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Image publique et réalités d’une société minière industrielle en RDC 

Corruption, pillage des ressources naturelles, destruction de l’écosystème, expulsion de pauvres villageois, bas salaires, travail des enfants,… Quels reproches ne fera-t-on pas aux « compagnies » minières actives en R.D. Congo, surtout si elles sont « internationales » voire, pire, « occidentales », grief ultime à l’ère d’un certain populisme post-indépendance et de la politique du « nationalisme des ressources ». Telle est l’image que renvoie inlassablement, depuis quelques années, un certain nombre de médias et d’ONG, souvent occidentaux et pas toujours neutres… (voir, parmi bien d’autres, les récents rapports de l’ONG RAID sur l’industrie du cobalt “Beneath the Green: A critical look at the cost of industrial cobalt mining in the DRC” en 2023 et « The Road to Ruin » en 2021, ou le rapport « Powering Change or Business as Usual ?» d’Amnesty International en 2023, pointant tantôt la pollution, tantôt les abus en matière de droit du travail, tantôt les expulsions forcées et autres violations des droits de l’Homme. 

Comme dans tous les secteurs d’activités il existe quelques brebis galeuses, mais en réalité la plupart des sociétés minières industrielles en RDC emploient des milliers de travailleurs essentiellement congolais. Ils bénéficient de salaires décents, de conventions collectives avantageuses comparé aux autres secteurs d’activités, et de délégations syndicales puissantes. De plus, ces sociétés sont soumises à des obligations de plus en plus lourdes, ce qui est normal, en matière de normes techniques, de sécurité, d’hygiène, de contribution au développement des communautés impactées, de respect de l’environnement, de réhabilitation des sites miniers, etc., que ce soit dans le cadre de la législation minière congolaise révisée en 2018, de la législation environnementale, ou encore dans le suivi effectué par des tierces-parties indépendantes sur le respect des principes internationaux de l’OCDE et des Nations-Unies sur les entreprises et les droits de l’Homme, des objectifs de développement durable et du Protocole de Kyoto, de la réglementation européenne sur l’approvisionnement en minerais critiques, des programmes volontaires de traçabilité et de RSE dans l’industrie minière (Alliance for Responsible Mining, Fair Cobalt Alliance, Global Battery Alliance, etc.), entre autres obligations. Les sociétés minières sont d’ailleurs très (trop) souvent contrôlées en RDC par les diverses autorités du pays, dont certaines n’hésitent pas à se justifier : « l’État a besoin d’argent » (pour les élections, pour le financement du programme des 145 territoires et les divers programmes sociaux du gouvernement, etc.). Ce qui n’empêche pas diverses autorités locales de leur demander en outre leur contribution au financement de la réhabilitation de certaines infrastructures du pays (tronçons de routes ou de ponts, équipements SNEL et REGIDESO, écoles, hôpitaux, …). Or, s’il faut certes être plus vigilant et exigeant vis-à-vis des entreprises minières en RDC, au vu de leurs grands impacts, il convient de garder aussi un esprit critique à l’égard de ceux qui les vilipendent, car, dans un monde concurrentiel, y compris dans le secteur des minerais critiques, et tiraillé par de nombreux jeux d’influence géo-économiques, la réalité sur le terrain est souvent plus nuancée que l’image véhiculée dans quelques médias.

Richard DALLEAU, consultant international 

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