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Après l’éviction d’Alexandre Vilgrain, comment Castel reprend la main sur Somdiaa

Alexandre Vilgrain a été contraint de quitter ses fonctions à la tête de Somdiaa, en raison de la publication d’un rapport d’une ONG accusant la filiale de Castel d’avoir financé un groupe armé en Centrafrique.

Alexandre Vilgrain, ex-PDG de Somdiaa. © somdiaa.com

Alexandre Vilgrain a été contraint de quitter ses fonctions à la tête de Somdiaa, en raison de la publication d’un rapport d’une ONG accusant la filiale de Castel d’avoir financé un groupe armé en Centrafrique. En nommant des fidèles pour lui succéder – notamment son neveu Michel Palu – Pierre Castel réorganise une filiale qui lui échappait en partie.

C’est une page qui se tourne pour cette société française historique sur le continent, acteur clef des secteurs de la farine, du sucre et de l’élevage dans sept pays d’Afrique de l’Ouest et centrale (Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Centrafrique, Gabon, Tchad et Togo). Lors de son dernier conseil d’administration fin avril, la direction du Groupe Castel, actionnaire majoritaire depuis janvier 2011, a signifié à Alexandre Vilgrain son éviction du poste de PDG de Somdiaa, dont le groupe est actionnaire majoritaire.

Le départ de ce baron français de l’agroalimentaire en Afrique, qui avait pris la succession de son père Jean-Louis en 1995, est lié au rapport du 18 août 2021 de l’ONG américaine The Sentry. Joint par Africa Intelligence, Alexandre Vilgrain confirme le lien avec cette affaire. L’ONG accuse Sucaf RCA, entité centrafricaine de Somdiaa, d’avoir financé le groupe armé Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) en échange de la sécurisation d’une sucrerie et de 5 137 hectares de plantation de cannes à sucre dans la région de Ngakobo, à 400 km à l’est de Bangui.

A la publication du rapport de The Sentry, Castel avait diligenté une enquête auprès du cabinet Gide Loyrette Nouel, habitué de longue date à travailler avec le groupe. Appuyé par l’ADIT, celui-ci avait dépêché une équipe à Bangui fin 2021. La direction de Castel n’a pas encore rendu publiques ses conclusions, comme elle s’était engagée à le faire. Selon le PDG sortant, l’enquête commanditée par Castel conclurait au fait qu’aucun acte répréhensible ne soit imputable à Sucaf RCA ou à Somdiaa.

Quoi qu’il en soit, Castel a souhaité manifester son éloignement pour soigner son image et engager une réorganisation de ce bastion dont le fonctionnement lui échappe en grande partie (AI du 29/11/21). Des sources proches de la direction du géant agroalimentaire, fondé et toujours piloté par Pierre Castel, 95 ans, affirment d’ailleurs que le groupe aurait racheté en avril les 13 % de parts de Somdiaa que la famille Vilgrain possédait encore.

Le 13 avril, quelques jours avant le conseil d’administration fatidique, Alexandre Vilgrain avait démissionné de son poste de président du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) qu’il occupait depuis 2008, et où Etienne Giros lui a succédé. Il y conserve toutefois son siège d’administrateur.

Michel Palu pressenti pour prendre la suite

Le poste de PDG de Somdiaa est scindé en deux, avec un président du conseil d’administration et un directeur général. Début mai, la nomination d’Olivier Parent, ancien de Malteurop, au poste de directeur général, a été annoncée aux équipes. Michel Palu, 79 ans, neveu et membre de la garde rapprochée de Pierre Castel, devrait être désigné président du conseil d’administration de Somdiaa. Il a notamment été président du conseil d’administration des Brasseries du Cameroun.

Pour Castel, l’éviction de Vilgrain est le deuxième départ inattendu en quelques semaines lié à des questions de gouvernance et d’image. Le mois dernier, Emmanuel de Tailly, directeur général des Brasseries du Cameroun, avait posé sa démission à la suite d’un accident de la circulation impliquant un véhicule de la société et ayant causé un décès (AI du 08/03/22). Il sera remplacé à partir du 1er juillet par le Français Stéphane Decazeaud.

Source : Africa Intelligence.

M&B

 

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