La République Démocratique du Congo (RDC) dépend énormément des importations d’électricité pour soutenir son secteur minier et son économie.
« L’histoire de la production d’énergie de la RDC s’est arrêtée en 1982. Avec INGA2, il n’y a plus eu de projets. À l’époque, cette production suffisait aux besoins », a déclaré Teddy Lwamba Muba, ancien Directeur général adjoint de la SNEL et ministre des Ressources hydrauliques et de l’Électricité lors d’un briefing fin juillet.
Depuis la déréglementation du secteur minier en 1997, la demande en électricité a fortement augmenté. « Ce boom a renversé la tendance. La consommation s’est accrue, mais on n’a pas libéralisé le secteur de l’électricité en même temps que le secteur minier… », a-t-il expliqué.
Destination de « luxe » pour les pays africains
Le voisin zambien a aussi inversé la tendance, grâce à sa position stratégique sur les frontières des provinces clés de l’exploitation minière congolaise. Désormais, la RDC importe 250 MW de la Zambie pour soutenir son secteur le plus stratégique. « La Zambie d’hier, qui recevait de l’électricité de chez nous, exporte maintenant 250 MW. Ce sont 8 milliards sur notre PIB » a précisé M. Lwamba Muba. Pour rappel, en 2008, la SNEL avait proposé d’augmenter les tarifs de 1,4 à 4 centimes d’euro par kWh exporté en Zambie.
En 2022, la Zambie a exporté 278 millions de dollars d’électricité, ce qui en fait le 45e exportateur mondial et le 6e produit le plus exporté du pays. Après la Namibie (117 millions de dollars), la République démocratique du Congo (90,4 millions de dollars) était la deuxième destination de l’électricité zambienne. Cela juste devant le Zimbabwe (35,4 millions de dollars) et le Botswana (27 millions de dollars) selon les chiffres de The Observatory of Economic Complexity.
Outre la Zambie, la RDC reçoit du courant de plusieurs pays voisins. Le poste de Buhandahanda, qui devrait être installé à Goma ouvrira la voie à l’entrée de 50 à 100 MW de l’Éthiopie via la ligne Nelsap. L’Angola va injecter de la puissance avec la boucle de l’amitié. Brazzaville aussi profite de la fête. « Nous récupérons 25 MW par moments ». La Tanzanie envisagerait de fournir 100 MW à la RDC avec une nouvelle centrale. « Même la Centrafrique nous donne environ 2 MW avec Boali-Zongo », a détaillé le ministre.
Il y a urgence
Le constat étant implacable, M. Lwamba estime que la RDC « doit très vite investir pour avoir de la production interne. Nous sommes un pays à vocation d’exportation, mais aujourd’hui, nous ne vendons plus rien ». Neuf sites, qui pourraient générer 2500 MW sont en étude. Le recours au leasing pour des équipements thermiques et photovoltaïques afin de combler le déficit énergétique reste une autre solution, mais palliative.
Cette dépendance a-t-elle des répercussions directes sur la RDC ? Selon le ministre des Ressources hydrauliques. « La dépendance aux importations peut avoir des conséquences graves pour notre économie. Il est urgent de changer de politique et de développer un concept de défense énergétique pour le pays », a-t-il indiqué.
Avec un taux d’électrification national de seulement 15%, la RDC affiche l’un des taux les plus bas d’Afrique, avec de grandes disparités entre les zones urbaines et rurales. La SNEL dispose d’un parc de production de 2416 MW, soit 96% de la puissance installée dans le pays, principalement issue de centrales hydroélectriques.
Réactivation des pistes made in Congo
À l’issue du conseil des ministres du 5 juillet, les dossiers des projets de centrales hydroélectriques de « Katende » et « Kakobola » ont été transmis à la Commission Économie, Finances et Reconstruction du Gouvernement. « Dans la perspective de la relance de Katende, l’évaluation des coûts additionnels en vue de sa finalisation et les actions préalables à la reprise effective des travaux ont été examinées », a déclaré M. Lwaba. L’acèvement de la centrale hydroélectrique de Katende avait été abordé en janvier 2023. Nicolas Kazadi, alors ministre des Finances, avait mentionné un apport supplémentaire au titre d’une nouvelle ligne de crédit du gouvernement indien de 188 millions USD pour moderniser cette centrale construite en 1956.
En 2011, la SNEL a entamé les travaux de rénovation à l’issue d’un financement mixte de 168 millions USD de l’Inde et 112 millions USD de la RDC, pour un total de 280 millions USD. L’ouvrage était censé être livré en 2015, avant que le chantier soit stoppé à la suite du conflit communautaire de Kamwena Nsapu en 2016.
« Pour le projet Kakobola, toutes les lignes de transport vers Kikwit, PK600 et Idiofa ont été finalisés à 100%. Les réseaux de distribution de Gungu et de Kikwit sont également achevés alors que celui d’Idiofa l’est à 80%. Les essais avant la mise sous tension sont en cours à Gungu et Idiofa. »
Six projets solaires photovoltaïques, à financement indien respectivement à Gemena, Manono, Tshilenge, Nord Ubangi, Lusambo et Mbandaka, seraient en cours d’installation. Aucune date de leur mise en œuvre n’a, pour l’instant, été annoncée…
M&B