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Disparition : Valentin-Yves Mudimbe, écrivain et philosophe, figure majeure de la pensée postcoloniale est mort

L’écrivain et philosophe congolais Valentin-Yves Mudimbe est décédé dans la nuit du 21 au 22 avril à l’âge de 83 ans en Caroline du Nord (États-Unis). Auteur d’une œuvre prolifique, il était considéré comme l’une des figures intellectuelles les plus influentes d’Afrique, notamment pour sa critique des cadres de pensée coloniaux.  La Biennale de Lubumbashi avait consacré sa dernière édition, en 2024, à sa pensée.

Figure de proue

Mudimbe, né en 1941 à Likasi (Haut-Katanga), a consacré sa carrière à déconstruire ce qu’il nommait la « bibliothèque coloniale » – l’ensemble des discours occidentaux ayant essentialisé l’Afrique. Son essai « L’Invention de l’Afrique » (1988) reste une référence incontournable des études postcoloniales . 

« Sa disparition n’est pas seulement celle d’un intellectuel, mais celle d’un phare éclairant nos tentatives de dire le monde à partir de l’Afrique », a déclaré l’écrivain Joyeux Ngoma à Actualité.cd, saluant une « voix lucide, parfois inconfortable, toujours nécessaire ».

Godefroy Mwanabwato, autre écrivain congolais, a souligné son rôle de « patriarche » ayant « renouvelé notre compréhension des enjeux postcoloniaux » à travers des romans comme « Le Bel Immonde » (1976) ou « L’Odeur du Père » (1982) . 

Héritage académique et littéraire

Professeur aux universités de Stanford et Duke aux États-Unis, Mudimbe a combiné rigueur philosophique et engagement politique. Son analyse de la « colonialité du savoir » a inspiré des générations de chercheurs africains.

Parmi ses autres œuvres phares : « The Idea of Africa » (1994), synthèse sur la construction intellectuelle du continent, et « Entre les eaux » (1973), premier roman explorant les tensions identitaires post-indépendance. Au Congo, il a légué une grande partie de sa bibliothèque personnelle à l’Université de Lubumbashi.

Le documentaire-fleuve de quatre heures « Les Choses et les mots de Mudimbe » (2015) du réalisateur camerounais Jean-Pierre Bekolo retrace son parcours et sa vision décoloniale.

Aucun détail n’a filtré sur les causes de son décès. Les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux, où il est décrit comme un « baobab géant » de la pensée africaine. Ses funérailles devraient avoir lieu aux États-Unis, selon des sources proches de sa famille. 
Elisha Iragi pour M&B Magazine.

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