Bonjour madame la présidente, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis l’honorable Jacqueline Bisimwa Murangaza, Propriétaire de la Société “STEPHY-MONDO” où j’assume la fonction d’Administrateur des sociétés. Dans le cadre de mon engagement pour l’émergence d’un entrepreneuriat responsable dans notre pays, j’ai adhéré comme membre auxiliaire dès sa création en mai 1993 et ensuite deux ans plus tard comme membre effectif à l’association des femmes chefs d’entreprises de la RDC, « ASSOFE », une fois mon entreprise mise en place. À ce jour, j’occupe respectivement les postes de Présidente nationale de l’ASSOFE et de la Plateforme de l’entrepreneuriat féminin en RDC: « PEF/ RDC » . Au niveau national, je suis directrice Pays du Mouvement panafricain de Madame Graca Machel « NEW FACES NEW VOICES » pour l’inclusion financière des femmes africaines et Présidente régionale du réseau africain de soutien à l’entrepreneuriat féminin en Afrique Centrale, « RASEF-AC » au niveau africain. Je suis également Vice Présidente Afrique au Bureau de l’Association Mondiale des Femmes Chefs d’Entreprises mondiales, en sigle « FCEM », une organisation mondiale membre observateur des Nations unies au niveau international. Nous y représentons l’Afrique au nom de toutes les organisations nationales féminines africaines qui y siègent avec celles de tous les continents. Au niveau de mon pays, grâce à ma position au sein de l’ASSOFE, j’ai pu mettre en place la plateforme de l’entrepreneuriat féminin en RDC, « PEF/RDC » . Cette structure regroupe toutes les associations féminines du secteur privé congolais et sert de cadre d’échanges et de concertation à toutes les femmes chefs d’entreprise, entrepreneurs, commerçantes, etc.
Quelles sont les actions fortes que vous avez mises en œuvre dans votre organisation, leurs impacts sur votre environnement économique ? Et en quoi ces actions fortes que vous avez menées ont-elles transformé la vie des personnes de votre communauté, des femmes ?
C’est difficile d’énumérer tout ce que j’ai déjà fait jusqu’ici mais dans mon parcours il y a quelque chose qui rend mon engagement pérenne. À l’ASSOFE, il y a deux catégories de membres : les membres effectifs qui ont des entreprises formalisées et les membres auxiliaires qui n’en ont pas encore. Je suis de cette catégorie de personnes qui avaient des projets mais, qui ne les avaient pas encore matérialisés. L’ASSOFE m’a donné deux ans pour le faire, j’étais adhérente depuis la création en 1993. Et en 1995, j’ai pu mettre en place l’entreprise que j’avais créée formellement. Lorsque je me suis retrouvée à la tête de l’ASSOFE, ma priorité était d’aider toutes les femmes qui y étaient déjà affiliées et les membres auxiliaires, celles qui étaient dans le secteur informel et qui avaient des projets à mettre en œuvre. Je les ai accompagnées pour monter leurs propres entreprises. La chose qui m’encourage à continuer est que la femme aille vraiment de l’avant. Vous savez que lorsque vous quittez l’informel vers le formel , vous créer les richesses et de ce fait, vous contribuez directement à la croissance économique du pays parce vous payez les taxes, les impôts et vous engagez les gens en les faisant sortir du chômage. C’est qui est très important pour aider notre pays à atteindre son développement et le bien-être de sa population.
Avec mon entreprise, je suis arrivée à faire comprendre à nos membres que l’activité industrielle était salutaire pour notre pays alors que nous avons des problèmes pour l’importation des biens pendant cette période de la pandémie de Covid 19. Aujourd’hui, l’industrie locale n’est certes pas très développée mais c’est un secteur qui donne du travail et contribue même à l’amélioration des conditions de vie. Avec les rencontres que nous avons tant au niveau national qu’international, nous avons influencé par exemple la mise en place du guichet unique pour la création des entreprises dans notre pays.
Avant, c’était le parcours du combattant. Il fallait presqu’une année pour créer une entreprise. Nous avons fait des plaidoyers auprès du gouvernement et nous avons aujourd’hui un guichet unique pour la création des entreprises. En une semaine on peut avoir son entreprise. Un établissement ou une S.A.R.L. Nous avons participé à des réunions du secteur privé et nous avons fait des propositions qui sont acceptées à différents niveaux dont la principale pour le moment est un projet de la création d’un guichet unique fiscale. Vous savez que dans notre pays, d’aucuns se plaignent de tracasseries administratives que connaissent les opérateurs économiques particulièrement les femmes chefs d’entreprise. Nous croyons qu’avec ce guichet unique fiscal à l’instar de celui qui est déjà une réalité au niveau de la douane, vous pouvez dédouaner vos marchandises en peu de temps. Ce qui permettra aux opérateurs et opératrices économiques de s’acquitter de leurs taxes en un seul endroit et mettre ainsi fin considérablement aux tracasseries administratives.
Le fait d’être la seule africaine élue au niveau mondial aujourd’hui dans l’organisation mondiale des femmes chefs d’entreprises, « FCEM » fait que nous sommes une sorte de locomotive pour toutes les africaines qui sont membres de cette importante association mondiale qui pilote l’entrepreneuriat féminin. Voilà ce je peux dire globalement pour éviter d’entrer dans trop de détails. Il y d’autres réalisations mais celles que je viens d’énumérer ont un impact non seulement pour ma société, mais aussi pour la communauté.
Selon vous, quel est l’apport d’une femme dans l’entreprise ? Les femmes et les hommes avons les mêmes capacités mais aussi nos différences. Alors par rapport à ces différences-là, qu’est-ce que la femme peut apporter dans l’entreprise et de quelle manière la femme peut-elle faire progresser la transformation de sa société ou de sa communauté ?
Une femme qui est consciente du rôle qu’elle joue dans son entreprise commence par prôner les valeurs positives, une éthique. C’est pourquoi il y a moins de corruption dans les entreprises dirigées par les femmes. Ensuite, vous verrez que ces entreprises fonctionnent de manière transparente. Nous avons constaté à travers les enquêtes que beaucoup de femmes qui ont leurs propres entreprises sont confrontées à des difficultés, des préjugés liés à nos coutumes , à l’environnement culturel , socio-économique et politique que vous connaissez et qui souvent ternissent son image, qui laisse entendre que les femmes ne construisent pas, alors que c’est faux et archi faux. Elles sont obligées de faire trois fois plus pour être acceptées et s’imposer par rapport à leurs partenaires de sexe masculin. Je pense alors qu’une différence importante le côté humain incarné par la femme. Elle ne maltraite pas ses employés comme nous le voyons dans beaucoup de sociétés ici, où dans des sociétés dirigées par des expatriés, quelles que soient leurs origines, qui viennent traiter des nationaux comme si c’était des esclaves. Comme vous devez bien le savoir , il n’y a pas mal des plaintes à ce sujet. Lorsqu’une femme est à la tête d’une entreprise, il y a moins de conflits, parce qu’elle est directement impliquée dans la gestion courante de son entreprise. Elle veille à la manière de travailler de ses employés parce que les ressources humaines sont les piliers de la réussite d’une entreprise. Quand elles sont mal gérées, l’entreprise va tout droit vers la faillite. Évidemment, la formation est également importante. Pas seulement la formation scolaire ou universitaire parce qu’il y a des femmes qui gèrent très bien leurs entreprises sans être allé sur le banc de l’école. Je les appelle des « self-made women » . Je prends toujours l’exemple de madame FIELIE CHIBI CHA BENE , une femme commerçante de la génération de ma mère qui a commencé le business très jeune. C’est un modèle de femme entrepreneur à suivre, pour nous et pour les jeunes qui ont des projets et veulent se lancer dans les activités entrepreneuriales.
Nous avons des statistiques qui nous prouvent que lorsqu’une femme contracte une dette, elle la rembourse à 95% dans le temps qui lui est imparti. Dernièrement, j’ai vu de jeunes dames qui avaient créé leurs entreprises. Il faut voir la détermination dans l’engagement qu’elles ont pour que leurs entreprises arrivent très loin. Je les ai vues se mobiliser après la formation. Là, je parle de femmes de l’ASSOFE que je salue en passant madame Fanny LWAMBA avec toute son équipe, elle qui est la présidente de l’ASSOFE du Haut-Katanga. J’ai vu comment elles étaient surtout aux fronts, à la recherche des solutions pour développer leurs entreprises ; il y a cette volonté de réussir. En plus, elles le font de façon spontanée parce que c’est dans leur instinct, parce que ce sont des mères habituées à gérer leurs ménages et même leurs maris. C’est cette expérience que les femmes apportent dans leurs entreprises. Ce sont des opératrices économiques exceptionnelles. Je leur dis qu’elles sont fortes et que seules elles sont invisibles, alors qu’ensemble elles sont invincibles. C’est pour cette raison que j’exhorte les femmes chefs d’entreprise d’adhérer seaux selon leurs secteurs d’activités comme l’ASSOFE.
Madame la présidente, merci.
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