Le forum annuel d’affaires, Sultani Makutano, qui a traditionnellement lieu début septembre, est reporté aux 4 et 5 décembre prochains pour cause de pandémie. Partenaire média de l’événement, M&B a rencontré Nicole Sulu, sa fondatrice, pour avoir la primeur de ce que nous concocte le premier business network de RDC.
Nicole Sulu bonjour, un mot sur la crise sanitaire que nous traversons, et sur ses impacts en RDC?
Il est clair que, comme partout dans le monde, le choc a été brutal pour notre pays, mais permettez moi de ne pas sombrer dans le pessimisme et de ne retenir que les enseignements de cette crise…
Je vous en prie…
Avec la crise, nombre de repères et de certitudes sont mis à mal. Je pense en particulier au fait qu’on en était presque arrivés à considérer que l’économie prime sur l’humain. Or, les événements ont remis les choses en perspective. Ce petit rappel des priorités était devenu nécessaire ! J’estime aussi que la RDC et l’Afrique ont ici une formidable opportunité pour revisiter leurs partenariats économiques et stratégiques extérieurs. Ce qui est vrai pour les autres continents à ce niveau l’est encore plus chez nous. Je pense notamment à notre hyper dépendance à la Chine. Enfin, cette crise doit nous inciter à interroger les options de développement qui sont aujourd’hui sur la table en Afrique et à aller vers plus d’échanges et de solidarités au sein du continent.
Le Forum annuel du Makutano, qui a toujours lieu en septembre, est repoussé à décembre…
Oui, en effet. Le Makutano a aujourd’hui une dimension internationale forte et nous accueillons des personnalités du monde économique et politique de toute l’Afrique et au-delà. Il est primordial de protéger la santé de tous et il nous a donc semblé plus prudent d’attendre un retour à une certaine normalité des mobilités internationales pour garantir la sécurité sanitaire aux participants au forum.
L’option séminaire digital n’a pas été envisagée?
Si, bien entendu, et une partie des panélistes sera très probablement en plateau via des connexions numériques. Mais quoi que l’on en dise, le business se fait aussi autour de la relation humaine, de la convivialité, et le Makutano est d’abord un forum d’affaires. Je tiens par ailleurs à préciser que nous proposons d’ores et déjà les webinaires Makutano autour des sujets économiques ou sociétaux
Quel sera le fil rouge thématique de cette sixième édition?
Notre projet initial était d’analyser en profondeur les notions d’interdépendance de la RDC et de l’Afrique avec le reste du monde. Ce sujet est plus que jamais au centre du débat international. Nous allons donc y consacrer une partie du forum. Les grands axes de développement liés à la transition écologique et à la mise en place de modèles durables adaptés à nos économies et à nos cultures africaines seront également au menu. Je pense notamment aux enjeux liés à l’agriculture durable, à l’appropriation des NTIC dans nos administrations ou à l’intégration de nos jeunes dans les circuits économiques. Et enfin, la RDC va prendre la présidence de l’Union africaine en 2021. Avec les bouleversements géostratégiques et économiques liés à la crise, elle endosse une responsabilité historique. Il nous semble important d’en discuter.
Je crois savoir qu’un focus sur la création de champions industriels congolais est également dans le pipeline…
On ne peut rien vous cacher ! Il faut en effet que nous puissions comprendre pourquoi nous ne fabriquons pas de géant de la finance, du commerce ou de l’industrie en RDC, contrairement à ce qui se passe dans beaucoup de pays d’Afrique. Au-delà des idées reçues, il nous faut analyser cela en profondeur, en disséquant notamment la problématique de l’absence d’un marché des capitaux. Il faut de toute urgence favoriser l’émergence de ces capitaines d’industrie, chers à Mandela et qui restent une des pièces maîtresses du développement du continent.
Propos recueillis par Fabrice Lehoux
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