Congo Airways reste sous le moratoire de 90 jours de l’IATA et de l’Autorité de l’Aviation civile de la RDC pour se conformer aux exigences du transport aérien. Cette extension de dernière minute, annoncée le 16 septembre 2024 par le ministère des Transports, permet à la compagnie, pourtant dépourvue d’aéronefs, de maintenir son certificat de transporteur et son agrément IATA.
Ce sursis vise à finaliser la remise en ser- vice d’un de ses Airbus A320 et à avancer dans l’acquisition de nouveaux avions. Depuis septembre, Congo Airways a suspendu toutes ses opérations. Malgré plusieurs tentatives de partenariats, notamment avec Kenya Airways pour la location de deux Embraer, la compagnie n’a jamais réussi à renouveler sa flotte. Perte du certificat de transporteur aérien Congo Airways, fondé il y a une décen- nie sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, a perdu son attes- tation de transporteur aérien (CTA) pour « incapacité de maintenir le niveau requis de sécurité et de fiabilité ».
Début 2024, Congo Airways avait déjà du plomb dans l’aile. En effet, la compagnie, frappée par un mauvais management chronique, avait jusqu’au mois de mars pour trouver de nouveaux avions, sous peine de perdre son CTA, ses contrats de location arrivant à échéance. La dernière échéance était le 16 septembre 2024.
La décision résulte du manque d’appareils et de la difficulté à répondre aux normes. Un certificat de transporteur aérien est nécessaire pour permettre à un exploitant d’utiliser des aéronefs. L’exploitant doit disposer du personnel, des biens et des systèmes pour satisfaire à la sécurité du public.
« Nous lançons un appel au président de la République (…) pour doter Congo Airways des moyens pour l’acquisition de nouveaux avions », avait supplié José Dubier Lueya, DG de Congo Airways, fin juillet 2024.
Plan de relance
Le gouvernement Suminwa tente officiel- lement de relancer Congo Airways, avec la promesse de doter la compagnie de trois appareils d’ici décembre 2024. Jean- Lucien Bussa, ministre du Portefeuille, avait affirmé le 14 octobre que « le premier avion de location arrivera entre le 6 et le 7 novembre », tandis qu’un Airbus 319sera acquis avant la fin de l’année. « Nous aurons au moins trois avions avant décembre », a-t-il ajouté. La flotte est même censée s’améliorer en 2025… Depuis juillet, le plan de relance, présenté par l’ancien ministre des Transports Jean-Pierre Bemba, s’éternise. Il prévoit le leasing ou l’achat de trois A320. Cela permettrait de redémarrer les opérations après l’immobilisation des gros porteurs.
« Le DGA de Congo Airways et quelques experts vont aller à Paris rencontrer Air France, parce qu’il faut louer deux moteurs. Si c’est conclu, nous allons en novembre avoir deux avions », a révélé M. Bussa. Cependant, des tensions internes subsist- ent, notamment en raison du refus de José Dubier Lueya de céder sa place au directeur par intérim nommé par le min-istre du Portefeuille. Son avenir sera décidé par le Conseil d’État.
Ethiopian Airlines dans le capital d’Air Congo
L’autre compagnie nationale, Air Congo, prend son élan. Le vol inau- gural de « Air Congo » devrait avoir lieu le 1er décembre 2024, selon le vice-premier ministre chargé des Transports, Jean-Pierre Bemba.
La création de la compagnie a été entérinée à Kinshasa le 3 mai 2022, mais le processus avait pris du retard en décembre 2023 à cause des élec- tions. « Les parts des deux action- naires, la RDC et le groupe Ethiopian Airlines sont respectivement de 51% et de 49% pour un montant total de 40 millions de dollars ».
CAA et Mont Gabaon
Mont Gabaon Airline, malgré son drôle de nom, a permis avec CAA d’absorber une partie du trafic perdu par Congo Airways. MGA née en janvier 2024, loue depuis juillet un long-courrier 767 d’air Zimbabwe et plus récemment un ATR pour le fret. La compagnie reste pour l’instant très discrète au sol. CAA, semble de son côté très peu soutenue par le gouvernement congolais. En effet, alors que la Sud africaine SAA opère sur Kinshasa et Lubumbashi, CAA n’arrive toujours pas à démarrer sa ligne sur Johannesburg. Quant à la desserte de Dubaï, le projet est désor- mais aux oubliettes.
Dans un espace aérien grand comme toute l’Europe, il est toujours aussi difficile de se déplacer au Congo et dans la région. Toujours cette foutue météo dans le ciel congolais… qui ne semble que peu affecter les décideurs qui se déplacent, eux, en jets privés.