Le monde entier est depuis décembre 2019 confronté à la crise due à la pandémie à Coronavirus (COVID-19) qui continue de paralyser plusieurs secteurs d’activités suite au confinement, moyen avancé par les experts de la santé publique comme efficace pour limiter la propagation rapide du virus et ainsi permettre à mieux le maitriser. Cette mesure est à la base du ralentissement sinon de l’arrêt du commerce international observé se traduisant par une crise économique brutale avec des chutes drastiques de toutes les bourses.
À ce sujet, dans son rapport du 10 juin 2020, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a alerté que la pandémie à coronavirus a provoqué la récession économique la plus grave jamais observée depuis près d’un siècle. Pour cette raison, le FMI (Fonds Monétaire international), prévoit une contraction de 3% de l’économie mondiale.
Les crises et les récessions financières sont pourtant reconnues depuis toujours comme étant fatales pour le secteur minier dans le monde. Il y a lieu d’en déduire ici qu’avec la COVID-19, il sera davantage vulnérable. Cependant, une étude conduite par l’équipe de Mining de PwC sur les 40 grandes compagnies minières du monde (Top 40) en juin 2020 sur la résilience et l’ingéniosité du secteur minier face aux effets de la pandémie à COVID-19 démontre le contraire.
D’après cette étude, le secteur minier n’est pas du tout affecté par cette crise sanitaire provoquée par ladite pandémie. Pour preuve, au moment où beaucoup de multinationales à travers le monde ont eu à reporter le paiement des dividendes pour préserver leurs liquidités, cette étude ressort que les Top 40 continuent à payer les leurs comme d’habitude à l’exception de certaines entreprises minières telles que Glenconre, FeeportMcMoran et Sumitomo Metal Mining Company qui ont annoncé des reports ou des réductions des dividendes déclarés (les dividendes par les Top 40 ont augmenté de 25% pour se situer à 55 milliards de dollars US). De plus, d’autres comme par exemple Vale, Agnico Eagle et Kinross ont même profité de cette situation pour tirer des lignes de crédit supplémentaires bien qu’étant en bonne situation financière afin de renforcer leurs réserves de liquidité et ainsi faire face à la tempête COVID-19 d’une part et soutenir leurs stratégies de croissance d’autre part.
Cette stabilité financière observée sur les entreprises minières à travers le monde remet incontestablement en question plusieurs vérités de longue date concernant l’exploitation minière. Dans son étude, l’équipe Mining de PwC « met en évidence les facteurs suivants comme moteur de la résilience du secteur minier dans le monde face aux effets de la pandémie à COVID-19 :
• une légère fluctuation des cours des métaux: les prix des métaux sur le marché international n’ont pas été significativement influencés par l’avènement de la Covid-19 bien que pour certains, les prix ont chuté jusqu’à près de 10% comme par exemple le cas du Cuivre, Nickel et Zinc ; tandis que d’autres ont connu une augmentation tels que l’or et les minerais du Fer ;
• une chaine d’approvisionnement soutenue : absence de rupture de stocks de matières premières, pièces de rechange stratégiques et autres intrants (acide sulfurique, réactifs, etc.) grâce à l’acquisition sur les marchés locaux;
• une bonne maîtrise de la politique de sécurité interne qui a permis de mettre rapidement en œuvre des contrôles visant à contenir la propagation de virus et continuer à opérer. C’est ainsi que par rapport à des nombreux autres secteurs, l’industrie minière a réussi à traverser la première phase de la crise relativement indemne ;
• un recours aux opérations numériques par la robotisation et l’automatisation des multiples process ainsi que le télétravail ont également contribué à réduire les effectifs du personnel sur le lieu de travail avec comme avantage le désengorgement des sites miniers et la réduction du risque de contamination. Toutefois, une attention particulière doit être accordée à la lutte contre la cybercriminalité qui n’est pas souvent intégrée dans le système de gestion de beaucoup d’entreprises minières. Selon cette étude, seul 12% des chefs d’entreprises s’intéressent aux problèmes de cyber sécurité contre 21% en 2018 et 14% en 2019.
• un recours aux opérations numériques par la robotisation et l’automatisation des multiples process ainsi que le télétravail ont également contribué à réduire les effectifs du personnel sur le lieu de travail avec comme avantage le désengorgement des sites miniers et la réduction du risque de contamination. Toutefois, une attention particulière doit être accordée à la lutte contre la cybercriminalité qui n’est pas souvent intégrée dans le système de gestion de beaucoup d’entreprises minières. Selon cette étude, seul 12% des chefs d’entreprises s’intéressent aux problèmes de cyber sécurité contre 21% en 2018 et 14% en 2019.
• la construction et le renforcement de la confiance avec les communautés locales parfois déjà perdue : les entreprises du Top 40 ont exceptionnellement pendant cette période de la pandémie manifesté le souci de la construction et du renforcement de cette confiance par d’énormes contributions qui varient entre 20 et 140 millions de dollars US selon les entreprises en guise de soutien direct au social de ces communautés
La survie inespérée constatée au niveau de Top 40 du secteur minier face à la pandémie à COVID-19 se confirme étonnement en République Démocratique du Congo où le secteur minier a toujours été fortement frappé par les différentes crises économiques mondiales.
A ce jour, les sociétés minières œuvrant en RDC pour la plupart sont restées opérationnelles malgré la crise générée par la pandémie à COVID-19, évidement avec moins d’activités d’investissements, priorité étant accordée à la production. Elles ont démontré qu’elles peuvent innover, s’adapter et faire face de la plus belle manière à cette crise qui pourrait être persistante. Cette capacité à approvisionner l’avenir reste pertinente vu qu’elle constitue le fondement même du maintien jusqu’à présent de la légère stabilité économique du pays dans la mesure où une part importante des recettes d’exportations provient de l’activité minière.
Par ailleurs, dans la résilience face aux effets du COVID-19, un certain parallélisme dans les moyens d’action peut être dressé à différents niveaux entre les compagnies du Top 40 et les compagnies minières œuvrant en RDC dont certaines sont leurs filiales :
• les sociétés minières en exploitation résistent mieux à la crise résultant des effets de la COVID-19 ;
• la contraction des investissements est observée au niveau local suite à la crise avec comme corollaire la suspension des activités de beaucoup de sociétés minières en phase de prospection et développement, exceptées certaines détenant des projets très rentables, comme Kamoa SA par exemple;
• la reconnaissance et la validation par les Directions de Ressources Humaines du travail à distance (télétravail) comme moyen permettant à certains employés de prester chez eux dans le but de réduire les effectifs sur le site et par voie de conséquence la contamination;
• la reconsidération et le recours à l’expertise locale : il sied toutefois de signaler que les compagnies minières œuvrant en RDC doivent investir davantage dans la formation des ressources humaines locales pour se passer de l’expertise de certaines ressources dont la disponibilité devient de plus en plus hypothétique avec cette propension des pandémies dans le monde et les confinements qui s’en suivent ;
• le soutien surprise des compagnies minières aux industries et petites et moyennes entreprises locales pour une chaine d’approvisionnement sans rupture garantie ;
• la valorisation et le renforcement de l’expertise sur la sécurité interne permettant de mettre rapidement en œuvre des contrôles visant à contenir la propagation du virus et continuer à opérer.
En conclusion, les sociétés minières de la République Démocratique Congo devraient tirer profit de leur position actuelle de stabilité financière pour asseoir au mieux leurs acquis et envisager une intensification collective des comportements et des disciplines. Ces mesures leurs permettront de renforcer leur résilience à moyen et long terme et de répondre aux demandes de l’économie mondiale afin de maximiser les opportunités de ressources pour l’avenir post-COVID-19. Ainsi, il est impérieux, le moment venu, d’évaluer quelles stratégies sont réellement efficaces et nécessitent d’être codifiées pour se préparer aux futurs événements perturbateurs.
Jean Jacques MUKULA
Partner Assurance| Sub-Saharan Francophone Africa
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Joseph MUKOZI
Manager Assurance| Sub-Saharan Francophone Africa
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