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En RDC, la 6e Biennale de Lubumbashi revisite la cartographie du monde

La 6ème édition de la Biennale de Lubumbashi, intitulée Généalogies Futures, explore les possibilités de redessiner la cartographie du monde.
La 6ème édition de la Biennale de Lubumbashi, intitulée Généalogies Futures, explore les possibilités de redessiner la cartographie du monde. Étant l’un des sept pays africains traversés par l’équateur, le Congo revendique le plus long segment du parallèle sur le continent. Cela place la région non seulement au cœur de l’Afrique, mais aussi à l’intersection du globe, à l’intersection des hémisphères sud et nord. En affirmant cette position, la Biennale rejette le fantasme moderne du Congo en tant que « lieu sans importance à la périphérie de l’histoire culturelle », pour retrouver son profond enchevêtrement avec le monde et sa position centrale, passée et présente.Redessiner la cartographie du mondeLe concept de la Biennale est de prendre la ligne imaginaire de l’équateur non pas comme celle d’une démarcation – le majestueux fleuve Congo la dédaigne en la traversant deux fois – mais comme celle d’une imbrication. Au plus proche un lieu où la pesanteur terrestre s’allège et où les attractions magnétiques des pôles s’équilibrent, la latitude équatoriale ouvre des possibilités de récits qui répondent à d’autres boussoles, reconnaissent de nouveaux centres de gravité, et où des histoires dépolarisées peuvent se déployer. En même temps, une région où le soleil se lève et se couche plus vite que partout ailleurs, le rapide passage de la nuit au jour rappelle que la possibilité de renouvellement et de changement est toujours sur l’horizon. La Biennale souhaite explorer le paradoxe géographique d’être située dans une région où l’histoire continue d’être ancrée dans la profondeur des ressources de son sol, mais dont la position unique a aussi le potentiel de servir de modèle pour déraciner les perspectives établies.

Décloisonner l’histoire

S’inspirant de la notion de « décloisonnement » du philosophe Achille Mbembe (Écrire l’Afrique-Monde, 2017), la Biennale déplie la ligne équatoriale pour faire s’écrouler les paradigmes de centre et de périphérie, de « Nord » contre « Sud. » Comme l’a dit sans ambiguïté le penseur camerounais, « il n’y a pas une partie du monde dont l’histoire n’ait une dimension africaine, tout comme il n’y a une histoire africaine que comme partie intégrante de l’histoire du monde. » Cette édition de la Biennale s’efforce de cartographier ces liens et retracer ces généalogies d’une manière nouvelle. A l’heure où la restitution des œuvres d’art africain pillées est devenue une question géopolitique brûlante, et alors que les institutions muséales du monde entier sont appelées à procéder à leur « décolonisation, » l’art et l’image sont au cœur d’un changement dans la dynamique globale. La Biennale souhaite profiter de ce moment pour produire de nouveaux récits du passé et ré-imaginer une pluralité d’avenirs.

Sandrine Colard, directrice artistique de la 6ème édition de la Biennale de Lubumbashi

Docteure en histoire de l’art africain moderne et contemporain et enseignante à l’Université de Rutgers aux États-Unis, Sandrine Colard a poursuivi des recherches sur l’histoire de la photographie en République Démocratique du Congo. Elle s’intéresse notamment aux photos d’archives familiales de la période coloniale à la période post-indépendance. Pour la Biennale de Lubumbashi, elle propose de revisiter les usages locaux de la photographie au Congo, tant par la propagande coloniale que par les praticiens africains de l’époque. A partir de photos de familles congolaises, l’intégration des archives privées dans la réinterprétation du passé colonial du Congo permet de renverser et de remodeler les récits historiques dominants. Par opposition à la situation contemporaine qui voit encore trop souvent l’Occident détenir l’exclusivité du commentaire sur le passé colonial, cette exposition se veut un rapatriement de la discussion sur les régimes visuels coloniaux vers les communautés civiles et artistiques du Congo.

Du 24 octobre au 24 novembre 2019

www.biennaledelubumbashi.org

info@biennaledelubumbashi.org

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