«Où atterrir ?», «Sur quelle planète vivons-nous ?», «Qui suis-je ?» ; telles sont les questions que Bruno Latour continue à explorer à travers la Biennale de Taipei 2020 et au Centre Pompidou-Metz désormais. Elles sont au cœur de ce qu’il nomme le «nouveau régime climatique».
Créée en 1992 par le Taipei Museum of Fine Arts, la Biennale de Taipei s’est imposée comme un événement artistique majeur en Asie, et ses dernières éditions se sont orientées vers les problématiques environnementales.
En 2020, sur l’île de Taïwan, la Biennale de Taipei avait pour thème les conflits liés à la question écologique. Elle est invitée de manière exceptionnelle à investir le Centre Pompidou-Metz, mettant à l’honneur la scène taïwanaise et les propositions des artistes, architectes et scientifiques formulées en 2020 pour répondre à la question suivante : «Sur quelle planète vivons-nous ?».
Confrontant les différentes conceptions de ce qu’est la Terre, les commissaires placent le changement climatique au premier plan des discussions politiques, dans un contexte de montée des populismes et où les dictatures présentent des menaces pressantes. Ces questions autrefois présentées comme périphériques s’affirment désormais en tant que luttes politiques plus urgentes et plus tragiques que jamais. Le plasticien Jean Katambayi Mukendi est le seul artiste congolais convié à présenter son œuvre.
Jean Katambayi Mukendi est né en 1974 en RDC. Il se partage entre résidences d’artistes de par le monde et sa ville de Lubumbashi, en République démocratique du Congo.
Outre sa pratique artistique, Jean Katambayi Mukendi se passionne aussi pour la technologie, la mécanique, la géométrie et l’électricité. Dans son œuvre, il combine les influences de la vie quotidienne avec les connaissances de sa formation d’électricien. Il crée des installations complexes et fragiles, actionnées par des mécanismes électriques sophistiqués. Ses inventions technologiques constituent une quête de solutions aux problèmes sociaux de la société congolaise.
Pour toucher la sphère de la création, Jean recourt aux axes de temps, d’énergie et d’espace. Sa démarche vise à aborder la transformation de manière universelle pour aligner le Sud et le Nord.
L’équilibre de ses sculptures est fragile, et pourtant elles tiennent debout. Si leur forme est «aléatoire», comme dirait l’artiste, les éléments hétérogènes qui les composent n’ont pas été choisis par hasard. Depuis son enfance, l’artiste s’inspire de tous les outils, emballages et instruments qu’il voit utiliser dans sa ville du Congo, où toute l’économie repose encore sur l’extraction du cuivre, élément nécessaire au fonctionnement des circuits électriques et des écrans numériques. Or, dans sa ville de Lubumbashi, les coupures d’électricité sont régulières et le cuivre disponible est d’une qualité plutôt médiocre.
Jean a participé à plusieurs biennales et expositions dans le monde et à plusieurs résidences d’artistes dont la plus importante pour lui était la résidence à l’École supérieure d’Art d’Aix-en-Provence. Il est représenté par Trampoline Gallery à Anvers. Ses œuvres sont dans les collections du MUHKA à Anvers et du Mu.ZEE à Ostende. Il est également l’un des contributeurs du projet de recherche On-Trade-Off, initié par Picha et Enough Room for Space.
En 2022 il est invité au Centre Pompidou-Metz où ses œuvres seront présentées dans l’exposition «Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète». Il a accroché «Risque» en décembre 2021 à la GAC de l’ASBL Dialogues au Musée de Lubumbashi, une exposition duo qu’il nomme «une confrontation» avec la photographe Nicole Rafiki.
Jean projette de rendre son œuvre à la société en improvisant quelques échanges inédits en politique et en économie, une performance qui lui servira à parler de son travail, mais qui est surtout une manière créer un débat participatif avec le grand public pour l’inviter à penser autrement la société.