Quatre jours de visite à Pékin, pour Félix Tshisekedi, une première pour le président de la République démocratique du Congo depuis le début de son mandat en 2019. L’objectif de Kinshasa est le « réchauffement » de la relation sino-congolaise émoussée par le « contrat du siècle » passé il y a 15 ans sous Joseph Kabila.
D’après Jean-Pierre Okenda, le directeur des industries extractives à Resource Matters, sur RFI, ce contrat « c’est l’arnaque du siècle ». Selon lui « la Chine a accepté de mettre à la disposition une ligne de crédit de 6 milliards de dollars américains. À l’époque, la Gécamines estimait les réserves à 10 millions de tonnes de cuivre, 600 000 tonnes de cobalt.»
Quinze ans après, la somme réellement investie par la partie chinoise est restée minimale, selon Jean-Pierre Okenda : « En 2023, la Chine n’a déboursé que 30%, soit 822 millions de dollars en infrastructures. » Certains des projets proposés n’ont jamais été réalisés. L’Inspection générale des Finances a publié un rapport accablant ne se privant de les commenter : « dilapidation », « bradage », « colonialisme économique ». Pour l’IGF les 10 milliards dollars générés par les mines katangaises constitue la preuve que Sicomines fut une machine à cash.
Le président congolais passe à l’offensive avec Pékin
Une task force composée de (COMBIEN ???) ministres, du cabinet présidentiel et de membres de la société civile a récemment présenté un document qui servira de base aux négociations avec Pékin. Le principal objectif de ces négociations est de modifier le rapport de force actionnarial au sein de la Sicomines, une entreprise commune sino-congolaise.
Actuellement, la Gécamines détient 32% des parts, mais Kinshasa souhaite augmenter cette participation à 70% pour la société publique et les autorités congolaises. Cette proposition reflète la volonté de renégocier les termes de la relation sino-congolaise, selon certaines sources au sein de la délégation présente à Pékin et interrogées par RFI. Les autorités congolaises sont soumises à une forte pression, tant de la part de la société congolaise, que de la part des pays occidentaux, des États-Unis, de l’Europe et de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), qui encouragent tous Kinshasa à poursuivre ces négociations.
« Il est indispensable de mettre en place des garanties pour s’assurer qu’au final ces négociations soient profitables au Congo et à l’entreprise d’État », indique Jean-Pierre Okenda
La RDC pourrait réclamer 2,2 milliards de dollars comme exigé dans ce document de négociation.
Au-delà de ce contrat, l’autre objectif de Kinshasa est de trouver un soutien dans la résolution du conflit à l’est de la RDC. Après l’entretien bilatéral avec le président Xi Jinping, Félix Tshisekedi rencontrera Norinco, un marchand d’armes, puis il se rendra chez Huaweï à Shenzen dimanche avant de repartir de Hong Kong au terme de cette visite d’État.
M&B avec RFI