Le Corridor ferroviaire de Lobito, qui s’étend de la côte atlantique de l’Angola jusqu’aux provinces minières de la République Démocratique du Congo (RDC) et de la Zambie, représente une infrastructure clé pour l’économie de la région. Pour la RDC, dont les provinces du Katanga regorgent de ressources minières essentielles comme le cuivre et le cobalt, ce corridor offre un accès stratégique à la mer et aux marchés internationaux via le port de Lobito. Cependant, avec la construction en cours du port de Banana sur la côte atlantique de la RDC, une question se pose : la RDC doit-elle continuer à utiliser le port de Lobito, ou concentrer ses efforts sur ses propres infrastructures portuaires ?
Les avantages géostratégiques du Corridor de Lobito pour la RDC
Historiquement, la RDC a souffert de son enclavement pour le transport de ses minerais. Le Corridor ferroviaire de Lobito a permis d’ouvrir une voie de communication entre les mines du Katanga et le port de Lobito en Angola. Cela a offert une alternative au port sud-africain de Durban ou au port tanzanien de Dar es-Salaam, ce qui a renforcé la compétitivité des exportations minières congolaises.
L’un des intérêts majeurs de ce corridor est de réduire les coûts logistiques liés à l’exportation des ressources, ce qui augmente les marges bénéficiaires des entreprises minières. Le Corridor de Lobito est également un axe important pour le renforcement des relations économiques et politiques entre la RDC, l’Angola, et la Zambie, trois pays aux intérêts miniers convergents.
L’impact de la construction du port de Banana
Le projet de construction du port en eaux profondes de Banana, en RDC, est un pas décisif vers l’indépendance maritime du pays. Ce port permettra à la RDC d’exporter directement ses ressources sans dépendre des infrastructures d’un pays tiers. Banana est situé sur la côte atlantique congolaise, à l’extrême ouest du pays, et offrirait à la RDC un contrôle total sur la logistique de ses exportations.
Cependant, malgré les promesses de ce port, le Corridor ferroviaire de Lobito reste stratégique à court terme. La mise en service complète du port de Banana, avec toutes les infrastructures logistiques requises, prendra encore plusieurs années. Durant cette période, le port de Lobito continuera à jouer un rôle central.
Retracer le parcours actuel du Corridor de Lobito ?
La construction du port de Banana pourrait justifier une redéfinition des trajets logistiques à long terme. Il pourrait être judicieux de reconfigurer le Corridor ferroviaire de Lobito pour permettre des connexions vers Banana. Cette transformation nécessiterait un prolongement du réseau ferroviaire, une logistique coûteuse mais potentiellement bénéfique à long terme. Cela impliquerait d’étendre la ligne ferroviaire en passant par les provinces du Bas-Congo (Kongo Central) pour mieux intégrer le port de Banana dans le flux commercial.
Une telle extension offrirait une plus grande flexibilité pour les exportateurs congolais et permettrait de desservir plusieurs destinations portuaires. Cela créerait également une dynamique économique importante pour les villes et les régions traversées.
Retombées sur les villes traversées
Si le tracé actuel du Corridor ferroviaire est redéfini pour inclure le port de Banana, les villes traversées par cette nouvelle ligne bénéficieront d’une croissance économique considérable. Des villes comme Matadi, Boma, et celles de la région du Kasaï, pourraient voir une amélioration de leurs infrastructures, une hausse des investissements, et une création d’emplois dans les secteurs du transport, de la logistique, et des services.
L’amélioration des infrastructures ferroviaires stimulerait également le commerce intérieur et faciliterait la circulation des biens entre les régions minières et les grands centres économiques du pays, renforçant ainsi la cohésion économique nationale.
Conclusion
Alors que la construction du port de Banana offre à la RDC une opportunité inédite de contrôler ses exportations maritimes, il serait prématuré d’abandonner totalement le Corridor ferroviaire de Lobito à court terme. Ce corridor demeure une artère stratégique pour le pays, en attendant que les infrastructures autour du port de Banana soient entièrement opérationnelles. Toutefois, il serait prudent d’envisager une redéfinition du tracé pour intégrer Banana, afin d’assurer une flexibilité logistique et de maximiser les retombées économiques sur les villes traversées par ces nouvelles infrastructures.
En définitive, la RDC a tout intérêt à exploiter au mieux ces deux corridors, garantissant ainsi une indépendance logistique tout en renforçant ses relations économiques régionales.
source:ExpoBeton
