Vice-gouverneur de Zoé Kabila lors de son passage à la tête du Tanganyika entre 2019 et 2021, Mony SAMBA KAYABALA l’a remplacé après sa destitution en mai dernier. À quelques semaines de l’élection du nouveau gouverneur, le Mutabwa de Moba brandit son bilan de gouverneur ad intérim et révèle ses ambitions pour sa province natale. Droit dans ses bottes, il se range du côté de Félix Tshisekedi tout en voulant perpétuer l’héritage du travail déjà accompli. Grand entretien.
Depuis juin 2021, vous êtes Gouverneur ad intérim au Tanganyika. De quoi êtes-vous le plus fier, s’il faut dresser un bilan ?
Le point fort de mon bilan est d’abord la sécurité. Que ce soit dans la province du Tanganyika ou dans la ville de Kalémie. Ensuite, c’est la continuité dans la réhabilitation des infrastructures de notre province. Par exemple, les travaux du barrage de Bendera permettront de passer d’une fourniture en électricité de 8,6 MW à 17 MW. En 2022, nous sommes sûrs de lancer le nouveau Bendera, sachant que les contraintes liées à la pandémie ont ralenti la livraison de certains matériels. Nous avançons sur le Port de Kalémie, celui de Moba et les routes comme Manono-Kalémie ou le pont de Niemba. Cela va permettre aux populations d’être mieux ravitaillées. Depuis peu, nous avons aussi inauguré le stade de Kalémie, une infrastructure importante pour nos jeunes afin promouvoir le sport et ses valeurs. En tant que vice-gouverneur, j’étais responsable de l’administration. Nous avons restructuré l’administration publique et nous avons réorganisé l’administration financière. Nous avons réhabilité les infrastructures de la province et même fait venir certaines institutions comme le guichet unique Sidonia ou le ferry au port de Kalémie.
Les effets de votre politique au Tanganyika sont-ils visibles ?
Oui, nous avons amélioré le climat des affaires dans notre province. Différents investisseurs congolais, africains ou européens sont plus facilement venus dans la province pour nous aider à industrialiser le Tanganyika. C’est une province agro – pastorale qui a des ressources dans presque tous les domaines : agriculture, élevage, pêche, tourisme et même l’exploitation minière. Toutes ces ressources en grande quantité sont industrialisables.
Vos détracteurs vous reprochent vos liens avec Zoé Kabila. Qu’en dites-vous ?
Ce n’est pas une question d’amitié, c’est plutôt une question où chacun fait son travail, doit faire son travail.
Comment en êtes-vous venu à accepter les responsabilités de vice-gouverneur ?
Ce sont des responsabilités que j’ai assumées sans que personne ne m’y pousse. Je suis dans la province du Tanganyika depuis 2005. J’y ai travaillé d’abord comme opérateur économique dans la consultance et l’exploitation minière du cuivre et de l’or.
Au fur et à mesure que j’observais la souffrance de ma population, j’ai réfléchi sur la façon venir en aide à ces femmes, à ces hommes et à ces enfants par des œuvres sociales. Depuis 2009, je dirige une association, l’UCR (Union Congolaise pour la Renaissance). Ces actions sociales m’ont convaincu que pour que cela touche le plus de populations possible, il faut un certain pouvoir politique.
De fil en aiguille, j’ai reçu de plus en plus des responsabilités. Ensuite, je me suis présenté pour les élections législatives de 2011. Celles de 2018 qui m’ont amené à différentes responsabilités.
Vous êtes Gouverneur AI jusqu’aux prochaines élections, c’est bien cela ?
Oui, je suis Gouverneur jusqu’aux élections des gouverneurs en province. J’ai été vice-gouverneur depuis 2019 jusqu’à mars 2021. Nous nous chargeons des affaires courantes tout en appliquant la vision du chef de l’État et en exécutant ses différentes décisions et recommandations.
Quelle est votre situation politique actuelle ?
Je suis dans l’AFDC (Alliance des Forces Démocratiques du Congo) depuis 2014. J’avance d’après l’idéologie du parti sous l’autorité morale du sénateur Bahati Lukwebo, Président du Sénat. Son expertise est reconnue de tous notamment, son travail comme informateur avant la nomination de Sama Lukonde comme Premier ministre. C’est quelqu’un qui travaille activement dans l’Union sacrée.
Le mode scrutin pour élire les gouverneurs est un scrutin indirect. Comment envisagez-vous travailler avec les 25 députés représentants la population du Tanganyika, si vous êtes élu ?
Je connais chacun d’entre eux professionnellement. La politique est dynamique, la façon dont fonctionne chaque parti dépend des dirigeants de ce parti-là. Je vais faire ce que j’ai à faire : travailler pour la province du Tanganyika. Je suis heureux que ma manière de travailler soit déjà connue par la population et leurs élus, les députés. J’ai collaboré avec eux, comme je le disais, et tous, nous sommes réunis pour travailler pour le bien de notre population.
Connaissez-vous vos concurrents ?
Non, j’en ai entendu parler, mais je ne les connais pas tous
Pourquoi selon vous les députés vont voter pour vous plutôt qu’un autre ?
J’ai toujours été près de la population. Cela va faire 15 ans que je fréquente la province. Je connais de très près la population du Tanganyika, je connais ses problèmes, je m’identifie moi-même à cette population. Je suis un fils de cette terre et je m’y exprime en Swahili. Avant même que je ne fasse mon entrée dans la scène politique, je menais déjà des actions sociales pour le bien des populations de ma province. Je crois que ma vision pour le Tanganyika, qui est la même que celle du Chef de l’État, est celle de mettre l’Homme, l’être humain, au centre de l’action, comme je le fais depuis 15 ans.
Vous pouvez nous résumer votre programme en 5 grandes priorités ?
Oui, j’ai cinq grandes priorités, il s’agit de 1) la sécurité, 2) l’électricité, 3) l’eau, 4) la santé pour tous, 5) l’industrialisation de nos ressources : l’agriculture, la pêche, l’élevage. Pour le reste du programme, nous avons la voirie et le port de Kalémie, le port de Moba, le pont de Nyemba, certaines routes essentielles à la province vont également être réhabilités dont les axes Kalemie-Lubumbashi, en passant par Pweto, Kalemie-Manono. Je souhaite que notre population soit autonome en permettant l’industrialisation de toutes les ressources de la province du Tanganyika.
Le Tanganyika étant désenclavé, comment comptez-vous vous y prendre pour l’ouvrir à d’autres provinces ?
Tout dépend du partenariat que nous pouvons créer avec le gouvernement central, mais c’est normalement une route d’intérêt national donc le gouvernement central doit s’en occuper en collaboration étroite avec la province.
Quelle est votre vision ?
Ma vision rejoint celle du chef de l’État, Félix Tshisekedi : un Congo centré sur l’émancipation de l’être humain au point de vue économique, social et sécuritaire.
Et le slogan du candidat Mony SAMBA KAYABA
«Tous unis pour la reconstruction du Tanganyika.»
Un dernier mot pour conclure ?
J’espère simplement que le processus se passera bien et que j’aurai l’occasion de pouvoir défendre ma province et l’amener vers l’avant. Mon rêve est de voir un Tanganyika développé. Cela pourrait servir à toute la nation congolaise. En effet, notre province est limitrophe de 5 provinces congolaises et par trois pays, la Zambie, le Burundi et la Tanzanie sur la rive orientale du lac Tanganyika. C’est pourquoi l’émancipation du Tanganyika bénéficiera à toutes les pro[1]vinces et tous les pays voisins.