Soumis à des essais cliniques concluants, le protocole BELA-UNILU 20, conçu par le professeur Michel Balaka-Ekwalanga et son équipe de l’Université de Lubumbashi (Unilu), aurait largement fait la preuve de son efficacité contre le covid-19. Il aura néanmoins fallu près de six mois pour que soit donné le feu vert aux essais cliniques et pour qu’il soit validé. Fin novembre dernier, il ne restait plus qu’à appliquer ses bienfaits à l’ensemble des malades du pays. Mais les fonds pour financer le traitement tardent à venir, bloquant le lancement du protocole à l’échelle nationale. Au delà de ces lenteurs qu’il déplore, c’est la question du manque de reconnaissance de la recherche scientifique africaine et de ses chercheurs qui interpelle le Pr. Ekwalanga.
Makanisi : Vous avez présenté votre protocole BELA-Unilu 20 à Lubumbashi lors d’une conférence de presse. Qu’en est-il aujourd’hui de sa mise en œuvre ?
Michel Balaka-Ekwalanga : Le protocole BELA-Unilu 20 a été présenté à Lubumbashi en février 2020, lors d’une conférence de presse tenue à l’Unilu. Je suis allé ensuite le présenter, à Kinshasa, au ministre de la Santé, à celui de l’Enseignement supérieur, à la Commission d’éthique, à la Commission scientifique et au Comité Multisectoriel de la riposte à la pandémie du COVID-19 en RDC. Toutes ces autorités nous ont autorisés à faire des essais cliniques. Mais comme il n’y avait pas encore de malades dans le pays, elles m’ont proposé de revenir à Kinshasa lorsque des cas se présenteraient. Je suis donc retourné à Lubumbashi.
Quand avez-vous pu commencer les essais cliniques ?
En avril 2020, la RDC enregistrant ses premiers cas de covid-19, je suis retourné à Kinshasa avec mon équipe. Mais nous avons dû attendre que le Comité de riposte nous désigne des centres pour commencer nos essais cliniques. Ce n’est qu’en octobre que nous avons enfin pu les faire.
Quels étaient les profils des malades ? Quels ont été les résultats ?
Tous les malades que nous avons soignés ont été testés positifs (test PCR) au covid-19 par l’Institut national de recherche biomédicale (INRB). Nous avions deux sites pour traiter les 120 malades que nous a envoyés l’Institut : l’un à Kinshasa, soit une centaine de cas, et l’autre à Kolwezi, qui compte des appareils PCR. Parmi les malades, il y avait des asymptomatiques. Les autres cas, les plus nombreux, présentaient toute la panoplie des signes cliniques de la maladie : toux, fièvre, courbature, problème respiratoire dont deux cas de détresse respiratoire aigüe. Certains étaient en échec thérapeutique avec le protocole chloroquine. Nous les avons tous soignés pendant cinq jours. À la fin du traitement, des tests de contrôle ont été réalisés à l’INRB. Tous les malades étaient guéris. Fin novembre, nous avons fait une restitution de nos travaux à l’Hôtel du Fleuve, à Kinshasa, en présence notamment des ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur.
Quelle est l’originalité du protocole Covid-19 ?
Notre approche consiste non pas à s’attaquer au virus mais à booster le système immunitaire pour que celui-ci soit capable d’éliminer le virus. Quand il est attaqué par un virus, notre corps produit des interférons. Ce sont des molécules antivirales, qui tuent le virus. C’est pourquoi nous avons mis dans notre protocole des interférons de type 1 que nous avons couplés avec de la chloroquine et des antioxydants. La chloroquine que nous utilisons est destinée à orienter la réponse immunitaire dans le sens de l’immunité à médiation cellulaire. Les antioxydants, qui sont composés de dix vitamines, servent à empêcher le stress lié à la maladie. Notre protocole a une double approche : il est à la fois préventif et curatif. Selon l’approche, on donne des interférons alpha ou gamma. Les interférons gamma stimulent les cellules cytotoxiques dont le rôle est de tuer le virus. {…}
Où, à Lubumbashi, où vous habitez et exercez, ce traitement est-il mis en œuvre ?
Nous n’avons pas encore pu le mettre en œuvre à Lubumbashi, faute d’intrants. Nous avions des intrants, qui ont été financés par des dons extérieurs, pour soigner environ 200 malades. Nous avons laissé ce qui restait à Kinshasa. À Lubumbashi, nous ne pouvons donc pas soigner les malades.
Par Muriel Devey
Malu-Malu
www.makanisi.org
6 janvier 2021
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