in

L’onde de choc du conflit russo-ukrainien

Le 24 février, l’armée russe envahissait l’Ukraine.  L’offensive déclarée par le 2e exportateur mondial de Brut derrière les États-Unis et devant l’Arabie saoudite, n’a pas tardé à faire flamber les cours du pétrole, du gaz, et également du blé.

Le 24 février, l’armée russe envahissait l’Ukraine.  L’offensive déclarée par le 2e exportateur mondial de Brut, derrière les États-Unis et devant l’Arabie saoudite, n’a pas tardé à faire flamber les cours du pétrole, du gaz, et également du blé. Très vite, le baril de pétrole dépassait le seuil historique de 100 dollars, niveau jamais atteint depuis 2014. Le prix de l’aluminium qui est si précieux à l’industrie du bâtiment et de l’automobile s’envole.

Subissant une onde de choc significative, les Bourses européennes ont fortement chuté à l’ouverture, jeudi 24 février, quelques heures après le lancement par la Russie de l’offensive militaire dans l’est de l’Ukraine. À l’ouverture, Paris reculait de 4,19 %, Francfort de 4,39 % et Londres de 2,55 %. L’Euro Stoxx 50, indice européen de référence, perdait 3,52 % dans un très fort volume d’échanges. Les places asiatiques, elles non plus, n’ont pas été épargnées. Mais c’est à Moscou que le marché a plongé de plus de 30 % tandis que le rouble tombait à un niveau historiquement bas face au dollar.

L’onde de choc économique, à laquelle l’Europe fait face, a déjà des répercussions en Afrique. Les produites de premières nécessités comme le blé enregistrent des hausses de prix du Sénégal au Cameroun ; le carburant devient un sujet inquiétant, en RDC le ministre de l’Économie a été destitué pour la « montée vertigineuse des prix sur le marché. » 

Le retour progressif de la Russie en Afrique

Absente depuis la chute des régimes communistes en Europe, la Russie a entamé son retour en force sur le continent depuis quelques années. En conviant une quarantaine de dirigeants africains à Sotchi, lors du premier sommet Russie-Afrique, le président Poutine  a  marqué le retour en force de l’ancienne puissance communiste sur un continent dont elle s’était retirée,  laissant la place aux grands vainqueurs de la Guerre froide, et à la Chine. Vladimir Poutine avait promis de doubler dans les 5 ans à venir les échanges commerciaux avec l’Afrique évalués en 2018 à 17 milliards de dollars. Une bagatelle par rapport au volume de ceux de l’Europe (275 milliards de dollars) et de la Chine (200 milliards de dollars).

Pourtant, l’ex Union soviétique fut un acteur important sur le continent africain. Mais le début des années 1990 sonna le glas de la présence russe sur le continent.  La Russie figure au 6e rang des partenaires commerciaux de l’Afrique, après la Turquie et loin derrière la Chine. Le succès remporté par le président russe lors du premier sommet Russie-Afrique a notamment permis au Kremlin de sécuriser l’accès à certaines ressources minérales et énergétiques pour des entreprises russes comme Alrosa, Nornickel, Renova, Rusal. La contrepartie de la coopération bilatérale de la Russie est principalement technologique (construction de centrales nucléaires), sécuritaire (contrats d’armement, coopération militaire) et diplomatique (soutien au conseil de sécurité de l’ONU). L’objectif du maître du Kremlin est bien de rattraper son retard sur les Occidentaux et sur la Chine et de favoriser   son installation progressive, mais durable en Afrique. À la fin de sa tournée sur le continent en 2009, Dimitri Medvedev martelait : « Désormais, notre devoir est de rattraper tout ce qui a été perdu ». 

Pourquoi ce regain d’intérêt de la Russie pour le continent ?

Loin de disposer des ressources de l’époque de la grande Union soviétique, le redéploiement de la Russie en Afrique est complexe. Le positionnement de la Russie en Afrique subsaharienne répond à des besoins stratégiques, politiques et économiques. Igor Delanoe, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe à Moscou, soupçonne que les agissements de la Russie  en Libye et au Soudan  prouvent « que les Russes cherchent à se ménager un corridor géographique entre l’Afrique du Nord avec la Libye ou la mer Rouge avec le Soudan, vers l’Afrique centrale et la zone subsaharienne. » Pour autant, nombreux aujourd’hui sont les dirigeants africains peu convaincus par les résultats de leur coopération avec les Occidentaux, qui entendent changer les modèles de leur coopération bilatérale.

Le soft power du Kremlin en RDC 

L’intérêt pour la RDC de la Russie est bien réel. Lors du sommet de Sotchi, les autorités russes avaient affiché leur ambition de doubler, d’ici cinq ans, les échanges avec le continent. Selon les services économiques de l’ambassade de la République démocratique du Congo auprès de la Fédération de Russie, une dizaine d’entreprises russes ont leur ticket pour venir investir dans le pays. 

Parmi les contrats signés, celui de la société de chemin de fer russe RJD qui s’engage à investir dans le réseau ferroviaire de la RDC. Un contrat qui s’élèverait à “500 millions de dollars”, selon la présidence congolaise. United Wagon Company, fabricant des wagons pour le transport des marchandises, devrait accompagner le contrat, pour garantir l’augmentation de la capacité de charge et l’amélioration de la sécurité ferroviaire. 

Au titre des sociétés russes intéressées par le marché Congo, le Groupe GAZPROM qui est engagé dans des projets pétroliers et des ressources minérales à travers le monde, notamment en Afrique, Amérique du Sud, et dans le Moyen-Orient. Partout où il s’implante, GAZPROM se fait accompagner de sa branche financière GAZPROMBANK, pour sécuriser ses investissements sur le plan financier. La Banque VTB, la plus grande banque russe d’investissement, s’intéresse également à la RDC.

Dans le domaine de l’automobile, le constructeur automobile Ulyanovsky Avtomobilny Zavod (UAZ), fabricant russe des marques SUV UAZ, véhicules utilitaires légers et fourgonnettes. Il a acquis sa réputation en matière de défense dans de nombreux pays. 

KAMAZ qui fabrique des véhicules automobiles très robustes souhaite ouvrir une filiale en RDC de manière à produire pour l’ensemble de la population des véhicules made in RDC.  

BALDRAGA LTD est spécialisée dans les travaux de génie hydraulique, dans le dragage des canaux d’accès, des ports, etc. Elle possède également une expérience de dragage dans des projets tels que la construction de ponts et de gazoduc. 

Zarubezhneft Joint Stock Company est une société publique active dans la production de pétrole et de gaz depuis plus de 50 ans. 

Gaz International est le premier producteur russe de véhicules utilitaires : véhicules légers, camions poids lourd, autobus, moteurs et plus de 500 types de véhicules spéciaux. 

ALROSA spécialiste de l’extraction des diamants est le premier groupe mondial en termes de production. On peut citer également des sociétés comme Rossoboron Export, ROSATOM, RUSMEDLAB,  SKOLKOVO Et AFRICOM dont le représentant, Jean Ruiz, avait été reçu par la vice-ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévention, Mme Véronique Kilumba. Le cabinet de la ministre avait indiqué que leur discussion a porté sur la campagne et le programme de la vaccination anti Covid-19 en RDC. AFRICOM gère le Fonds Souverain de l’État russe qui distribue le vaccin ‘‘Sputnik’’.

Il ne fait aucun doute que la Russie entend développer sa présence économique et militaire en Afrique. Fort de son expertise dans des domaines d’activité ciblés, le président Poutine rejoue un scénario aux forts de relents de guerre froide. Dénonçant l’ordre mondial, cynique et pragmatique, le patron du Kremlin a entamé sa partie d’échecs pour ravir aux Occidentaux des partenariats historiques dénoncés par des chefs d’État africains las de recevoir des leçons de gouvernance.  Mais la question reste ouverte : la montée en puissance de la Russie est-elle une bonne nouvelle ? 

La rédaction.

 

M&B Magazine avait interviewé le russe Sergey STESHENKO, Directeur général de TZM dans son numéro 38. 

Retrouvez ICI tout l’entretien

 

Côte d’Ivoire : le gouvernement planifie le remplacement du blé par des farines locales

Malawi : dévaluation de 25% de la monnaie nationale, le kwacha