La République Démocratique du Congo (RDC) est confrontée à des défis majeurs dans le secteur de l’exportation du café et du cacao, en raison des exigences de l’Union européenne (UE) concernant la déforestation et la certification des produits agricoles. L’UE a accordé un délai d’un an aux producteurs congolais pour garantir que leurs produits ne contribuent pas à la déforestation, conformément à la règlementation « zéro déforestation » entrée en vigueur en juin 2023. Cette règlementation interdit l’importation de produits issus de terres déforestées après décembre 2020. Cela vise à limiter la déforestation causée par les matières premières agricoles importées dans l’UE.
« Zéro déforestation »
Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a annoncé une série de mesures pour renforcer le dialogue avec l’UE et garantir la conformité des produits congolais. La RDC prévoit d’intensifier les zones économiques spéciales (ZES) pour permettre la transformation locale des produits agricoles, réduisant ainsi la dépendance aux exportations de matières premières brutes. Ces ZES, telles que Musienene et Maluku, sont essentielles pour maximiser la valeur ajoutée et améliorer la compétitivité des produits congolais sur le marché international.
Comme d’habitude le gouvernement congolais s’engage également à renforcer les moyens de contrôle, tels que l’Agence nationale de promotion des exportations (ANAPEX), l’Office national des produits agricoles du Congo (ONAPAC) et l’Office congolais de contrôle (OCC). L’objectif est de développer un système de certification nationale robuste et d’améliorer la traçabilité des produits, afin de garantir leur origine et leur conformité aux normes internationales. Mais on connait au Congo, l'”efficacité” de ces politiques étatiques.
En pleine guerre, la contre-offensive de la RDC
La RDC a connu une croissance de ses exportations de cacao, passant de 11 080 tonnes en 2015 à 32 505 tonnes en 2022. Le pays ambitionne d’atteindre 3 millions de tonnes d’ici 2030, ce qui pourrait générer jusqu’à 30 milliards USD de revenus annuels. Cette augmentation significative des exportations est le résultat d’efforts concertés et du soutien de partenaires internationaux, tels que l’UE, feu l’USAID, le FIDA et la Banque mondiale.
L’insécurité autour de Beni, entrave le déploiement d’enquêteurs pour évaluer les pratiques agricoles. Cette situation a conduit l’UE à retirer la certification Fairtrade et BIO de certains produits congolais, affectant ainsi les producteurs locaux. Pacifique Keta Upar, exportateur de café en Ituri, craint que cette décision ne favorise la fraude et la contrebande vers l’Ouganda et le Rwanda, faisant baisser les prix et affectant les revenus des producteurs congolais.
Pour surmonter ces défis, la RDC, avec une rhétorique habituelle, mise sur l’amélioration des infrastructures, notamment les routes et l’électricité, pour faciliter la transformation locale des produits agricoles. Le pays dispose d’un potentiel agricole immense, avec 155 millions d’hectares de forêt tropicale et 80 millions d’hectares de terres arables, encore largement inexploité. Des initiatives telles que le projet « Cacao Tshopo » visent à créer un label international pour valoriser la production locale et renforcer la traçabilité des produits.
En conclusion, la RDC s’engage dans une contre-offensive stratégique pour renforcer sa filière café-cacao. En misant sur la transformation locale, l’amélioration des infrastructures et la traçabilité, le pays vise à surmonter les défis imposés par l’UE et à maximiser les revenus générés par ses produits agricoles. Cette approche pourrait non seulement diversifier l’économie congolaise, mais aussi positionner le pays comme un acteur clé sur le marché international du café et du cacao, tout en préservant ses ressources naturelles et en soutenant le développement durable.
M&B