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Le baril de pétrole américain coûte moins cher qu’une pizza

La rédaction de M&B a choisi cette semaine de partager avec vous « Le baril de pétrole américain coûte moins cher qu’une pizza  »  un édito du 25 avril 2020,  de notre expert

La rédaction de M&B a choisi cette semaine de partager avec vous « Le baril de pétrole américain coûte moins cher qu’une pizza  »  un édito du 25 avril 2020,  de notre expert Stéphane Lumueno, Enorco. Un texte publié en exclusivité dans le numéro 30 de M&B Magazine.

 

Stéphane Lumueno, Enorco 

Enorco est une société éco-responsable opérant dans le domaine de la transition énergétique en apportant son expertise d’ingénierie à la réalisation de projets innovants, de la conception à l’exécution en passant par la production d’études. 

 

Cela pourrait être l’accroche d’un western-spaghetti, mais c’est bel et bien la réalité en ce lundi 20 avril 2020. Passé sous la barre des 15 USD peu après l’ouverture, le premier contrat à terme (Futures) de pétrole West Texas Intermediate (WTI) échangé sur le New York Mercantile Exchange (NYMEX), atteint son niveau le plus bas depuis 1999. À l’époque, la menace du bug de l’an 2000 créait une psychose kafkaïenne. Aujourd’hui, le COVID-19, lui, n’est pas une chimère, son impact est d’une brutalité absolue. A la fermeture, le contrat vaut -37 USD : le pétrole en territoire négatif pour la première fois, bien loin de son maximum historique de février 2008 (140 USD par baril). Les détenteurs de ces obligations arrivant à expiration ont dû payer des acheteurs pour se débarrasser de leurs stocks, les cuves des terminaux de livraison de Cushing étant pleines. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, le président américain décide dans la foulée du rachat de 75 millions de barils de pétrole qui seront injectés dans la réserve stratégique (de larges cavernes de sel aménagées pour l’entreposage sous-terrain du pétrole). 
 
Comment en est-on arrivé là ? Le marché du pétrole s’est effondré suite aux désaccords entre l’Arabie Saoudite et la Russie et à cause de la baisse de la demande mondiale du fait de la pandémie. Mais à la différence du Brent, indice de référence produit offshore en Mer du Nord, le WTI est enclavé dans les terres étatsuniennes. L’interdiction fédérale sacrée d’exporter du pétrole américain datant du premier choc pétrolier de 1973 a été levée depuis 5 ans environ. Pour le commercialiser à l’international, il faut l’acheminer jusqu’aux ports. Ces contraintes logistiques couplées à l’abondance des schistes bitumineux indexés sur le WTI ont été fatales à l’or noir américain. Le pétrole brut congolais lui, bien que subissant aussi le choc de demande mondial, sera moins frappé que le WTI. Du point de vue géographique, il est plutôt indexé sur le Brent et il est directement disponible sur l’océan Atlantique, à Muanda. Dans un contexte de prix internationaux bas dans l’immédiat et hauts dans le futur (marché en contango), l’idée pour les producteurs de brut est de stocker maintenant pour vendre plus tard. En revanche, pour les importateurs et distributeurs congolais, l’opportunité se présente de tirer parti des prix nationaux des produits pétroliers encadrés à la vente par arrêté ministériel.
 
En 2016, le président du Rockefeller Brothers Fund disait que si John D. Rockefeller était en vie, le fondateur de Standard Oil, souvent cité comme l’américain le plus riche de l’histoire, saisirait les opportunités dont regorge le secteur des énergies renouvelables. La Solar Energy Industry Association et une récente enquête du Financial Times montrent que depuis un certain temps, le Texas, véritable Mecque du pétrole américain, se réinvente en champion de l’énergie solaire : 6 milliards USD investis, 4 Gigawatts (GW) installés et 13 GW prévus dans les 5 prochaines années. La consommation d’électricité de source solaire y a augmenté de plus de 400% en trois ans et, cette année, l’état accueillera 25% de la capacité solaire totale supplémentaire à installer aux Etats-Unis. Confiné, on peut se passer de pétrole, mais pas d’électricité. Voilà, s’il en fallait par les temps qui courent, une incitation supplémentaire à la réflexion (et à l’action).

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