patrick Drahi pourrait lui aussi lancer sa propre banque à l’horizon 2019. Le patron d’Orange joue gros, à quelques mois de la fin de son mandat. Mais, à la veille du lancement du nouvel l’iPhone et de la période de Noël, la CFE-CGC s’inquiète de « la capacité des équipes à tenir le choc» en cas d’afflux de nouveaux clients dans les boutiques Orange.
Orange Bank : ses points forts, ses faiblesses
Carte gratuite, ouverture de compte rapide en ligne, prime de bienvenue de 80€… Nous avons passé l’offre en revue.
La carte bancaire et les frais de tenue de compte. Tout est gratuit si vous utilisez votre moyen de paiement au moins trois fois par mois. Un vrai «plus» par rapport aux banques traditionnelles (Société générale, la Banque postale, etc.), mais les banques en ligne comme Boursorama proposaient déjà ce genre de services. La carte est, chez Orange, paramétrable, avec la possibilité de choisir son code secret ou bloquer/débloquer certaines fonctions (sans contact, paiement à l’étranger, etc.). Des petits plus sur l’utilisation de la carte assez rares dans les banques classiques mais devenus la norme chez les néobanques comme N 26.
Les frais liés aux découverts. Les frais d’agios (8%) sont plutôt dans la moyenne basse du marché. Mais, surtout, aucune «commission d’intervention» n’est réclamée lors d’un dépassement de découvert. Un vrai point de différenciation. En effet, les établissements traditionnels ont eu la main lourde, ces derniers temps, sur ces frais qui s’appliquent lorsque vous n’arrivez plus à joindre les deux bouts. En règle générale, les banques réclament 8 € pour chaque paiement initié au-delà du découvert (80 € au maximum par mois).
Le service client. La règle est simple chez Orange : avoir recours à un salarié d’Orange pour effectuer une démarche alors que vous auriez pu le faire en ligne seul vous coûtera 5 €. C’est, sur ce point, que l’offre d’Orange pèche. Dans une banque classique, on ne vous réclame pas 5 € chaque fois qu’un conseiller vous donne rendez-vous et vous rend service.
Légendes
Paris, 31 octobre. Stéphane Richard, PDG de Orange, lance une offre qui compte dynamiter le système bancaire traditionnel. @LP/Philippe de Poulpiquet