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À l’ONU, Félix Tshisekedi dénonce l’agression du Rwanda, fixe l’avenir de la Monusco et maintient la vente des blocs pétroliers

Le chef de l’État a appelé la communauté internationale à infliger des sanctions contre le Rwanda dans l’agression de l’Est du pays tout en se voulant diplomatique sur l’avenir immédiat de la Monusco.

President of the Democratic Republic of the Congo Felix Tshisekedi addresses the 77th Session of the United Nations General Assembly at U.N. Headquarters in New York City, U.S., September 20, 2022. REUTERS/Eduardo Munoz

Très attendu, Félix Tshisekedi s’est montré offensif dans son discours à la tribune de la 77e assemblée générale de l’ONU mardi à Ney York. Le chef de l’État a appelé la communauté internationale à infliger des sanctions contre le Rwanda dans l’agression de l’Est du pays tout en se voulant diplomatique sur l’avenir immédiat de la Monusco.

À la tribune des Nations unies, dans un discours tardivement suivi au pays entre 22h et 23h, le chef de l’État a choisi un ton plus offensif sur la responsabilité des autorités de Kigali dans la rébellion des M23 à l’Est de la RDC : « Je dénonce, en ce lieu emblématique de la vie internationale, avec la dernière énergie cette énième agression dont mon pays est victime de la part de son voisin, le Rwanda, sous couvert d’un groupe terroriste dénommé M23 » a-t-il déclaré, après avoir rappelé que le Mouvement du 23 mars, avec le soutien du Rwanda, avait « défié la communauté internationale » et « abattu un hélicoptère de la MONUSCO et tué 8 Casques bleus, commettant ainsi un crime de guerre. »

« L’implication et la responsabilité du Rwanda…indiscutables »

Conforté par le récent rapport des experts de l’ONU sur la participation et l’armement des rebelles par le régime de Kigali, Félix Tshisekedi a déclaré que « L’implication du Rwanda et sa responsabilité dans la tragédie que vivent mon pays et mes compatriotes des zones occupées par l’armée rwandaise et ses alliés du M23 ne sont plus discutables », appelant le Président du Conseil de sécurité à « distribuer officiellement aux membres du Conseil le dernier rapport des experts de l’ONU sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC et de le faire examiner avec diligence par lui afin d’en tirer toutes les conséquences qui s’imposent sur le plan du droit de la paix et de la sécurité internationale », car « il y va de l’image et de la crédibilité de notre Organisation ».

Tshisekedi a réfuté les accusations du Rwanda selon lesquelles les anciens génocidaires du Front Patriotique pour la Libération du Rwanda (FDLR) seraient protégés par l’armée congolaise. « Les FDLR ont été décapitées et réduites à néant par les Forces Armées de la RDC, FARDC, en étroite collaboration avec l’Armée rwandaise dans le cadre des opérations conjointes menées au cours de dernières années. La RDC a rapatrié plusieurs éléments des FDLR et leurs familles », a-t-il déclaré. « Dès lors, les Congolais se demandent de quelles FDLR parle-t-on ? »

Pour ses voisins proches, le président congolais se veut rassembleur pour « restaurer la confiance ». Il a évoqué que « l’heure a sonné de casser à jamais le cycle infernal de la violence à l’Est de la RDC pour stabiliser la Région des Grands Lacs afin de tirer le plus grand bénéfice de ses potentialités économiques ainsi que de sa riche biodiversité pour sauver l’humanité face aux changements climatiques ».

« Réévaluation du plan de retrait progressif de la Monusco »

Félix Tshisekedi a admis que la tension entre la population et la Mission des Nations unies en RDC avait été « exacerbée » amenant la RDC « à demander la réévaluation du plan de retrait progressif  et aresponsable de cette Mission ».

Suite aux propos tenus par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, sur l’incapacité de la Monusco de résoudre la question de l’insécurité à l’Est et d’éradiquer les rébellions dans cette partie du pays, Félix Tshisekedi estime que « cette démarche d’ajustement est exigée par le constat unanime, même au niveau le plus élevé de notre Organisation, des faiblesses regrettables de la MONUSCO ; ce qui affecte certainement l’efficacité et la légitimité de l’action de l’ONU en RDC », et que « la réévaluation du plan du retrait de la MONUSCO ne peut, par conséquent, nullement remettre en cause les relations entre mon pays et notre Organisation ». 23 ans après l’installation de la Monusco en RDC, le Gouvernement congolais constate que « le mal sécuritaire continue à ronger mon pays » et compte, avec « le Peuple congolais à mettre définitivement fin à l’insécurité à l’Est de notre pays, quoi qu’il en coûte. »

Maintien de la vente aux enchères des blocs pétroliers et gaziers

Le climat était l’autre question sur laquelle le chef de l’État était attendu. Depuis juillet, la RDC a mis en vente aux enchères une vingtaine des blocs pétroliers et gaziers du pays s’attirant une foudre de critiques des organisations de protection de l’environnement. À New York, Félix Tshisekedi a réitéré les ambitions économiques du projet congolais. « Aucun instrument juridique international pertinent ratifié par la RDC ne lui interdit d’exploiter ses ressources naturelles pour cause de protection de l’environnement ou par crainte de l’aggravation du réchauffement de la planète », a-t-il souligné.

La RDC compte donc « exploiter, dans le respect des normes environnementales, les ressources naturelles du pays et de les transformer localement pour leur donner de la valeur ajoutée et booster l’économie nationale », tout en « préservant ses forêts et en continuant de demeurer le pays solution pour la lutte contre le réchauffement climatique », assurant que la RDC « reste ouverte à la coopération avec tout partenaire disposé à l’aider à atteindre ses objectifs ».

Le gouvernement congolais s’attend à « la concrétisation de la proposition de cession par les pays riches d’un pourcentage de leurs droits de tirage spéciaux au Fonds Monétaires International aux pays les moins nantis ».

Don Pablo
M&B Magazine
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