La Belgique a restitué, lundi à la République démocratique du Congo (RDC), une dent du héros congolais Patrice Lumumba. Un geste symbolique qui est censé ouvrir une nouvelle page dans les relations entre la RDC et son ex-colonisateur.
Le cercueil contenant la « relique » de Patrice Lumumba à Bruxelles le 20 juin 2022 © DR S’il y a bien une profonde blessure entre la République démocratique du Congo et la Belgique, son ancienne puissance coloniale, c’est bien celle de l’assassinat de Patrice Lumumba.
Héros de l’indépendance, Patrice Lumumba a été renversé dès septembre 1960, envoyé dans la province sécessionniste du Katanga, torturé, abattu… puis son corps a été démembré et dissous dans l’acide avec la complicité de mercenaires belges. Voilà pour le passif entre les deux pays.
En 2016, une dent a été saisie par la justice belge chez la fille d’un ancien policier belge ayant participé à la disparition du corps de Patrice Lumumba. Cette dent est tout ce qu’il reste du héros congolais. C’est donc cette « relique » qui a été restituée ce lundi à la famille Lumumba.
La dent de Patrice Lumumba a été placée dans un cercueil qui doit partir mardi soir pour Kinshasa, où les autorités congolaises sont en train d’achever la construction d’un « mémorial ». L’inhumation a eu lieu le 30 juin, jour de la fête nationale.
Des excuses (enfin)
La restitution de la relique de Patrice Lumumba intervient alors que les relations diplomatiques entre les deux pays se sont fortement réchauffées.
Le roi et la reine des Belges ont effectué un voyage officiel au Congo il y a seulement quelques semaines pour tenter de tourner la page sombre de la colonisation. À Bruxelles, le Premier ministre belge est allé plus loin, en présentant des « excuses » au peuple congolais, un mot que le roi Philippe n’avait pas prononcé à Kinshasa, préférant le terme de « regrets ».
En ce sens, la cérémonie de restitution de Bruxelles aura enfin permis aux Congolais d’entendre ce mot qu’ils auraient tant souhaité voir prononcer par le roi Philippe. Un mot sans doute trop difficile à dire par le roi des Belges en terre congolaise.
Dans le contexte actuel, les deux pays ont tout intérêt à afficher une entente retrouvée, après un long blackout sous le régime Kabila. La Belgique, tout d’abord, pour rester le partenaire européen numéro un du Congo, dans un pays très convoité pour ses matières premières par la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Turquie ou la Russie.
Et le Congo de Tshisekedi enfin, pour l’aide financière importante qu’apporte l’Europe, alors que la RDC reste l’un des pays les plus pauvres du monde et que l’Est est toujours en proie à la guerre et aux groupes armés.
Christophe Rigaud — Afrikarabia
M&B