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Le monde de demain du Professeur Camille Kuyu

Le Professeur Camille Kuyu a sorti son dernier ouvrage le jour de l’indépendance de la RDC. Les sujets sont Félix Tshisekedi et la nouvelle

Le Professeur Camille Kuyu a sorti son dernier ouvrage le jour de l’indépendance de la RDC. Les sujets sont Félix Tshisekedi et la nouvelle gouvernance. Entretien.

MB : Bonjour, Professeur, pouvez-vous vous présenteren quelques mots?

Prof. Camille KUYU : Mon nom est Camille Kuyu. Je suis né à Léopoldville, au Congo belge. J’ai fait une partie de mes études au Congo, jusqu’à la licence en philosophie. Je suis arrivé en France en 1986. J’ai été admis à la Sorbonne où j’ai obtenu successivement un DEA de philosophie, un DEA d’études africaines (anthropologie du droit), un DESS de Sciences politiques (Développement et coopération), un doctorat en droit, et une habilitation à diriger des recherches. J’ai terminé toute cette série d’études en 1993. J’ai ensuite enseigné à cette même université pendant 15 ans. En dehors des cours, j’ai dirigé une vingtaine de thèses de doctorat en droit et plusieurs dizaines de mémoires de Master. Avec la suppression progressive des études juridiques africaines à la Sorbonne, je suis passé à l’Université Paris Sarclay où j’enseigne encore aujourd’hui. J’ai aussi des enseignements à l’Université Paris 5 (René Descartes) et à l’Université de Lille. Parallèlement, je suis président du Conseil d’orientation de l’Institut Afrique Monde, une association de droit français avec statut consultatif à l’UNESCO et à l’OIF. Je suis marié et père de trois enfants. Mon épouse est d’origine haïtienne. Mes enfants ont fait une partie de leurs études en Afrique, précisément au Sénégal où j’étais professeur à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest. J’ai enfin travaillé comme consultant international ou professeur des universités au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, au Congo (RDC), en Côte d’Ivoire, en Guinée Conakry, en Haïti, en Mauritanie, et au Tchad.

Quel est votre regard sur le «monde de demain» en RDC?

Notre souhait à nous tous pour la RDC est que demain soit dans le meilleur du monde. Il faudrait vraiment que les choses se remettent en place. Dans mon dernier livre qui va paraître dans quelques jours, j’essaie d’expliquer qu’au lendemain de son indépendance le Congo se portait beaucoup mieux. Le premier gouvernement du Congo a hérité de la Belgique un pays qui était debout et doté d’infrastructures bien développées. Le Congo, en 1960, n’avait rien à envier à des États qui sont devenus aujourd’hui des puissances. Je pense à la Corée du Sud. C’est progressivement que la situation du pays s’est dégradée à partir de plusieurs facteurs, jusqu’à arriver à une situation où tous les index internationaux la placent à la queue: 166ème rang sur 180 pays notés pour l’indice 2019 de Transparency International ; 183ème rang sur 190 pays notés dans le classement 2019 Doing Business ; 179ème sur 189 pays notés pour l’Indice du Développement humain 2019, pour ne citer que ces trois index. Tout cela montre que la RDC va mal. Donc, nous ne pouvons que souhaiter qu’elle remonte un peu. Je souhaite que la RDC de demain soit meilleure que celle d’aujourd’hui.

Pensez-vous que le procès de Vital Kamerhe est l’acte fondateur d’une nouvelle justice en RDC?

Tel est vraiment notre souhait. Au-delà du procès, de la personne et de sa position, nous espérons tous que le Congo devienne vraiment un État de droit, et démocratique. Nous espérons que cette lutte engagée contre les antivaleurs va se poursuivre, et que d’autres crimes économiques seront aussi jugés. Je ne pense pas qu’on va s’arrêter à ce procès. Car, le peuple congolais affirme de plus en plus son attachement à l’état de droit. Je pense qu’avec la volonté politique et l’éducation à la citoyenneté on peut aller beaucoup plus loin. C’est ce qu’attend la population. Si cela s’arrêtait là, ce serait comme si on n’avait rien fait. Ce procès-là peut justement marquer le début de cet État de droit auquel le peuple congolais aspire. Je ne commente pas le procès en lui-même. De nombreuses personnes l’ont déjà fait. Mais ce qui m’intéresse, ce n’est pas comment l’instruction et le jugement se sont passés, mais comment la justice est en train de renaître dans ce pays, et comment la population est en train de se rapprocher de l’institution judiciaire et d’en faire un allié dans sa quête de la démocratie et de l’État de droit. Voir qu’un juge convoque une personnalité, que celle-ci réponde à la convocation, et qu’elle est effectivement poursuivie, c’est un changement considérable ! Donc, évidemment, je souhaite que cela se poursuive.

Vous avez évoqué très brièvement votre livre. Pourriez-vous nous en parler?

J’ai effectivement écrit un livre qui a pour titre « Félix Tshisekedi, un Leadership vertueux pour un Nouveau Congo ». J’assure un enseignement à Lille intitulé « l’Afrique en émergence ». À travers ce cours, j’essaie de montrer à mes étudiants que ce ne sont pas seulement les richesses potentielles du sol ou du sous-sol qui peuvent emmener un pays à l’émergence, mais plutôt la qualité du leadership politique. Pourquoi la Malaisie avance rapidement, alors que beaucoup de pays d’Afrique  qui ont le même potentiel qu’elle en ressources naturelles ne progressent pas voire reculent ? Tout simplement parce qu’en Malaisie, il y a un leadership vertueux ! Ce qui fait la différence entre les États c’est la qualité de leur leadership ! Je ne pense pas que le Congo pourra émerger en comptant simplement sur ses matières premières. Je pense plutôt que ce qui peut faire émerger la RDC, c’est le leadership vertueux… Un vrai retour aux vertus. 

Mais pourquoi ce livre? 

J’ai suivi un entretien du Président Félix Thisekedi sur TV5. Vers la fin de l’entretien, la journaliste Laurie Fachaux lui a demandé quel mot français l’intéressait le plus en sa qualité de Chef d’État du plus grand pays francophone du monde. Il a répondu amour. Il a dit qu’avec l’amour, on a le partage, le pardon, le bonheur. Bien sûr, personne n’a pas retenu cela de cet entretien. Je me suis dit, voilà un Président qui parle de l’amour, donc qui essaie de valoriser les vertus. C’est quelqu’un qui peut arriver justement à bien gérer ce pays.

C’est donc comme cela que l’idée de ce livre a germé?

Oui, je me suis mis ensuite à lire tous les discours et messages du Président et je suis arrivé à cette conclusion que c’est quelqu’un qui a choisi un autre chemin pour arriver au développement de son pays : le chemin de la vertu. Il valorise certaines valeurs comme la compassion, le pardon, l’amour et bien sûr la foi. Je me suis rendu compte que c’est un Président qui a beaucoup de foi. Je pense que la foi produit des vertus, tout en étant elle-même une vertu (théologale). Comme fruits de la foi, les vertus sont essentielles pour sauver l’économie et transformer la société en profondeur. Je me suis dit qu’en mettant en avant ce côté vertueux, le Président Félix peut arriver à sortir son pays de sa situation actuelle. Mais attention, il faudra pour y arriver que la classe politique et la population dans son ensemble lui emboitent le pas. Car, si lui-même est vertueux et que dans son entourage on ne retrouve pas des personnes vertueuses, cela ne sert à rien !

Quand sort votre livre?

 Mon livre sort officiellement le 30 juin de cette année, un peu pour marquer le soixantième anniversaire de l’indépendance du Congo.

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