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L’avis du stratège : Gécamines, rêve ou cauchemar ?

L’exemple historique d’un aboutissement de réflexion étatique sur l’utilisation des revenus des matières premières reste sans doute le discours de Thémistocle il y a 2500 ans lorsqu’il convainquit ces concitoyens d’Athènes de mettre en commun les richesses de la mine d’argent du Laurion pour financer 200 navires et vaincre l’envahisseur Xerxès à Salamine en -480. Ce fut le point départ de l’empire d’Athènes.

De nos jours des états producteurs de ressources naturelles (énergie, métaux, agroalimentaire) sont souverains sur un sol ou bien un sous-sol et ils disposent d’une Thèse, un mantra, un Plan National, qui guidera leur nationalisme des ressources, leur développement économique et leurs stratégies lorsque les matières premières exploitées appartiennent au patrimoine national et fusionnent avec l’identité des habitants. Cette construction architecturale n’existe pas en RDC.
Suivant les indications de cette Thèse des états producteurs sont parfois très peu engagés dans l’opérationnel de façon à ce que les champions nationaux accèdent aux marchés de capitaux privés internationaux et pour qu’ils gagnent en dynamisme. Au contraire, d’autres pays ont une Thèse plus dirigiste et gèrent eux-mêmes des entreprises nationales. Cette prise de pouvoir a en général lieu sous la contrainte du marché: les sociétés minières ou pétrolières nationales prendront la place de sociétés privées fragilisées par une baisse des prix, par exemple le cuivre en ce moment. Cependant, si la gestion opérationnelle de ces sociétés nationales veut conserver une efficacité elle utilisera les outils traditionnels et managériaux de l’économie de marché en général garantis par une participation de capitaux privés.

La Thèse, le Plan National de RDC devrait avoir pour mission d’organiser les futures stratégies et objectifs de ses acteurs nationaux parce qu’elle est un outil national. La Gécamines est parfaitement identifiée comme étant l’acteur minier national, on en devine les stratégies et elles évoluent fortement vers le marché, c’est positif. Il est toutefois regrettable que le penseur et sa Thèse à long terme qui devrait surplomber la Gécamines pour l’inspirer, pérenniser sa dynamique actuelle et ses volontés positives soient absents. Sans ce penseur du long terme, il faut craindre au fil du temps de constater l’érosion sans remplacement des volontés positives « gécaminiennes» actuelles. Sans ce penseur du long terme, l’avenir de l’entreprise nationale ressemblerait alors aux turpitudes de son passé.

Didier Julienne

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