Deux ans après son rachat par le groupe kenyan Equity Holding Group Plc, mi-2020, la filière congolaise doit, en 2023, confirmer sa place sur l’échiquier bancaire en RDC. Pour l’instant, les voyants sont au vert malgré un début d’année marqué par de légères turbulences et une concurrence qui ne faiblit pas.
Une croissance assumée
Equity BCDC revendique l’ouverture de 3 000 nouveaux comptes par jour. La direction de la banque congolaise, filière du groupe kenyan Equity Holding, prévoit de doubler les bénéfices en 2022, avec « une croissance de 100 % par rapport au bénéfice de l’année dernière ». Selon les chiffres de la banque, les comptes d’Equity BCDC sont passés de 1,1 million lors de la fusion avec la Banque Commerciale du Congo à 1,6 million.
« Nous permettons aux supermarchés, aux pharmacies, aux commerçants qui manipulent réellement de l’argent liquide de devenir des agents bancaires, pour accepter des retraits, des dépôts et parfois ouvrir des comptes », martèle Célestin Mukeba, son DG. Ce sont les fameux « Cash Express » qui pullulent à Kinshasa et à Lubumbashi en particulier. Equity BCDC a ouvert 16 000 comptes, mais son objectif « est d’atteindre même 50 000 à travers le pays afin que cela réduise vraiment le coût des opérations bancaires. »
D’après les spécialistes, en RDC il n’y a qu’environ 1 000 agences bancaires physiques dans le deuxième plus grand pays du continent et seulement 7 % de ses 100 millions d’habitants possèdent un compte en banque. En concurrence avec Rawbank Sarl , Equity BCDC ambitionne de devenir la plus grande banque en RDC. Les deux banques cumulent environ 4 milliards de dollars d’actifs, la TMB, elle, est sur les starting-blocks. « Nous pensons que Equity BCDC pourra devenir la plus grande en RDC », clamait James Mwangi, directeur général d’Equity Holding Group, en 2020.
Diversification des investissements
Equity BCDC cible notamment l’exploitation minière à petite échelle ainsi que l’agriculture en proposant des programmes d’éducation financière qui ciblent les agriculteurs, les mineurs artisanaux et les entrepreneurs non bancarisés. En septembre 2022, Equity Group avait annoncé une augmentation de capital de sa filière congolaise de 100 millions de dollars, élevant son pouvoir de prêt jusqu’à 85 millions de dollars à une seule entreprise, et des financements pouvant aller jusqu’à 450 millions de dollars pour une seule entreprise.
En 2023, EquityBCDC souhaite poursuivre sa croissance et envisagerait une transaction. « Nous pouvons nous développer de manière organique, ce que vous avez vu, a-t-il déclaré. Et nous pouvons encore poursuivre notre croissance par acquisition. C’est une option. » La banque créera un marché des capitaux avec la Banque centrale du Congo (BCC). En novembre, Moody’s Investors Service, fournisseur de recherches financières internationales, statuant sur les obligations émises par des entités commerciales et gouvernementales, a relevé d’un cran la note de crédit d’EquityBCDC, la faisant passer de Caa1 à B3, ce qui en fait la banque la mieux notée en RDC.
À l’assaut des solutions numériques
Depuis quelques mois, Equity BCDC multiplie des solutions digitales pour ses utilisateurs congolais, à l’image de la stratégie de la maison mère. Entre application mobile et services de mobile money, la séduction touche tous les terrains. Du timide service avec Vodacom, avec le code #420, à l’ « Equity BCDC Mobile », la banque a développé sa propre solution avec l’application mobile qui offre la possibilité de lier son compte mobile money à la banque. Lancée sur le marché en 2022, l’application affiche plus de 50 0000 téléchargements, loin derrière les 1 million de l’application du holding, dans un environnement numérique différent. En RDC, arrive derrière les applications financières d’Illico Cash, Orange Money Africa et la M-Pesa en nombre de téléchargements sur le Play Store de Google.
« La banque se concentre sur l’autonomisation de sa clientèle via des solutions digitales innovatrices et uniques », se félicite-t-elle sur son site internet. Une des dernières en date « Eazzy trans » qui permet de « transférer de l’argent vers l’étranger en cash ou via votre compte » sur quatre continents. À cela, il faut ajouter un chat bot sur le réseau social Telegram, Equity BCDC Online et EazzyBizz « plateforme spéciale pour les entreprises ».
Un vent de turbulences
En début 2023, sur les réseaux sociaux, plusieurs clients ont paniqué suite à l’annonce d’un écart de 11 millions de dollars dans un compte de transit, soit 3 % des fonds propres de la banque. Dans son communiqué du 5 janvier, Equity BCDC confirmait que cet écart significatif représente 3 % de fonds propres et 0,3% du total actif s’est produit lors des opérations de migration de l’acquisition de la Banque commerciale du Congo (BCDC). « Nous avons sollicité le soutien des autorités nationales et agences gouvernementales d’investigation et de sécurité pour nous accompagner dans ces enquêtes », assurait-elle.
Critiqué pour sa communication, la banque a expliqué qu’« en tant qu’institution, nous nous imposons les normes les plus strictes en matière de responsabilité et de transparence, et c’est pourquoi nous rendons ces informations publiques ». Une enquête a été diligentée et la banque promet « une conclusion rapide », dont les résultats très attendus seront déterminants dans la stratégie d’affirmation de la banque sur le terrain congolais.
Iragi Elisha pour M&B Magazine