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Baraka Kabemba, Partner Consulting Leader for Central Africa Ey Consulting

« La crise sera d’autant plus virulente dans les pays producteurs de pétrole avec des pertes colossales en termes de recettes d’exportation pétrolière. »

Comment analysez-vous la crise économique actuelle ?

Il faut appréhender les conséquences économiques de cette crise par rapport à l’analyse conjuguée des chocs de l’offre et de la demande. On peut anticiper une forte contraction des recettes d’exportation car les pays développés auront du mal à importer les matières premières. 

En Afrique, le déficit d’infrastructures est un handicap majeur, si on rajoute à cela les barrières tarifaires et non tarifaire, il en résulte un frein énorme à l’intégration et la fluidité des échanges interpays, sans évoquer les conflits persistants et l’instabilité politique. Les investissements étrangers se rarifient mécaniquement. Des pénuries et une crise alimentaire pourraient donc frapper l’Afrique, et une crise sociale persistante ferait aussi irruption. La crise sera d’autant plus virulente dans les pays producteurs de pétrole avec des pertes colossales en termes de recettes d’exportation pétrolière.

Quelles peuvent en être des conséquences directes pour la RDC?

Dans le cas de la RDC dont l’économie est peu diversifiée et qui dépend des industries extractives, les impacts du confinement et des mesures pour lutter contre la propagation du covid-19 (sont perceptibles presque immédiatement. A cela il faut anticiper l’effondrement progressif des flux de trésorerie transmis par la diaspora au pays, et dont une grande partie est injectée directement dans l’économie informelle et donc qui soutient aussi le pouvoir d’achat de la population. La contraction du niveau de production et de transformation locale (qui est déjà faible) et la contraction (à prévoir) des importations de bien de premières nécessités pourrait engendrer des pénuries et une crises sociale importante.

Qu’est ce qui va changer, d’après vous, après Corona Virus?

Cette crise démontre qu’aucun pays dans le monde, et ce, quel que soit le modèle, n’était préparé à encaisser un tel choc. Néanmoins, la crise a mis en évidence l’incroyable résilience des peuples à travers le monde. Il est donc possible d’opérer une transition écologique à l’échelle planétaire en quelques mois. La moitié de la population mondiale, soit près de 4 milliards de personnes ont accepté de renoncer à certaines libertés fondamentales pour le bien de l’humanité. Il apparait clairement qu’un certain nombre de paradigmes doivent être revus : 

• La nécessité d’un nouveau contrat social pour renforcer la résilience des pays face aux crises de cette envergure 

• La nécessité d’accélérer la révolution technologique, car plus que jamais l’inclusion numérique et digitale est devenue un enjeu critique pour la continuité des activités

 • La réflexion pour une révolution industrielle autour de l’économie de la vie : la santé, la mobilité, l’environnement, l’agro-industrie écoperformance, la gestion des déchets et l’hygiène, les villes et cités écoperformantes, la recherche, la production d’énergie propre etc. 

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