Interrogée par « Le Monde » sur la guerre à l’Est de la RDC et l’agression dont Kinshasa accuse le Rwanda, Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF a essayé de jouer les équilibristes.
À propos de son regard sur les tensions récurrentes dans la région, l’ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda a pointé du doigt le traitement des populations rwandophones en RDC : « Dans cette région, des peuples et des familles ont été séparés lorsque les frontières ont été tracées. En RDC, il existe des rwandophones depuis très longtemps et ils sont traités comme des citoyens de seconde zone. La première chose à faire serait donc d’affirmer leur congolité afin de faire disparaître la raison de la révolte », conseille-t-elle. Mme Mushikiwabo croit qu’« il revient à la RDC de reconnaître que ces personnes sont congolaises et ce n’est pas en leur demandant de rentrer chez elles qu’on résoudra le problème. »
Elle a rappelé la position de Kigali, qui « considère qu’il n’y aura jamais la paix tant que se trouveront, dans l’est de la RDC, ceux qui ont participé au génocide des Tutsi ». Elle affirme que « certains membres des Forces démocratiques de libération du Rwanda [FDLR] ont même intégré l’armée congolaise » et que « la RDC doit arrêter de les utiliser », prévenant que « le problème sera cyclique entre les deux pays tant qu’il ne sera pas réglé ».
Depuis plusieurs mois, les autorités congolaises à Kinshasa accusent le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, qui occupent une partie du Nord-Kivu obligeant des milliers de populations à quitter leurs domiciles. Louise Mushikiwabo estime que « le Rwanda n’a aucun intérêt à déclencher une guerre en RDC, même s’il y a eu plusieurs attaques sur le territoire rwandais à la frontière ».
Ces attaques « sont dues à des provocations de politiciens congolais qui ont intérêt à dire « je dois gérer une guerre à l’Est », pour « obtenir certaines choses en retour », a répondu la présidente réélue de l’OIF.
MB
