L’eau boueuse a tout balayé, semant la mort et la désolation à Nyamukubi, un des villages dévastés jeudi par des inondations qui ont fait environ 400 morts dans le Sud-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo, selon un bilan encore provisoire dimanche.
«On dirait la fin du monde. Je cherche mes parents et mes enfants», se désole Gentille Ndagijimana, les larmes aux yeux. À 27 ans, Gentille et sa famille sont originaires de Masisi dans la province voisine du Nord-Kivu. Ils ont fui les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 en janvier et trouvé refuge ici.
ont échoué dans le lac… On se demande comment on va s’en sortir», ajoute Isaac. «Nous n’avons pas de sacs mortuaires, il n’y a pas de financement pour ce que nous faisons», dit-il. Les équipes, poursuit-il, creusent à la recherche des cadavres «avec les mains et quelques pelles». Elles enroulent les corps dans des couvertures ou des draps avant de les inhumer dans des fosses communes.
Sur la rive du lac flottent des morceaux de bois, des tôles, des meubles et d’autres matériaux charriés par les rivières en furie. Sur des maisons englouties, des jeunes essaient de récupérer ce qui peut encore l’être : des tôles, des structures métalliques, des planches… La Croix-Rouge et l’administration poursuivent l’enregistrement des familles qui ont perdu les leurs, ainsi que des sinistrés.
«On attend une réaction du gouvernement»
Le chef du village, Marcel Mubona, s’attend à encore plus de morts. Cela va «empirer», dit-il, alors qu’il vient d’apprendre la mort d’un jeune qui avait été hospitalisé. Terminus de tous les malades et blessés, le seul établissement de santé opérationnel dans la zone est une institution privée, l’«hôpital pour la promotion de la santé mère et enfant» qui, débordé lui aussi, doit faire face au manque de médicaments, de personnel soignant et de lits.
«On attend la réaction du gouvernement, pour nous aider à acheminer» les cas les plus graves vers de plus grands hôpitaux, et pour «nous fournir des médicaments afin de nous occuper des autres», demande le Dr Bauma Ngola, médecin directeur de l’hôpital. Assise sur son lit, désespérée, le visage tuméfié, souffrant de graves blessures au pied, une jeune femme pense qu’elle est «en train de mourir».
«Mes blessures et mon corps sont en train de gonfler, ils disent que ma jambe doit être coupée», déclare-t-elle. À côté d’elle, son fils de 10 ans, dont les blessures lui font de plus en plus mal, attend lui aussi qu’on s’occupe de lui.
Par Le Figaro avec AFP
Une publication du Groupe Corneille et Sima