Depuis mars 2024, la RDC se trouve de nouveau éligible, jusqu’à la fin de l’année, à la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (the African Growth and Opportunity Act, AGOA). Les produits congolais pourront désormais être exportés vers les États-Unis sans payer les frais de douane, offrant ainsi un avantage concurrentiel majeur sur le marché américain.
La RDC, fortement dépendante du secteur minier, en l’absence de diversification véritable, demeure exposée aux variations des cours internationaux des matières premières, la baisse des cours ayant eu notamment un impact significatif sur les finances publiques. Celles-ci ont été soumises tout au long de l’année 2023 à de fortes pressions et la situation budgétaire s’est détériorée, l’inflation s’accélérant.
« L’économie congolaise devrait rester résiliente avec un taux de croissance du PIB réel supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne. La croissance a été de 7,5 % en 2023 et elle est attendue à 5,7 % en 2024 », se voulait optimiste la Banque centrale du Congo dans sa nota de conjecture fin mars. Le Fonds Monétaire International (FMI) a estimé une reprise de croissance chiffrée à 4 % pour les économies en Afrique subsaharienne en 2024. Au cœur de l’année, les analystes appellent à la retenue.
Retour au premier plan ?
Le commerce des biens et services a joué un rôle important dans l’économie de la RDC, s’élevant annuellement à 52 % du PIB en moyenne entre 2011 et 2020. Les exportations de marchandises se composaient presque exclusivement de minerais et étaient principalement destinées à l’Afrique du Sud, à la Chine et à la Tanzanie. Néanmoins, la valeur des exportations de fèves de cacao a connu une augmentation significative (de 206 %) entre 2015 et 2020.
Le stock d’investissements directs étrangers (IDE) en RDC est passé de 1,3 milliard de dollars en 2003 à 29,1 milliards de dollars en 2021 sous l’impulsion des investissements dans le secteur minier et les industries de téléphonie mobile. En 2021, les entrées d’IDE ont augmenté de 13,5% pour atteindre 2 milliards de dollars, principalement dans le cadre de projets pétroliers, miniers et d’installations de traitements de déchets. La résolution des principaux problèmes liés à la corruption et au déficit d’infrastructures permettrait d’accroitre la participation du secteur privé (ZLECA-GIZ).
Exportations
La RDC a été admise à l’ African Growth and Opportunity Act après en avoir été exclue pendant 10 ans en raison de problèmes liés aux droits de l’homme. Instauré en mai 2000, le programme AGOA permet aux pays d’Afrique subsaharienne éligibles d’exporter plus de 1 700 produits vers les États-Unis sans payer des droits de douane.
Les principaux produits d’exportation de la RDC vers l’Afrique du Sud étaient les oxydes et hydroxydes de cobalt (57,72%), le cuivre raffiné et les alliages de cuivre (31,7%) ; avec la Tanzanie, les principales exportations étaient concentrées sur le cuivre raffiné et le cuivre (92,7%) et les produits chimiques (4,2%) ; avec la Zambie, les principales exportations concernaient les minéraux – minerais de cuivre (52,7%) et les métaux (23,2%), et les produits chimiques il y a quatre ans. La RDC exporte vers la Chine (11,3 milliards de dollars), les Émirats arabes unis (1,13 milliard), la Corée du Sud (822 millions), l’Arabie saoudite (583 millions) et l’Italie (486 millions).
Le volume des échanges vers les États-Unis reste faible, avoisinant les 200 millions de dollars par an selon Julien Paluku, ministre de l’Industrie. En 2010, ce chiffre se situait à 606 millions de dollars d’exportations. « Le gouvernement américain a noté des progrès dans l’établissement d’une économie de marché, l’amélioration du climat des affaires de nature à attirer les consommateurs et les investisseurs américains », a-t-il expliqué. L’AGOA permet aux pays d’Afrique subsaharienne éligibles d’accéder au marché américain en franchise de droits pour plus de 1 800 produits, qui s’ajoutent aux plus de 5 000 produits pouvant bénéficier d’un accès en franchise de droits dans le cadre du système généralisé de préférences.
En valeur, le cuivre raffiné (8,95 milliards de dollars), le cobalt (4,44 milliards), le cuivre brut (779 millions), le minerai de cuivre (618 millions) et le pétrole brut (582 millions) sont les principales exportations congolaises. Les exportations d’or artisanal ont généré 677,3 millions de dollars entre janvier et juin 2023 et un total 475 kg d’or ont été extraits au Sud-Kivu, entre juillet et septembre 2023. Les principales exportations de la RDC, le cuivre et le cobalt, restent exemptes de droits de douane dans le cadre du programme commercial du Système généralisé de préférences des États-Unis. Le pays reste un des plus grands exportateurs mondiaux de cobalt (4,44 milliards de dollars, en 2021), de minerais d’étain (282M de dollars), d’alliages de cuivre (98M de dollars) et de minerais de cobalt (92M de dollars).
Importations
Les investissements admis au régime du Code des Investissements en 2018 sont dominés par ceux du secteur des services avec 64 projets pour un cout total d’investissement estimé à 2 milliards de dollars. Ils peuvent générer 6 186 emplois permanents contre les autres secteurs, dont celui de l’industrie avec 30 projets pour un cout total qui s’élève à 1 milliard de dollars, équivalent à 45% du cout total des investissements agréés en 2018.
Les principales importations du pays sont le pétrole raffiné (406 millions de dollars), les camions de livraison (255 millions), les médicaments emballés (254 millions), la viande de volaille (215 millions), et les machines de traitement de la pierre (170 millions). Les importations proviennent principalement de Chine (2,76 millions), de Zambie (1,11 million), d’Afrique du Sud (1,07 million), du Rwanda (587 millions), et de l’Inde (575 millions) selon l’Observatoire des complexités économiques.
Les autorités comptent augmenter les royalties sur le cuivre de 2 % à 3,5 %, sur l’or de 2,5 % à 3.5 % et, potentiellement, sur le cobalt de 2 % à 10 %, avec des exigences élevées en matière de rapatriement, 60 % des revenus miniers doivent être déposés à la Banque centrale du Congo (BCC). La RDC a mis en place des lois adaptées (code des investissements, code des assurances, loi sur l’agriculture, loi sur la libéralisation de l’électricité, code des télécommunications, loi sur la tarification, la liberté et la concurrence) afin d’accroitre la participation du secteur privé et d’attirer les investissements.
Intégration régionale progressive
La RDC fait partie des communautés économiques régionales (CER) d’Afrique : la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), le Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA), l’Union de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) en avril 2022. L’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie ont mis fin paiement de frais de visas pour les ressortissants congolais, mesure qui pourrait hausser le taux d’échanges commerciaux entre ces pays.
Source : Doing Business, FMI, Banque Mondiale, GIZ, International Trade Administration, Organisation mondiale de commerce, Jeune Afrique, Anapi, Observatoire des complexités économiques, ACP, Radio Okapi