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« Saveur du Kivu », le café congolais prend son ELAN !

Est-on en passe de voir un café « made in Congo » de notoriété internationale ? Il semble que oui. Impulsée par le programme ELAN, implémenté par Adam Smith International et financé par la coopération britannique, la renaissance du café congolais est à l’œuvre.
Depuis 2014, le programme ELAN RDC a pour vocation d’apporter un changement à ces systèmes de marché économique appauvrissants ainsi qu’aux populations les plus défavorisées, et notamment les femmes.

Dessein pour le moins ambitieux s’il en est, car avant de pouvoir proposer des solutions innovantes et inclusives, il faut s’attaquer aux freins et contraintes du marché économique. Avec une dotation de 50 millions de livres, soit environ 65 millions de dollars, ELAN RDC intervient dans différents secteurs économiques tels l’agriculture, les énergies renouvelables, l’accès aux finances et le secteur des transports.

En sus de ses programmes dans le secteur minier, en soutien aux communautées (production agricole) et aux micros entreprises sous-traitantes, et fourniture de produits maraîchers pour les services de Catering notamment, et facilitant leur accès au crédit ou encore en leur permettant d’acquérir des sources d’énergies renouvelables, ELAN a développé un projet particulièrement intéressant dans le sud Kivu : « Saveurs du Kivu ».

« Le secteur café dispose d’un énorme potentiel, de nature à booster définitivement l’économie de la région, voire du pays », martèle avec passion Grégoire Poisson, directeur adjoint de ELAN RDC, avant d’ajouter : « Vous vous rendez compte que la RDC n’a exporté que 12 000 tonnes de café l’an dernier alors que certaines données évoquent des chiffres supérieurs à 120 000 tonnes dans les années 80 ! »

Avec plus de 200.000 petits cultivateurs principalement situés dans les hauts plateaux, la culture du café a, de fait, et malgré toutes les années de conflits armés, repris ses droits à force de conviction, d’appuis techniques, du soutien de plusieurs entreprises engagées dans le commerce équitable en Europe et du programme ELAN.

Avant de penser relance de la filière, ELAN a effectué un diagnostic profond des causes de la chute de la production. Entre la déchéance végétale (décré¬pitude des plantations), l’appari¬tion de maladies, connues ou non, la politique fiscale, la faiblesse de l’encadrement des paysans, l’absence d’agronomes sur le ter¬rain pour vulgariser les nouvelles techniques culturales — ou l’insuf¬fisance de leur matériel, tout sim¬plement —, les difficultés d’accès aux terres, l’insuffisance d’entretien des routes de desserte agricole, l’insécurité récurrente et la fraude aux frontières, sans oublier l’impossibilité pour un paysan d’obtenir un crédit de la part d’une banque commerciale pour reprendre l’activité, les défis à relever sont nombreux.

Autre problème, et non des moindres, la vente en fraude du café aux trois pays voisins (Ouganda, Rwanda et Burundi). De nombreuses entreprises ougandaises et rwandaises du secteur ont en effet installé leurs comptoirs des deux côtés de la frontière afin de récupérer le café produit en RDC. « Le problème est qu’elles le revendent sous le label de leur propre pays et non du nôtre, nous confie un connaisseur, mais il faut aussi comprendre les paysans… Expor¬ter officiellement est un casse-tête : là où on doit mettre sept jours avec l’État congolais, le fraudeur réalise toute l’opération en un seul jour, et à meilleur prix ! »

La balle semble donc, une fois n’est pas coutume, dans le camp des autorités provinciales sur cette épineuse question du trafic transfrontalier.

Faire connaître le café du Kivu aux acheteurs internationaux reste une des étapes indispensables. À cette fin, l’organisation du quatrième salon « saveur du Kivu » en juin dernier, en partenariat avec les autorités provinciales et nationales, permet la mise en valeur progressive d’un « excellent café, subtil, ni corsé, ni doux, aux arômes floraux et que l’on peut sans complexe placer dans la catégorie des grands arabicas africains comme le Moka Sidamo d’Éthiopie », aux dires des connaisseurs.

Gardons pour conclure tout l’optimisme de rigueur. La route est certes encore longue pour que le café congolais retrouve toute son aura internationale, mais grâce à ce travail mené par les acteurs sur le terrain, à la ferme volonté des paysans Kivutiens, au programme ELAN, une filière créatrice d’emplois et de richesses renaît de ses cendres, ou plutôt… de son marc.

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