Les autorités ont annoncé, jeudi 2 janvier, le doublement du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en RDC. Ministre du Travail et de l’Emploi, Ephraïm Akwakwa Nametu a signé un arrêté dans lequel la rémunération minimale va passer de 2,5 à 5 dollars à compter du 1er février, soit une augmentation de près de 40%. La mesure concernera le secteur public et le secteur privé.
« Il s’agit d’un acte règlementaire dont l’application est obligatoire, d’autant plus que cette mesure est le fruit d’un effort auquel chacun a consenti [elle intervient à la suite d’un dialogue organisé en octobre dernier entre le gouvernement et les organisations syndicales et patronales, NDLR]. Certes, certaines personnes véreuses ne voudront peut-être pas la respecter, mais l’inspection générale du travail est là pour faire appliquer l’arrêté que je viens de signer », a-t-il affirmé, cité par RFI.
« Le secteur public a du mal à appliquer le SMIG depuis de nombreuses années »
Selon l’article 2 de l’arrêté, le taux journalier du SMIG ajusté sera majoré d’au moins 3 % par année entière de service ininterrompu effectuée par le travailleur dans une même entreprise.
Cette décision fait suite au rapport final d’un dialogue organisé en octobre dernier par le ministre Ephraïm Akwakwa avec les organisations professionnelles des employeurs et des travailleurs. Ce dialogue visait à examiner les possibilités d’ajuster le SMIG, resté fixé à l’équivalent de 5 USD par jour depuis 2018. Le ministre avait présenté les conclusions de ces échanges lors de la 24ᵉ réunion du Conseil des ministres en novembre 2024.
« On a l’impression que ce nouveau SMIG a été promulgué pour le secteur privé. Alors que, dans le secteur public, on a déjà du mal à appliquer le SMIG actuel depuis de nombreuses années, son nouveau montant va poser énormément de problèmes. Il faudrait que le gouvernement soit réaliste et envisage un collectif budgétaire au mois de mars pour intégrer cette nouvelle politique dans sa programmation », a déclaré Valéry Madianga de l’ONG congolaise CREFDL.
Les défis d’une mise en pratique
En RDC, les jeunes sont confrontés à une augmentation du taux de chômage qui a atteint près de 42%, selon la Banque mondiale. Selon l’institution, cette situation aggrave la fragilité du pays ainsi que les défis sociaux. Le taux de pauvreté était quant à lui estimé à environ 46,8 % en 2023.
Selon l’analyste économique et stratège Al Kitenge, l’État doit être le premier à appliquer ce SMIG au profit de ses travailleurs » Et à se demander également les conditions du relèvement que ce SMIG pourrait bénéficier réellement aux travailleurs congolais.
« Lorsque dans un pays, le SMIG est relevé, comme c’est le cas en RDC, le premier employeur qui devra faire en sorte qu’il le respecte, c’est l’État lui-même. Il va donc l’imposer aux autres opérateurs économiques. Chez nous, une grande partie d’opérateurs économiques opèrent dans l’informel et parfois dérogent aux règles » a indiqué M. Kitenge.
Selon lui, l’augmentation du SMIG détermine l’augmentation des avoirs entre les mains des personnes à même de les dépenser et donc suscite une consommation supplémentaire, et ça alimente une économie domestique. Ce qui est une bonne chose en général.
« Nous sommes un pays extraverti, c’est-à-dire que tout l’argent qui est déversé dans le marché, qui va aller acheter des biens, induit qu’à un autre moment on va rechercher les dollars pour être en mesure d’importer des biens que des gens généralement consomment. Et ça, c’est le plus grand piège que nous devons être à mesure de relever, c’est-à-dire que nous devons, à un moment donné, nous assurer que notre consommation alimente notre production », a argumenté Al Kitenge sur Radio Okapi.
La Synergie des organisations syndicales et sociales a salué janvier, le réajustement du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) au profit des travailleurs congolais de 7 000 à 14500 francs congolais (5 USD).
Réagissant à Radio Okapi, Jean-Bosco Puna, le porte-parole de l’organisation, a encouragé le Gouvernement à faire mieux, en mettant en place une politique nationale de rémunération. Cette nouvelle politique aura l’avantage de réduire le train de vie des animateurs des institutions ainsi que les inégalités salariales entre agents et fonctionnaires de l’État, veut croire M. Puna.
Sources : RFI, Radio Okapi, Actualité.cd