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Que faut-il attendre de la coopération USA/RDC sous Joe Biden?

Depuis le 20 janvier 2021 et l’arrivée à la maison blanche du président Joe Biden, les États-Unis et la République Démocratique du Congo

Depuis le 20 janvier 2021 et l’arrivée à la maison blanche du président Joe Biden, les États-Unis et la République Démocratique du Congo ont affiché la volonté de donner une nouvelle dimension à leurs relations. 

L’urgence climatique, Joe Biden dans les pas d’Obama

À l’occasion de la cérémonie d’investiture du nouveau président, un diplomate américain déclarait que la priorité serait de «redorer le blason» des USA après le marasme des années Trump. Le pays de l’oncle Sam s’était attiré de nombreux détracteurs, tant sur la scène internationale que dans le cœur des Africains. Pour se désolidariser de son prédécesseur, Biden a déjà resigné l’accord de Paris sur le climat. Cette décision provoque une intensification de la coopération entre les deux pays dans ce domaine. Ceux-ci ont récemment affiché leur commune volonté de conjuguer leurs efforts dans la préservation du bassin du Congo considéré comme le «second poumon» du monde : «l’administration Biden s’est engagée à lutter contre le changement climatique et à coopérer avec la République Démocratique du Congo pour protéger la forêt tropicale du bassin Congo. On ajoute un autre P – “préservation” à notre Partenariat Privilégié pour la Paix et la Prospérité, PP4PP», confiait SEM Mike Hammer, ambassadeur des États-Unis près la RDC le 26 mars 2021 au sortir d’une audience avec le président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso. Le prochain sommet des 22 et 22 avril 2021 sur le climat organisé par les États-Unis sera l’occasion pour les deux pays de définir les politiques communes dans ce sens.

Le bassin du Congo a perdu près de 20 millions d’hectares depuis l’année 2000, soit environ 10 % de sa superficie (230 millions d’hectares) selon le dernier rapport de l’ONG WWF France. Une catastrophe davantage due à l’action des petits exploitants que des multinationales. 

AGOA : Le grand retour de la RDC 

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont pris du plomb dans l’aile depuis décembre 2010 et la suspension de la RDC de l’African Growth Opportunity Act (AGOA) par l’administration Obama suite à des allégations de violations de droits de l’homme par les forces de sécurité. Le pays a été réintégré dans l’accord le 22 décembre 2020. Il fera alors son grand retour lors de la prochaine édition de l’AGOA prévue pour le second semestre de l’année en cours aux États-Unis. Quant aux États-Unis, l’essentiel de ses importations de la RDC tient au pétrole (90 %). Les deux pays sont désormais engagés dans la voie d’une diversification et d’une intensification de leurs échanges commerciaux estimés à ce jour à ce jour à seulement 100 millions de dollars US par an. Plusieurs pistes de coopération sont inclues dans le Partenariat Privilégié pour la Paix et la Prospérité (PP4PP), parmi lesquelles le soutien à l’entrepreneuriat féminin et au secteur privé par exemple.

Défense/sécurité : le talon d’Achille d’une coopération controversée

Le secteur de la défense et de la sécurité reste le point d’achoppement d’une coopération de plus en plus décriée sur le plan national. En effet, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer une certaine duperie que dissimulent les nombreux accords de défense signés avec l’occident sans toutefois produire des résultats probants. L’insécurité persistante dans l’est du pays dans la région du Kivu démontre la faillite de ces accords de défense. Récemment, les États-Unis ont signé un protocole d’accord de coopération militaire. Seulement, cet accord part avec une lacune, celle de se focaliser sur des domaines techniques à usages civils et militaires plutôt que sur une expertise exclusivement militaire : «le risque d’une formation exclusivement militaire qui pourrait être détournée au profit des groupes armés existe et est bien réel», reconnaissait une source proche du dossier.

Pourtant, les autorités américaines tentent tant bien que mal de prouver leur bonne foi. Récemment, le dossier de l’implantation de la base de l’AFRICOM en RDC qui piétinait depuis des années pour cause de réticence du gouvernement de l’ex-président Joseph Kabila a été remis sur la table. Les nouvelles autorités plus conciliantes ont dû céder face à la menace terroriste qui désormais vient s’ajouter au climat d’insécurité qui régnait déjà dans l’Est. En effet, le 10 mars 2021, le département d’État reconnaissait officiellement les forces démocratiques alliées (ADF) très actives dans le Nord Kivu comme un groupe terroriste affilié à Daesh.

Au-delà des discours politiques, la coopération entre les deux pays n’offrira, somme toute, pas ou peu de champs d’opportunités innovants. Aussi, de l’avis de nombreux experts, l’Afrique n’entre pas dans les priorités de la politique étrangère de la nouvelle administration américaine.

Par Michée Dare pour M&B Magazine

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Edito de Mining and Business Magazine N°36

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