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Agriculture et climat

Au moment où la 21e Conférence des Parties, la COP21 réunissait le monde entier autour de la question du changement climatique, la RDC, à l’instar des autres pays de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), a enregistré des pluies anormalement faibles pour la saison.
Au moment où la 21e Conférence des Parties, la COP21 réunissait le monde entier autour de la question du changement climatique, la RDC, à l’instar des autres pays de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), a enregistré des pluies anormalement faibles pour la saison.

Ces conditions défavorables qui sévissent dans la région, pour la troisième année consécutive, affectent considérablement les récoltes, notamment celles de maïs, denrée de base en Afrique australe.

L’épisode El Niño, particulièrement sévère cette saison, n’épargne pas l’ex-province du Katanga avec une saison des pluies retardée, un glissement dans la période des semis et des rendements qui s’annoncent bien inférieurs à la normale. Cela menace ainsi d’accentuer le délitement d’une filière maïs locale déjà en souffrance.

Le Katanga était importateur de maïs. La consommation annuelle s’élève à 1 500 000 tonnes alors que la production locale atteint péniblement les 600 000 tonnes. Une grande partie de cette production est destinée à l’autoconsommation, le reste étant commercialisé au prix du marché. Ce prix est libre et plafonne, aujourd’hui, à des niveaux qui mettent les producteurs locaux dans une situation financière déficitaire et donc, dans l’incapacité d’auto financer des gains de productivité et d’améliorer leur compétitivité par rapport aux voisins zambiens.

Selon les fournisseurs d’intrants de Lubumbashi, un net recul des ventes d’engrais est enregistré par rapport à l’année 2014. Cette situation est annonciatrice d’une diminution de la production locale et donc d’une aggravation du déficit de la balance commerciale de l’ex-province du Katanga par rapport aux autres membres des pays de la SADC. Tout ceci confirme les prévisions de rendements faibles et de réduction des surfaces consacrées à la culture du maïs pour la saison prochaine

Le regain d’intérêt des autorités congolaises pour l’agriculture et les nombreux plans de développement et autres programmes publiés dans la foulée, pour faire passer la province minière du Katanga du « cuivre rouge » au « cuivre vert », sont restés, à ce jour, lettre morte.

Dans un souci de promouvoir l’indépendance alimentaire et de se prémunir de la crise grave de sécurité alimentaire qui s’annonce pour la saison 2015-2016 du fait du dérèglement climatique, le Ministère national de l’Agriculture pêche et Elevage, a décidé d’accéder à une demande récurrente des fermiers émergents katangais: Le préfinancement de 11 500 hectares de culture du maïs dans l’hinterland minier. Le remboursement de ce financement se fera au moment de la récolte et en nature. Cela alimentera ainsi le nouvellement né, Fonds National pour le Développement de l’Agriculture – FONADA, qui a pour rôle l’appui au développement de l’Agriculture.

Cet accord, entre acteurs de la filière agricole et gouvernement, s’accompagne d’un volet « adaptation aux changements climatiques ». En effet, le professeur  Émile Mota, ministre de l’Agriculture, pêche et élevage, lors d’une rencontre avec une délégation de fermiers, début novembre 2015 a insisté sur l’importance de développer et vulgariser l’usage de semences de maïs résistantes aux effets du changement climatique.

Cependant, le retard pris dans l’exécution de cet accord public-privé hypothèque les bénéfices d’une telle initiative.  Comme l’exprime parfaitement maman Alphonsine : « je plante sans engrais au risque d’obtenir de faibles rendements, mais je ne peux plus me permettre d’attendre l’intervention du gouvernement ». En effet, pressés par le calendrier cultural, de nombreux fermiers se retrouvent dans une situation similaire.

De grands défis sont donc à relever pour l’agriculture katangaise. Des efforts considérables sont nécessaires pour assurer son adaptation à la nouvelle donne climatique et des investissements pour permettre la réalisation du potentiel économique du secteur agricole. C’est seulement de cette manière que les agriculteurs pourront rejoindre la classe moyenne. Et à cette condition, les risques d’insécurité alimentaire qui menacent la province pourront être circonscrits.

 

Source SCAK

Article publié dans Mining and Business n°4 – Janvier/Février 2016

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