Grand Prix de la Francophonie 2017, l’écrivain franco-guinéen Tierno Monenembo a honoré de sa présence la fête du livre à Lubumbashi. Un événement pour le moins riche en découvertes littéraires, organisé par l’Institut français et l’Ambassade de France en République Démocratique du Congo, au mois de novembre.
Tierno Monénembo est né le 21 juillet 1947 à Porédaka, dans le Fouta-Djallon, en Guinée. En 1969, il fuit la dictature d’Ahmed Sékou Touré et rejoint à pied le Sénégal voisin. La Côte d’Ivoire devient sa terre d’exil où il y poursuit ses études.
Il part en France en 1973 et y obtient un doctorat en Biochimie de l’université de Lyon. Son itinérance le conduira sur d’autres routes, le Maroc et l’Algérie où il enseignera. Il vit aujourd’hui aux États-Unis, dans le Vermont, où il est « visiting professor » au Middlebury College.
Il entre en littérature comme on entre en religion. Son premier livre « Les Crapauds-brousse » est publié en 1979 aux éditions du Seuil. Son talent est salué par les critiques et son œuvre est fréquemment primée: les Écailles du ciel** remporte le Grand Prix littéraire d’Afrique noire en 1986. Avec « Le roi de Kahel », Lauréat du Prix Renaudot 2008, il rejoint la liste prestigieuse des écrivains africains l’ayant aussi reçu, comme Yambo Ouologuem (1968), Ahmadou Kourouma (2000) ou Alain Mabanckou (2006). Il sera couronné en 2012 par le Prix Erckmann-Chatrian et le Grand Prix du roman métis pour Le « Terroriste noir », qui recevra également, en 2013 par le Grand Prix Palatine et le Prix Ahmadou-Kourouma. Il récolte enfin en 2017 la plus haute distinction de l’Académie française : le Grand Prix de la francophonie.
Ses romans traitent souvent de l’impuissance des intellectuels en Afrique, et des difficultés de vie des Africains en France. Son dernier ouvrage « Le Bled » est paru en 2016 aux éditions du Seuil.
Chez Tierno Monenembo, l’exil est un lieu qui engage l’écrivain à interroger la problématique identitaire. Dans son rapport à l’exil, l’auteur se réfère constamment aux expériences qu’il a vécues au moment où il a fui la dictature de son pays pour un périple sans fin. Sélom Komlan Gbanou, de l’Université de Bayreuth en Allemagne transcrit ainsi cette idée : « L’écriture est pour le romancier un jeu d’autofiction qui lui permet d’investir ses différents protagonistes des malaises que lui inspire le déracinement et qui déterminent une quête identitaire se déclinant sur le mode de l’errance et de l’indécidable. »
Français et guinéen, libre et engagé, Tierno Monenembo est aussi un homme de lettre qui dénonce, avec ironie, férocité, et courage. Et il ne s’en prive pas.
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