Pour le premier, vendre du cuivre et du cobalt est une meilleure affaire pour se désendetter que de vendre des actifs pétroliers. Pour le second, 2.65 milliards de dollars est une petite somme pour acquérir une nouvelle position dominante dans le marché du cobalt. Avec l’apport de TFM la Chine maitrise plus de 60% de l’affinage du cobalt mondial. L’air chinois est pollué notamment par les gaz d’échappement des voitures traditionnelles ; le cobalt est important pour l’avenir des batteries des voitures électriques. Celui qui maitrise la chaine d’approvisionnement du cobalt atténuera la pollution de l’air en Chine et maitrise l’aval, c’est-à-dire l’industrie mondiale des batteries. L’acquisition de TFM répond à cette double opportunité nationale et internationale.
Que doit faire la RDC ?
La Chine est dépendante à plus de 90% de la RDC pour son approvisionnement en cobalt. TFM est détenue à hauteur de 24% par Lundin Mining et 20% par la Gécamines. Légalement Lundin à la possibilité de surenchérir pendant 90 jours, jusqu’à début août ; la Gécamines a d’autres moyens et une action de souveraineté est engagée.
Mais dépassons ces manœuvres financière et posons la bonne question stratégique: que veut faire Kinshasa ?
Malgré elles, Kinshasa et Lubumbashi sont devenues des cartes maîtresses dans les mains de Pékin. La RDC doit-elle accepter d’être cette carte chinoise et exporter du minerai, ou bien peut-elle choisir d’industrialiser le pays en y créant des unités de transformation, par exemple, plutôt que d’exporter de la matière brute, avoir à Lubumbashi dans 10 ans des usines de batteries dont les capitaux pourraient être chinois ou d’autres nationalités ?
Contrairement à d’autres régions minières dans le monde, le cœur de l’Afrique dispose d’un immense potentiel d’électricité verte et d’une population qui est une promesse de futures grandes consommations de produits innovants. À ce titre il peut revendiquer d’être également grand transformateur industriel de ses minerais et notamment du cobalt. On a bien une idée, mais c’est à lui de décider.