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30 villages pour une gestion durable de la forêt de Miombo

La République Démocratique du Congo possède la 6e zone forestière au monde. Cela représente le quart de la forêt en Afrique. En plus de la forêt équatoriale, le pays compte également les forêts de Miombo situées dans la région du Grand Katanga. Selon Global Forest Watch, en 15 ans, la RDC a perdu 6 % de la superficie de ses forêts. Les causes principales sont l’agriculture paysanne, la production du charbon de bois et la technique du brulis. Et pour y faire face, le gouvernement congolais appuyé par la FAO a initié il y a trois ans un projet de « Gestion communautaire des forêts de Miombo ».

L’exploitation artisanale des forêts de Miombo au Katanga et leur régression se sont intensifiées ces dernières années suite à l’accroissement de la demande du charbon de bois comme source d’énergie. Selon une étude publiée en 2008 par un groupe d’experts congolais et belges, la ville de Lubumbashi consomme plus 800 tonnes de makala par an soit une déforestation de 1 000 hectares chaque année !

GESTION DURABLE DE LA FORÊT

Sensibilisées par la déforestation irrémédiable, plus de 11 000 personnes des villages du Katanga sont engagées dans la gestion durable de leur forêt et la restauration des écosystèmes. Ces populations réparties en trente communautés vivent des ressources forestières pour leur alimentation, leur santé, leur approvisionnement en bois d’énergie ou bois d’œuvre. Grâce à ce projet, ces villages doivent gérer plus de 200 000 hectares de la forêt de Miombo.

La stratégie adoptée est la création des zones forestières au profit des communautés locales comme prévu par la législation congolaise, la mise en place des comités locaux de gestion et l’élaboration des plans simples de gestion des forêts. Constantin Kautu, vice-président du comité de gestion au village Katanga, une des communautés engagées dans ce processus nous explique : « Nous avons constaté que la situation devenait difficile. Notre forêt disparait jour après jour. Elle est envahie par des exploitants qui viennent de Lubumbashi ou Likasi. C’est pour cela que nous avons décidé d’assurer la protection de notre seule richesse. Nous sommes allés voir le Chef du village et nous avons demandé une concession forestière. Le chef nous l’a accordée. Ensuite, nous avons été formés par la FAO et ses partenaires. Maintenant, nous avons des brigadiers et des pépiniéristes. Nous récupérons les semences sauvages et nous faisons des pépinières pour reboiser notre forêt. » Pour mieux gérer leurs ressources, les habitants du village Katanga ont réparti la forêt en différentes zones d’exploitation. Chacune est dédiée à un usage particulier, explique Jean Mankumbwa Shemu, chef du village : « Il y a une portion qui constitue la réserve. Ici, nous conservons les arbres qui existent et nous reboisons les endroits complètement défrichés. Et là, la coupe est strictement interdite. Nous avons une autre partie destinée à l’agriculture. Enfin, il y a la zone où on peut procéder à l’abattage pour faire par exemple du charbon de bois, mais dans le respect des règles. Aujourd’hui, notre communauté sait qu’elle ne peut plus exploiter la forêt n’importe comment. »

ACCOMPAGNEMENT DU PROJET

Pour l’heure, la FAO pilote une vingtaine des communautés de la région du Katanga dans ce projet. Les résultats sont prometteurs. Innocent Ombeni, chef ad intérim du sous-bureau FAO à Lubumbashi donne des précisions :

La FAO a tout d’abord accompagné le gouvernement congolais dans la rédaction de ce programme qui devait répondre aux problèmes de déforestation identifiés dans la zone autour de la ville de Lubumbashi. Il y a ici trois grands moteurs de déboisement 1. L’agriculture sur brulis 2. Les feux de brousse 3. La production du charbon du bois.

COMBIEN DE COMMUNAUTÉS SONT-ELLES CONCERNÉES PAR LE PROJET?

La cible du premier jet était de 50 communautés pour 80 000 hectares à gérer. Mais avec la revue à mi-parcours du projet, il a été décidé de revoir à la baisse le nombre à 30 et à la hausse les superficies à mettre sous gestion soit 150 000 hectares. Avec les 23 premiers villages que nous avons accompagnés jusque-là, nous sommes déjà autour de 200 000 hectares placés sous gestion communautaire. Donc, la cible en termes de superficie sera de plus de 100 % de succès pour le projet.

DES SOLUTIONS ALTERNATIVES AU MAKALA

Les experts en environnement sont d’avis que l’évolution démographique en République démocratique du Congo particulièrement dans les centres urbains et l’impact écologique des activités humaines nécessitent une gestion durable des ressources disponibles. Pour le professeur Jean Pierre Ndjibu, de l’observatoire du changement climatique en Afrique Australe, l’une des solutions alternatives à la consommation du charbon de bois est l’augmentation du niveau d’accès de la population des villes à l’énergie électrique. Selon l’atlas hydraulique de 2014, 30 % de la population en milieu urbain ont accès à l’électricité contre 1 % en milieu rural. Soit une moyenne d’environ 9 % des citoyens de RDC…

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