Il y a quelques mois, l’américain Freeport McMoRan annonçait vendre la mine TFM au chinois China Molybdenum, mais la Gécamines s’y opposait et justifiait son action au titre d’un renouveau d’une stratégie minière nationale. Nous écrivions à l’époque dans Mining & Business N°9 que le nom de Gécamines fait autant rêver que sa réalité est un cauchemar.
Puisque la vente a été finalisée, assez logiquement l’homme de la rue s’attendrait à ce que la stratégie minière nationale de la Gécamines fut victorieuse et que le rêve continue.
Hélas, il semble qu’il n’en est rien. TFM vendue, Gécamines n’aura pris le contrôle ni de l’opérationnel, ni du marketing, ni de la finance et certainement pas de la politique des dividendes. Comme par le passé, Gécamines reste avec en main 20% de TFM. Est-ce un cauchemar ? On s’interroge en apprenant que pour trouver un accord une compensation financière aurait été versée à la Gécamines pour qu’elle se rétracte. Cette somme indéterminée servira-t-elle un rêve ou bien un cauchemar ?
Bizarrement, la configuration de cette opération rappelle une autre opération minière centrafricaine. En 2007 une junior canadienne vendait un projet minier de Centrafrique à un mineur français. Les autorités centrafricaines s’en étonnèrent car à aucun moment elles ne furent consultées. N’en ayant pas les moyens humains, elles n’eurent jamais l’ambition de prendre le contrôle de l’opération, mais elles protestèrent, puis dans un second temps elles autorisèrent la vente après semble-t-il que des requêtes financières eurent été acceptées. Mais, cette vente centrafricaine est à présent au milieu d’imbroglio judiciaires où se mélangent la Police Financière française, le FBI américain, des paradis financiers et fiscaux, des intérêts privés et nationaux…
Avec TFM, la RDC sera plus sinisée que par le passé. Donald Trump s’indignera-t-il de cette mutation Congolo-Américano-Canadienne en une progression chinoise sans pareil dans le cuivre et le cobalt katangais ? La guerre économique est partout et ses armes judiciaires dirigées contre la Chine se renforceront-elles dans les mains de Donald Trump ? À suivre.
Didier Julienne