Eurasian Natural Resources Corporation a encore annoncé de mauvaises nouvelles pour l’industrie minière congolaise déjà chancelante en déclarant début mars qu’elle supprimera au moins 1 300 emplois suite à l’effondrement des prix du cuivre.
Selon la société, les suppressions pourraient augmenter à 1 800 si les prix du métal rouge ne se rétablissent pas rapidement, et c’est précisément ce que prévoit le plus grand producteur de cuivre au monde, Codelco. D’après la société minière d’État chilienne, les prix du cuivre stagneront probablement à environ 2 $ à 2,10 $ par livre pendant au moins deux ans.
Si cette estimation s’avère exacte, ENRC — possédée par Eurasian Resources Group — pourrait étendre les suppressions d’emplois au-delà de son groupe Boss Mining et de sa société de sous-traitance Congo Cobalt, qui sont actuellement visées.
Du fait de l’effondrement des prix des matières premières depuis deux ans, plusieurs dizaines de milliers d’emplois dans le secteur minier ont été supprimés à l’échelle mondiale, depuis les exploitants de mines d’or en Afrique du Sud et d’aciéries dans la région du Midwest aux États-Unis jusqu’aux producteurs d’uranium en Australie et de minerai de fer au Canada.
Les fournisseurs et les prestataires de services à l’échelle mondiale ont été les premiers à en subir les effets et, jusqu’ici, ils sont les plus fortement touchés par la crise prolongée des matières premières. Le fournisseur d’engins de chantier Caterpillar Inc. constitue peut-être l’exemple le plus éloquent de l’impact sur les tierces parties des restrictions budgétaires auxquelles les sociétés minières ont dû recourir.
Il y a quelques années seulement, l’industrie minière représentait le secteur d’activité le plus rentable et le plus actif de Caterpillar. Lorsque les sociétés minières commandaient des engins, elles pouvaient s’attendre à un délai de livraison de 18 mois ou plus et à verser un paiement immédiat, sans disposer d’aucun pouvoir de négociation des conditions de la vente. Selon certaines rumeurs, les camions étaient même livrés dans pneus.
Aujourd’hui, l’industrie minière constitue le secteur d’activité le moins performant pour Caterpillar — ses activités dans les ressources ont en effet enregistré des pertes au cours du quatrième trimestre de 2015. Aujourd’hui, les sociétés minières qui commandent des engins auprès de la Caterpillar peuvent s’attendre à les recevoir en quelques semaines et même bénéficier d’offres en supplément, comme des contrats d’entretien.
Stupéfaction des entrepreneurs basés en Afrique face au choc de la chute des prix du cuivre
Le ralentissement de la demande en Chine a pratiquement réduit de moitié les prix du cuivre en deux ans, ce qui a bouleversé les économies de pays comme la Zambie et la République démocratique du Congo.
La RDC dépend du métal rouge, qui représente environ 98 % de ses revenus d’exportation. La nation, qui est le plus grand producteur de cuivre d’Afrique et le plus grand exploitant de cobalt au monde, a enregistré une baisse modeste de sa production en 2015, selon la Chambre des Mines du pays, en raison de la faiblesse des prix et de la suspension de la production pendant 18 mois dans l’unité de Glencore au Katanga, qui avait été annoncée en septembre.
Les entrepreneurs étrangers venus dans le pays au cours du boom minier ont déjà commencé à rentrer chez eux. De l’Afrique du Sud jusqu’au Sahara, d’autres économies africaines dépendantes des ressources sont confrontées à la même situation.
Après des années d’expansion fulgurante, le Nigéria, l’Angola et l’Afrique du Sud — dont les secteurs du pétrole, de l’or et du platine ont longtemps propulsé la croissance dans la région — sont enlisés dans des crises qui bloquent le développement et posent des difficultés croissantes aux gouvernements, qui sont à court d’argent.
Compte tenu de la situation actuelle, le Fonds monétaire international a réduit de 4,3 % à 4 % ses prévisions de croissance dans la région cette année et a réprimandé les représentants gouvernementaux pour ne pas avoir profité du boom des matières premières afin de créer des usines et des exploitations agricoles commerciales capables d’employer les 18 millions d’Africains qui entrent sur le marché du travail chaque année.
Le ralentissement de la demande persistera
L’an dernier, les prix du cuivre ont chuté de 25 % du fait de l’affaiblissement de la demande de la part de la Chine, le plus grand consommateur de métaux industriels. Ils se sont quelque peu rétablis cette année, atteignant 4 792 $ par tonne début mars, leur plus haut niveau depuis novembre 2015.
Toutefois, tant les analystes que les producteurs prévoient que les prix resteront bas. Freeport-McMoRan Inc., le plus grand producteur de métaux coté en bourse, a déclaré en mars que la demande de cuivre n’égalera pas l’offre avant l’année prochaine au plus tôt. Dans le cadre de la surproduction persistante, la société prévoit en outre que les prix n’augmenteront pas, et qu’il est peu probable que les fournisseurs décrocheront de nouveaux contrats.
Une amélioration de la situation d’ici à 2020 est anticipée, car aucune nouvelle mine n’envisage de démarrer des activités de production au cours de deux prochaines années.
L’un des autres points positifs pour l’industrie du cuivre est son rôle dans le secteur des composants électriques et des appareils grand public, dont on prévoit que la demande ne changera pas dans les économies qui ne se cantonnent pas à l’industrie lourde, comme la Chine.
Si l’intérêt du plus grand consommateur mondial de métaux se renforce, un rétablissement pourrait survenir plus tôt que beaucoup des plus grandes sociétés minières n’ont osé l’espérer.
Toutefois, un retour prochain du boom du secteur des métaux comme celui de la dernière décennie semble improbable.
Evelyn Murray