La République Démocratique du Congo, l’un des pays les plus riches de la planète, doit surtout sa réputation à son sous-sol très fertile en minerais, et aimantant sans fin la convoitise aiguë de plusieurs « grandes puissances ». Les autres secteurs d’avenir ne manquent pas, à l’image de l’industrie agraire, de l’élevage ou des énergies renouvelables. Mining & Business met en lumière trois entrepreneurs brillants et précoces, dans les domaines cités. Ces visages se veulent aussi l’espoir de toute une jeunesse dans un état, où le taux de chômage excède les 40 % (BIT).
Manitech Congo : la révolution du « made in Congo »
De la frustration à la réussite, un pas, souvent, suffit : l’engagement. Le parcours de Sivi Malukisa, leader de Manitech Congo, peut en attester. Cette femme diplômée en biologie moléculaire a tout naturellement bifurqué vers la transformation des produits locaux avec les moyens modestes dont elle disposait à ses débuts. Mme Malukisa se servait alors d’ustensiles de cuisine, et testait des parfums et des fruits.
Aujourd’hui, Manitech Congo se laisse décrire comme un modèle de réussite. Cette firme à taille humaine, comptant une vingtaine d’employés, propose trois types de produits à une clientèle locale très diversifiée : des confitures, des pâtes à tartiner et des sauces. Pour ce type d’entreprises, les écueils affluent, pourtant. D’après Sivi, elles vont de l’accès à la matière première jusqu’à l’emballage. Des infrastructures précaires paralysent, de plus, la chaîne d’approvisionnement. En dépit de cela, Manitech Congo voit surtout les immenses opportunités que lui offre ce vaste marché de plus de 80 millions d’âmes. La start-up compte travailler avec 300 collaborateurs, et répondre aux besoins de la classe moyenne congolaise.
Sivi Malukisa se veut le porte-voix du « made in Congo ». Selon elle, Manitech Congo prouverait qu’on peut aboutir à des produits de haute facture, pouvant rivaliser avec les importations. L’ambitieuse cheffe déplore cependant le fait que 40 % de son public cible préfère encore des denrées ou objets venus d’ailleurs. Enfin, Malukisa entend aussi promouvoir l’émancipation de la femme congolaise, trop longtemps bridée. À ses yeux, on pourrait parfaitement concilier les fonctions de mère et d’entrepreneure !
GBA : le visage d’une jeunesse déterminée
De la République démocratique du Congo à la Belgique en passant par l’Afrique du Sud, Alexandre Kayumba ne s’est pas ennuyé. Aujourd’hui, à 27 ans, ce Congolais très précoce dirige plusieurs entreprises. M. Kayumba se lança en 2014, après avoir démissionné de la First Security, qui appartenait à son père. Alexandre, le bien nommé, jeta son dévolu sur la distribution de produits pétroliers. Au départ, son capital se réduisait à la modique somme de 1000 dollars. Avec un peu de chance et beaucoup de flair, le conquérant se diversifie très vite. La fabrication de glaçons, la location de matériels sonores, la restauration rapide, la finance ou encore l’exploitation minière viennent de sorte s’ajouter à son champ d’action.
Cinq ans plus tard, le groupe d’Alexandre Kayumba emploie 350 personnes et génère plusieurs millions de dollars. Lorsqu’on s’enquiert de son secret, Alexandre Kayumba aime insister sur sa capacité à cerner les besoins de son marché. La mise en place de NS Energy résulte ainsi de deux questions clés : « Que trouve-t-on facilement à un prix onéreux ? » et « Pour quels produits rares pourrait-on payer très cher ? ». Ce fut une louable intuition, la seule NS Energy rapportant 6 millions de dollars en 2018. Loin de s’en contenter cependant, M. Kayumba ambitionne déjà de donner vie au 2e réseau de stationsservice 100 % congolais, grâce à sa nouvelle société Alexandre World ltd, fondée à Dubaï. En plus, l’hyperactif entrepreneur compte encourager les projets de ses pairs à travers un fonds particulier.
Les briquettes d’Ornella : un trésor dans la poubelle
La RDC peut s’enorgueillir de la diversité de sa flore autant que de ses ressources minières. Au vu des derniers recensements de la FAO, le pays abriterait plus de 10 531 espèces végétales. Cet écosystème se trouve hélas en danger. La FAO indique qu’environ 311 000 hectares de forêts congolaises disparaissent chaque année. Le charbon de bois provoquerait, entre autres, ce désastre.Ornella Aosa a très tôt perçu ses conséquences néfastes. En réaction, cette jeune biochimiste, diplômée de l’université de Kinshasa, conçoit des briquettes de charbon à base de déchets ménagers. Elle déclare avoir eu du mal à convaincre les populations rurales, qui tiraient profitj:. « Mais nous avons su bâtir un modèle économique qui tient compte de cette contrainte », conclut-elle fièrement.
Même si la crise due à la COVID-19 a freiné la mise sur le marché de ces briquettes, l’entrepreneure assure que leur vente commencera au début de l’année 2021. « Nos études nous promettent un chiffre d’affaires annuel de 300 000 dollars durant les cinq premières années », confie-t-elle avec un soulagement sincère. En effet, Ornella Aosa a dû faire face à la lenteur administrative, à des politiques de financements quasi inexistants, ou à des infrastructures insuffisantes. Sa résilience a cependant payé. Afin de galvaniser ses consœurs découragées, elle rappelle la phrase d’Henry Ford : « Les obstacles sont ces choses que vous apercevez lorsque vous détournez les yeux de vos objectifs ».
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