Quel est votre parcours professionnel ? et comment vous vous êtes retrouvé dans le secteur minier ?
Né dans la ville diamantifère de Mbuji-Mayi, je suis fils d’un cadre de la Société minière de Bakwanga, ou MIBA. Après des études de droit à l’université de Kinshasa, je commence ma carrière à la Regideso comme Secrétaire particulier du directeur général adjoint et ensuite comme Conseiller juridique pour ensuite rejoindre le secteur minier comme Chargé de relations et facilitation publique.
Je suis spécialisé dans la gestion des comptoirs et l’exportation des matières premières et autres minerais, j’ai travaillé depuis 2010 successivement pour les comptoirs Centauris SPRL, filiale de Centauris Inc., société de droit suisse, et puis Satis Ressources. J’ai été consultant et formateur pour le compte du Centre d’expertise et d’évaluation des substances minérales, précieuses et semi-précieuses. Je formais les négociants du pays à la gestion d’un comptoir et à la pratique légale des exportations d’or. J’ai été consultant pour les comptoirs de diamant Amazona et Saga pour les exportations vers Dubaï.
En 2015, j’ai créé un cabinet en conseil stratégique, lobbying, facilitation d’affaires : JMK Concept, spécialisé dans les mines, énergie, infrastructures et agriculture en République démocratique du Congo. En 2018, je deviens Associé-gérant de Blaze Metals Congo, une société qui a qualité de comptoir d’achat d’or et spécialisée dans l’acquisition des titres miniers et le développement de projets miniers.
L’économie congolaise est fortement dépendante du secteur minier. Est-ce une bonne chose ou une mauvaise chose et faut-il diversifier l’économie ?
C’est une bonne chose parce que la RDC est un pays non industrialisé. Cette dépendance est un moindre mal dès lors que le secteur minier a un avantage comparatif positif par rapport à d’autres pays avec une forte diversité de richesses minières et de filières ou dérivés répondant aux besoins des marchés mondiaux. Malgré cette dépendance, il contribue grandement au budget de l’État, au produit intérieur brut et procure d’énormes revenus pour les impôts et les taxes. Il est actuellement le secteur pourvoyeur de l’emploi formel et informel pour des centaines de milliers de personnes.
Cette dépendance est une mauvaise chose parce que la RDC dispose d’autres secteurs à promouvoir qui sont capables de procurer à l’économie des ressources importantes pour financer son développement. puisqu’elle a des atouts majeurs. Cette dépendance devient un handicap lorsque les cours des matières premières à l’exportation baissent, entraînant une chute des recettes des exportations, ce qui a pour conséquence la variation du marché de change et le déficit budgétaire.
Parmi ses atouts et secteurs à chaîne de valeur importante, citons l’agriculture, le tourisme, le transport, les services immobiliers, l’énergie hydroélectrique et les hydrocarbures, sans oublier l’apport important d’une gestion efficiente de l’environnement, de nos forêts et de nos cours d’eau. L’eau douce qui sera une denrée rare demain doit bénéficier d’importants investissements pour pouvoir l’exporter là où elle manquera.
L’exploitation minière artisanale est-elle un problème ? Dans ce cas, quelle serait la solution ?
L’exploitation minière artisanale souffre d’un problème lié à l’application des textes de loi, l’encadrement, la formation et le recyclage de la main d’œuvre. À ces problèmes s’ajoutent les fraudes minières et douanières à l’exportation, l’insécurité, la contrebande entretenue par des milices armées de tout bord, le manque de traçabilité de la production, mais surtout la présence des enfants mineurs dans les mines et carrières. La libéralisation de l’exploitation artisanale a impacté négativement les provinces du Kasaï avec un faible taux de scolarité de la jeunesse. Le même phénomène se développe aujourd’hui dans le Katanga et dans les provinces du Kivu.
La solution résiderait dans un accompagnement technique et financier de la filière artisanale. En effet, il faudrait répertorier les zones d’exploitation, regrouper les exploitants en coopératives, leur apporter des financements pour mécaniser la production et surtout des formations sur la gestion financière et le rapprochement de l’administration des zones d’exploitation pour une traçabilité de la production artisanale.
Le secteur minier est contrôlé par des sociétés étrangères. Quelles seraient les conditions d’une réussite pour les entreprises congolaises en RDC, dans cette industrie ?
Actuellement, le secteur minier est contrôlé en majeure partie par des sociétés à capitaux étrangers. Ces sociétés détiennent les meilleurs gisements et titres miniers, c’est le cas de Kamoa et Tenke Fungurume Mining qui font partie des plus grosses sociétés minières de la RDC.
De ce fait, il faudrait que l’État verrouille au profit des entreprises locales la participation à plus de 40 % dans les projets miniers. La sous-traitance doit être accordée dans sa totalité aux entreprises congolaises et non à des prête-noms, sauf pour les domaines qui ne sont pas couverts par l’expertise locale. Garantir les emplois à expertise au personnel local avec un réel transfert de compétences. Encourager le financement des entrepreneurs locaux avec un accompagnement étatique dans la transformation des coopératives minières en petites mines qui elles-mêmes deviendront des grands exploitants miniers.
Quelles sont les améliorations à apporter au code minier et comment le gouvernement peut-il mieux soutenir les entreprises minières ?
Le code minier nécessite de nettes améliorations sur les droits et taxes douaniers, sur les impôts relatifs aux expatriés. Il faudra veiller sur la loi de la sous-traitance avec 70 % de la main d’œuvre saisonnière et de la rétrocession en faveur de la RDC de 40 % sur les recettes en devises des exportations à l’étranger. Le code doit en outre exiger la représentation à 70 % du personnel national ou congolais dans le comité de gestion des sociétés minières.
Le code minier devra tenir compte rigoureusement de l’apport social des entreprises en matière de responsabilité sociale (construction des bâtiments, formation et recyclage de la main d’œuvre, promotion des écoles, centres de santé, universités et instituts supérieurs, centres de formation socioprofessionnelle, routes de dessertes agricoles, ponts et chaussées, eau, forage, électricité et urbanisme).