Menu
in

Banques et Assurances : tout le monde veut sa part du gâteau

Le secteur bancaire congolais s’est relancé après la crise mondiale liée au Covid. L’année 2021 a fait figure de période de redynamisation pour un secteur ayant un rôle clé dans l’économie congolaise, notamment dans le secteur minier.

Le secteur bancaire congolais s’est relancé après la crise mondiale liée au Covid. L’année 2021 a fait figure de période de redynamisation pour un secteur ayant un rôle clé dans l’économie congolaise, notamment dans le secteur minier. Son total du bilan, avec un bond de 11,01 % en 2021, a atteint les USD 2 192,57 milliards. Après une chute de 14,7 % en 2020, le produit net bancaire (PNB) s’est envolé de 16,59 % en 2021, atteignant USD 83,25 milliards, tout proche de l’année 2019 (USD 83,72 milliards).

Évolution

Après une longue période de désintermédiation durant les décennies 1980-90, suivie d’une période allant de 1997 à 1999 d’un régime spécial de restructuration pour protéger juridiquement le secteur bancaire en restructuration et finalement parachevé par une phase de liquidation des banques jugées non récupérables, le système bancaire congolais vient d’extrêmement loin, détaillait Jean-Claude Masangu Mulongo, gouverneur honoraire de la Banque centrale du Congo, notre hors-série de 2018. Le total des bilans des banques en 2001 qui ne se chiffrait qu’à USD 178 millions dépasse aujourd’hui, 22 ans plus tard, la barre de USD 7 milliards.

Une concurrence s’est installée sur le marché bancaire congolais encore largement inexploité, seulement 7% de Congolais ayant un compte bancaire et où deux banques, Equity BCDC et Rawbank, détiennent 55 % des actifs du système et cumulent, à eux deux 8 milliards d’actifs. TMB a été rachetée, à 85%, par le KCB (Kenya) et les autres acteurs locaux consolident leur niche. La RDC compte 15 banques commerciales, dont 11 étrangères, 10 compagnies d’assurance et 3 institutions financières spécialisées (août 2022). Gwendoline Abunaw, administratrice directrice générale à Ecobank Cameroun et de la zone Cemac considère que, d’ici à quelques années, « les banques d’Afrique centrale et d’Afrique australe connaîtront les évolutions les plus favorables » du continent.

Diversification

Les banques se sont lancées dans la diversification. Equity BCDC, avec 1,8 million de comptes clients actifs en 2022, prévoit jusqu’à 4 milliards de dollars pour la RDC dans le cadre de son plan de résilience et de relance après les secousses de la guerre en Ukraine. Rawbank, Bank of th Year en RDC en 2022 selon The Banker, a annoncé un renforcement de son investissement, pouvant atteindre le milliard de dollars, dans le secteur minier. Son portefeuille de prêts liés à l’industrie minière de la banque est passé à 820 millions de dollars en 2022, doublant presque ses offres de crédit par rapport à l’année précédente. L’agriculture, le développement durable, la fintech ou encore le mobile money sont autant de secteurs dans lesquels les banques congolaises misent de plus en plus.

Le portefeuille actif bancaire en RDC a atteint les 7 milliards de dollars en juin 2022 selon la Banque mondiale. Cette évolution s’explique « grâce à une augmentation significative des financements de l’Association internationale de développement (IDA) ces dernières années ». La première salle de marchés aux standards internationaux a été lancée en 2020 par la Rawbank un Front Office composé des «Traders » spécialisés dans l’achat et la vente de différents types d’actifs ainsi que des «Commerciaux» chargés de la commercialisation des produits financiers proposés à la clientèle, un Middle Office qui se charge de la gestion des risques et un Back Office qui s’occupe de la gestion administrative de la salle de marchés.

Suite à la modification du code minier, qui a fait passer le taux de rachat de 40 à 60 %, le nombre total de dépôts a augmenté de 40 % à 60 %, le total des dépôts est passé de 5,63 milliards de dollars en mars 2020 à 10,33 milliards de dollars en septembre 2021 (62 % des dépôts par comptes courants). La plupart des clients préfèrent épargner en devises étrangères, ce qui maintient le degré extrêmement élevé de dollarisation du système bancaire et son excès de liquidité. En septembre 2021, les dépôts en devises étrangères représentaient environ 85 % du total.

Défis

Selon un rapport du FMI, fin 2022, des progrès restent à faire pour solidifier le secteur bancaire congolais. Parmi ceux-ci (1) la faiblesse des fonds propres du système bancaire du système bancaire (2) la difficulté d’évaluer les prêts non performants (PNP) suite aux mesures Covid (3) les risques liés à la dollarisation financière (4) la rupture des relations de correspondance bancaire (CBR) en raison de la crise financière et (5) le fait que les filiales des banques en RDC détiennent leurs excédents de trésorerie auprès de leurs maisons mères à l’étranger. Un besoin de « transparence dans les restructurations de crédit effectuées par les banques sur la base des mesures d’assouplissement règlementaire » reste crucial pour l’évaluation de la résistance des banques, selon le FMI.

La plupart des prêts sont canalisés vers les secteurs « Autres » et « Mine » de l’économie (25 % et 24 % du total des crédits respectivement). L’activité de prêt étant très faible, les banques disposent d’importants, qu’elles placent auprès de leurs correspondants à l’étranger, de leurs sociétés mères ou de leurs concurrents locaux (le marché interbancaire est naissant et compte peu de participants actifs). 

 

Encadré : Trois mastodontes

Rawbank : 4,8 milliards USD d’actifs, 30% de part de dépôts, 278 millions de PNB (2021) et 30% de comptes actifs en RDC

Equity BCDC : 4 milliards USD d’actifs, 1000 agences bancaires, 1,8 million de comptes et 25% de comptes actifs en RDC

TMB : 1,7 milliard d’actifs USD, 109 succursales, 11 % en termes de total d’actifs, et elle gère plus d’un compte bancaire sur cinq en RDC

 

Sources : Jeune Afrique, Fonds monétaire international, Banque mondiale, Moody’s Investor Service, M&B Magazine

Quitter la version mobile