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Agences de notation, note souveraine : comment ca marche ?

Fitch, Standard and Poors ou Moody’s…  Que connaissons nous vraiment de ces agences qui font la pluie et le beau temps sur l’économie ? Une chose est en tout cas certaine : que ce soit pour des banques, des entreprises, des états souverains ou pour des instruments financiers plus complexes, les notes attribuées par les agences de notation évaluent la capacité d’un emprunteur à rembourser sa dette, et sont donc un indicateur clé pour tout investisseur.

Bonne note ou « junk »

Si la notation est élevée ou de bonne qualité, l’instrument est évalué comme étant solvable, c’est-à-dire qu’il existe un risque faible (ou nul) que l’émetteur manque à ses obligations. Dans cette catégorie, la notation mesure la solidité financière de l’émetteur plutôt que son risque de défaut. Si la notation est faible, ou de qualité inférieure (parfois appelée «junk»), la notation donne une idée du risque de défaut de l’émetteur, ou même (pour les émetteurs très faiblement notés) donne une idée du montant de la perte qu’un investisseur pourrait subir en cas de défaut de paiement de la dette de l’émetteur.

La puissance des agences de notation

Les agences de notation sont des acteurs importants et puissants sur les marchés financiers, car elles fournissent une évaluation indépendante des instruments financiers (les trois principales agences de notation, Standard and Poor’s, Moody’s Investors Service et Fitch n’ont pas la même notation pour tous les émetteurs et ne notent pas les mêmes émetteurs); En attribuant une notation, ils permettent de comparer des instruments financiers, même de nature différente (techniquement, une banque et un pays ayant la même notation sont évalués comme ayant la même capacité à rembourser leur dette, même si ces deux acteurs sont très difficiles à comparer. Par extension, elles aident les investisseurs à prendre des décisions d’investissement ou non dans un instrument spécifique et à quel coût, selon leur goût du risque.

Les notations souveraines 

Les notations financières les plus connues sont les notations souveraines, qui sont attribuées à des entités souveraines telles que des pays (ou, plus précisément, des obligations souveraines). Alors que de nombreux pays développés ont des notes élevées — les États-Unis, la Suisse ou Singapour ont la note la plus élevée (AAA) — plusieurs pays économiquement importants comme le Royaume-Uni, la France ou le Japon sont moins bien lotis. 

La solvabilité des pays en développement varie considérablement d’un pays à l’autre, allant d’une notation (élevée) de la qualité d’investissement (voir BRICS) à celle des pays en défaut. Les pays les moins avancés, à l’instar de la RDC, se situent généralement à la fin de l’échelle de notation, bien que certains soient bien meilleurs que leurs voisins (Botswana).

Qui note et comment ? 

Les trois principales agences de notation disposent de méthodologies sur lesquelles elles fondent leurs évaluations de notation souveraine. Ceux-ci sont divisés en plusieurs piliers, notamment les finances publiques, l’économie, le système politique ou le secteur bancaire, qui sont chacun évalués à l’aide de divers indicateurs économiques tels que le PIB par habitant. Les données de chaque pays sont imputées dans un modèle qui fournit une évaluation préliminaire du pays. 

Les limites

Les agences de notation sont confrontées à des limites techniques telles que le manque de données fiables ou le fait que leurs modèles financiers puissent être limités ou ne pas être fondés sur les indicateurs socio-économiques adéquats. Par exemple, pour mesurer la richesse d’un pays, le PIB par habitant est-il un indicateur adéquat, ou s’agit-il de sa dotation en ressources naturelles, ou peut-être même du niveau de bonheur de sa population? Pourquoi privilégier les indicateurs économiques «durs» par rapport aux indicateurs plus sociaux? 

Ensuite, les agences de notation de crédit étant privées, les entreprises à but lucratif créent inévitablement des conflits d’intérêts. Enfin, ce domaine n’est contrôlé que par trois acteurs majeurs qui ont des approches similaires et qui ont le pouvoir d’influencer les marchés financiers. Par exemple, le fait de juger qu’un instrument financier est de la «camelote» conduit inévitablement les investisseurs à vendre…

Dans le jargon, on appelle ça de la prophétie auto-réalisatrice.

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