M&B a rencontré le nouveau DG AI qui a pris les commandes de la compagnie, en juillet dernier. Conversation en plein vol.
Pourriez-vous nous présenter le nouveau pilote dans l’avion ?
Je m’appelle Pascal KASONGO MWEMA. Je suis marié et père de six enfants. Je suis un professionnel de l’aviation avec 32 ans d’expérience en qualité de commandant de bord. Je suis un passionné, j’aime les challenges. Et pour ce challenge, je suis reconnaissant au Chef de l’État et au Chef du gouvernement, pour cette nomination au poste de Directeur général de Congo Airways. Je souligne cela parce que c’est assez rare de faire un choix technique dans les moments difficiles que nous traversons, de prendre un fils de la maison avec ses qualités de spécialiste
Quel est votre parcours ?
Je suis pilote depuis 32 ans, j’ai eu un parcours international. J’ai commencé dans ce que l’on appelle le VIP, pilote à la Gécamines. Puis j’ai migré vers le privé pour voler pour des compagnies comme Shabair, Zaïre express, Zaïre Airline. J’ai ensuite poursuivi ma carrière en Afrique du Sud, avant de me retrouver en Belgique où j’ai été recruté comme commandant de bord pour la compagnie Sabena jusqu’à sa faillite en 2001. Cette même année, j’ai été redirigé vers une structure nouvelle qui s’appelle aujourd’hui Brussels Airlines. Enfin, j’ai volé au Moyen-Orient, précisément au Royaume de Bahreïn où j’ai été pilote du roi de Bahreïn de 2005 à 2015.
Vous avez donc fait du Very VIP ! Cela se termine en quelle année ?
En 2015. Cela va me donner l’occasion de découvrir l’Asie, l’Europe de l’Est. Un parcours très intéressant. En 2015, j’étais au Bahreïn lorsque le projet de la création de Congo Airways se met en place. J’ai été contacté par le ministre de transport à l’époque pour participer au démarrage de cette société. C’est ma petite pierre à l’édifice Congo.
Congo Airways a connu quelques turbulences et l’ancien pilote a été débarqué. Quelle est votre feuille de route pour la compagnie ?
La mission de Congo Airways est double. Nous avons un grand pays que nous devons servir, avec un déficit d’infrastructures. Nous devons le désenclaver. Notre vocation est de contribuer à l’essor économique de la nation, car les mouvements des biens et des personnes sont vecteurs de développement.
Aussitôt nommé, vous avez reçu un cadeau du gouvernement : les nouveaux prix fixés et une concurrence accrue. Quel est l’impact pour la compagnie ?
Évidemment, ce sont des défis qu’il faut relever… En 2018, Congo Airways a transporté 400 000 passagers avec un chiffre d’affaires de 80 millions de dollars pour une population de 80 millions d’habitants. On a donc transporté 0,5% de la population et 99,5% sont restés sur le tarmac. Lorsque vous diminuez le tarif du billet, vous permettez donc à une tranche de la population congolaise de pouvoir voyager. Cela devient une opportunité. Pour moi, la concurrence, c’est Ethiopian et Kenyan. Nous partageons aussi un espace aérien commun avec certaines compagnies qui, elles, ont choisi de servir seulement certaines destinations. Au moment où nous parlons, elles ont décidé de bouder sept aéroports congolais. Nous, nous ne pouvons pas les ignorer, car nous avons la mission de servir tous les Congolais. Par conséquent, nous allons couvrir ces destinations. Cela devient une opportunité parce que le volume augmente même si l’assiette de revenus diminue, c’est une économie d’échelle et donc une opportunité.
Quelle sera votre stratégie ?
Nous devons d’abord corriger toute une série d’erreurs que nous avons commises en tant que société. Nous avons oublié de nous comporter comme une société commerciale alors que le service client ou la qualité du service devraient être nos priorités. Durant cette période de Covid-19, aucune compagnie aérienne sur la planète Terre n’a pu se vanter d’avoir fait des bénéfices. Désormais, nous allons être très exigeants dans notre nouveau modus operandi. Voilà notre stratégie.
À propos des partenariats stratégiques, avez-vous déjà quelques pistes ?
Vous savez que le Congo est un pays attrayant, qui est déjà désservi par six ou sept compagnies aériennes, y compris Air France, Turkish Airlines ou Ethiopian Airways.
Si toutes ces compagnies servent nos aéroports, c’est qu’elles y trouvent quelque chose ! Il existe des partenaires stratégiques avec qui nous pouvons, en l’absence de conflit d’intérêts, trouver des arrangements.
Un dernier mot ?
Nos concurrents ont simplement étudié nos faiblesses. Nous, nous allons nous regarder droit dans le miroir et corriger toutes les erreurs commises par le passé afin de mieux rebondir.