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Les coupures d’électricité coûtent 10 milliards usd par an à l’économie Congolaise !

Une commande ratée, un réseau à l’arrêt, une cathode cassée invendable, une facture non imprimée, du manioc impossible à moudre, toutes les petites et moyennes entreprises (PME) congolaises en sont victimes. Des remèdes durables existent pourtant. Certaines structures l’ont bien compris. Décryptage.

Les fourmis 

Sur le plan économique, quand on entend République Démocratique du Congo (RDC), on pense multinationales minières. Pourtant, la Banque Mondiale et la Banque Centrale du Congo indiquent que les bénéfices tirés de ce secteur représentent environ 15% seulement du produit intérieur brut (PIB) du pays. Par ailleurs, une étude du Bureau International du Travail reprenant les travaux d’une équipe menée par Meghana Ayyagari rapporte que les PME (formelles et informelles) pèsent 60 à 70% du PIB. Cela se sent intuitivement en RDC lorsqu’on observe le poids de la sous-traitance, du secteur des services et celui de l’informel. Les PME sont donc les véritables fourmis bâtisseuses de l’économie nationale. Une analyse de l’impact des coupures d’électricité suppose donc de mesurer leur incidence sur ces chevilles ouvrières du pays.

Denrée rare mais indispensable 

Si l’on devait établir la pyramide de Maslow des petites et moyennes entreprises en RDC, il est fort probable que sa base serait l’électricité. Denrée rare mais indispensable, les indicateurs nationaux la concernant sont connus : 9% d’accès à l’électricité sur l’ensemble du territoire et 1% en zone rurale. Ces chiffres sont le corollaire d’autres. Jusqu’à la mise en service des 150 mégawatts (MW) de la centrale de Zongo II en 2017, aucune unité de production nouvelle n’avait été installée sur le réseau en près de 40 ans. Dans le même intervalle, la population du pays a été multipliée par 3 et l’activité économique, mesurée par le PIB, par 6. Plus de personnes à alimenter en électricité, des attentes et un niveau de vie en hausse et une activité économique plus importante ont mené à un résultat sans appel : l’insuffisance du courant, en quantité et en qualité. Aujourd’hui, la capacité totale installée navigue autour des 2 500 MW. Une portion de ce chiffre seulement est effectivement disponible mais elle sera complétée par de nouveaux projets dont les barrages de Busanga pour lequel les travaux sont bien engagés.

Délestages, groupes et coûts 

Le développement de l’activité économique en RDC s’est traduit par une poussée vers une forme de décentralisation. C’est ainsi que des commerces, des agences de banques ou des opérateurs de téléphonie mobile sont implantés en zone rurale parfois sans être connectés au réseau électrique. Pour les villes ou pour les zones ayant un tissu d’entreprises alimentées par la SNEL, le défi se manifeste en trois syllabes : déles-tages. Dans les deux cas, pour palier au manque d’électricité, les opérateurs ont notamment recours aux groupes électrogènes. C’est une solution coûteuse et polluante. Prenons le cas d’un petit bureau de banque dans un quartier populaire urbain. Pour une puissance nécessaire de 20 kVA, ce coût se chiffre à environ 20 000 $ par an (amortissement de l’achat initial, dépenses en carburant et entretien). Le prix moyen du carburant en RDC ayant augmenté de 13% par an en moyenne depuis 2001 (il a été multiplié par 8), il va sans dire que recourir aux groupes électrogènes est par nature de plus en plus cher, et ce coût se répercute sur le consommateur final. Au bilan comptable, il faut rajouter la facture environnementale. Un tel dispositif émet environ 25 tonnes de CO2 par an, soit la pollution annuelle totale de 15 véhicules particuliers.

Des solutions économiques et durables 

Le tableau décrit précédemment n’est heureusement pas une fatalité. Les opérateurs économiques peuvent réduire considérablement l’impact environnemental et financier de l’instabilité ou de l’indisponibilité du courant électrique. Différentes options sont possibles en fonction des configurations et des capacités financières. Pour les zones non reliées au réseau électrique, des technologies de génération d’énergie renouvelable telles que les hydroliennes, les panneaux solaires ou les éoliennes sont envisageables. Dans les zones connectées au réseau, des modules hybrides dit « back-up » peuvent être mis en oeuvre avec des batteries. C’est le dispositif qu’a retenu la structure mentionnée précédemment. Il n’émet pas de CO2 et son coût d’opération annuel est nul. Une installation de 20kVA permet de gagner près de 1 500 USD par mois et l’initiative est sur le point d’être mise en œuvre sur l’ensemble du réseau d’agence. De manière générale, lorsque les réductions d’émissions de gaz à effet de serre sont substantielles, le recours à ces solutions vertes peut permettre aux entreprises d’obtenir des crédits-carbone commercialisables sur les marchés internationaux et ainsi bénéficier de revenus supplémentaires. C’est une manière pour elles de plonger pleinement dans la transition énergétique.

Stéphane Lumueno, gérant d’Energy Origination Company SARL (Enorco)

Enorco est une société écoresponsable opérant dans le domaine de la transition énergétique en apportant son expertise d’ingénierie à la réalisation de projets innovants, de la conception à l’exécution en passant par la production d’études.

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