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Le protocole UE-Rwanda sur les matières premières critiques et stratégiques va « accentuer l’exploitation illicite des richesses naturelles du Congo par le Rwanda, dont la prospérité est fondée sur cette activité criminelle et de lui donner davantage les moyens d’agresser la RDC » selon Kinshasa

La République Démocratique du Congo, à travers le ministère des Affaires Étrangères et de la Francophonie, s’est exprimée au sujet du protocole d’entente signé entre le Rwanda de Paul Kagame et l’Union européenne sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières critiques et stratégiques. Tout en reconnaissant la souveraineté des parties signataires, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo dénonce ce protocole qui, à l’évidence, encourage le pillage des ressources naturelles congolaises par le Rwanda et contredit les engagements de l’Union Européenne, notamment au point 26 du Communiqué conjoint de la 2ème session du Dialogue politique RDC-UE tenue à Kinshasa les 5 et 6 octobre 2020.

Ces engagements incluent notamment celui de « tirer profit de la mise en œuvre du règlement européen sur les minerais de conflit (3T et or) et les autres dispositions pertinentes, dont celles mentionnées par le Dodd-Frank Act, pour renforcer la lutte contre l’exploitation illégale des minerais originaires de la RDC ».

La RDC « considère, par conséquent, la signature du Protocole en cause, intervenue, du reste, peu de temps après la déclaration à Kigali du Chef de l’Etat de la Pologne, pays membre de l’UE, de fournir au Rwanda des armes en cas d’attaque extérieure, comme un acte très inamical qui n’est pas de nature à favoriser la confiance mutuelle entre la RDC et l’Union Européenne », a écrit Christophe Lutundula, VPM, ministre des Affaires Étrangères et de la Francophonie, dans un communiqué.

Le Gouvernement  « attend des autorités de l’Union Européenne une clarification de ce comportement ambigu alors qu’elles ne cessent d’affirmer leur volonté de contribuer à la fin de la crise sécuritaire à l’Est du Congo ainsi que de l’exploitation illicite de ses richesses naturelles, et de renforcer la coopération de l’Union avec elle. »

Ledit protocole d’entente vise à favoriser le développement de chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques entre l’Union Européenne et le Rwanda. Pour le gouvernement de la République Démocratique du Congo, le sous-sol rwandais ne regorge pas de minerais critiques et stratégiques recherchés actuellement dans le monde (coltan, cobalt, lithium, niobium…).

« Les enquêtes du Parlement congolais, des groupes d’experts de l’ONU et des organisations non gouvernementales nationales et internationales ont établi qu’à travers de multiples réseaux mafieux et des sociétés-écrans montées par ses dirigeants, le Rwanda tire ces minerais et autres matières premières stratégiques de la République Démocratique du Congo qui en regorge en abondance », a fait remarquer le chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula.

 « Dès lors, s’arranger avec le Rwanda pour développer « les chaînes de valeur durable pour les matières premières critiques et stratégiques » qu’il ne possède pas, ne peut avoir pour conséquence que d’accentuer l’exploitation illicite des richesses naturelles du Congo par le Rwanda, dont la prospérité est fondée sur cette activité criminelle et de lui donner davantage les moyens d’agresser la République Démocratique du Congo », ajoute M. Lutundula

 L’Union européenne et le Rwanda ont conclu un accord pour favoriser le développement de chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques. Mme Jutta Urpilainen, commissaire européenne aux partenariats internationaux, et M. Vincent Biruta, ministre des affaires étrangères du Rwanda, ont signé un protocole d’accord ayant pour objectif de renforcer le rôle du Rwanda dans la promotion du développement durable et des chaînes de valeur résilientes en Afrique.

Ce protocole d’entente ne cesse de susciter des réactions dans l’environnement sociopolitique congolais. À Kinshasa, l’opinion publique s’interroge sur la façon dont l’UE peut signer ce genre d’accord déjà conclu avec la RDC, pour le faire encore avec le Rwanda, qui a ses troupes en RDC en appui aux rebelles du M23 en violation de tous les textes légaux internationaux. Pour les Congolais, l’Union européenne, qui se veut gardienne des valeurs universelles de paix, de démocratie et du respect des droits de l’Homme, vient d’afficher un visage de complicité avec les agresseurs de la RDC en signant ce protocole d’entente sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières critiques et stratégiques avec le gouvernement de Paul Kagame.

M&B avec Actualité

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