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ENTRETIEN AVEC LOUIS WATUM, MINISTRE DE L’INDUSTRIE ET DES PME

UN ENTRETIEN SANS DÉTOUR,
À LA CROISÉE DES AMBITIONS
INDUSTRIELLES ET DES IMPÉRATIFS
SOCIAUX DE LA RDC.

À l’occasion de la 20e édition de la DRC Mining Week, Louis Watum, Ministre de l’Industrie et des PME, nous a fait l’honneur de venir dans le studio de Mining and Business. Dans un climat où les frustrations autour de la fiscalité et du cadre des affaires s’intensifient, le Ministre livre un diagnostic lucide de la situation et appelle à une responsabilisation partagée entre l’État, les opérateurs miniers et la société civile. Transparence, stabilité juridique, équité sociale : autant de piliers qu’il entend renforcer pour faire du secteur extractif un véritable levier de développement. Dans cet échange franc, il revient également sur la performance des structures sous sa tutelle, notamment l’ARSP, et affirme sa volonté d’instaurer une culture de reddition de comptes. 

Un entretien sans détour, à la croisée des ambitions industrielles et des impératifs sociaux de la RDC.

Excellence, Monsieur le ministre, merci d’être venu dans le studio de Mining and Business. Pourriez-vous nous parler de votre présence à cette édition de la DRC Mining Week ?

Merci à M&B de me recevoir. Je viens au 20e anniversaire de la DRC Mining Week, et c’est un grand accomplissement. C’est un devoir pour moi de faire partie de cette célébration, parce que c’est un cadre d’échange, d’intelligences qui se mettent ensemble et qui réfléchissent au devenir de l’industrie minière. C’est une industrie très transversale et donc c’est le développement économique du pays dont on parle ici.

Vous habitez maintenant à Kinshasa. Ressentez-vous à partir de la capitale les besoins sociaux et la frustration qui peuvent en découler ?

En effet, nous sommes à l’écoute, parce que nous gardons encore nos antennes. On évite justement de rester dans cette bulle, essayant d’être le plus possible connectée aux entrepreneurs, aux opérateurs économiques, et autres. On ressent cette frustration, de manière très claire. Et cela nous rappelle toujours notre devoir de faire avancer les choses, de sortir des déclarations vaines vers du concret. C’est tout ce que le peuple veut voir : du social et un changement de leur vie quotidienne. 100 millions de Congolais attendent de moi, en ma qualité de ministre de l’Industrie et des PME, de créer de la richesse pour toutes les parties prenantes, et, bien sûr, la partager de manière équitable.

Il y a aussi, des frustrations de la communauté de l’industrie minière pour le climat des affaires. Quel est votre sentiment là-dessus ?

Au cours de cette édition, j’ai participé à la table ronde des CEOs des entreprises minières, de la Chambre des Mines, mais également des patrons des entreprises minières. C’est vrai, il y a beaucoup de frustrations du point de vue du climat des affaires. Encore une fois, la fiscalité, la parafiscalité s’avèrent être punitives pour ces opérateurs miniers. Une loi de finances semble mettre en sourdine les avantages garantis par le Code minier. Cela pose problème et nous devons avoir l’honnêteté de reconnaître cela et de trouver des voies de sortie. Maintenant, il nous faut passer au concret, qui commence, je pense, par cette tripartite entre le gouvernement, les opérateurs miniers et la société civile, qu’on ne doit jamais oublier dans le débat.

C’est-à-dire ?

Chaque partie prenante doit comprendre qu’elle n’a pas que des droits, mais également des obligations. Et qu’elle s’en acquitte. Que l’opérateur minier comprenne que ses obligations, c’est d’apporter les capitaux et la technologie, c’est de conduire ses affaires en toute transparence, dans le respect strict des règles du pays. Mais c’est également transmettre les connaissances, et enfin veiller à ce qu’il y ait un mieux-être pour les communautés qui entourent son espace où le projet se développe. Côté gouvernement, dont je fais partie, nous avons des obligations également.

Qu’est-ce que les autorités peuvent-elles apporter sur la table ?

Au-delà de garantir la paix et la sécurité sur le territoire, nous devons garantir un cadre légal et fiscal qui soit à la fois attractif, stable et transparent. Pour que ça ne prête pas à confusion dans l’interprétation des textes. Nous devons rassurer l’investisseur à tout moment, avoir une administration qui est là pour veiller à ce que l’investisseur puisse exécuter son business plan avec une effectivité militaire et qui puisse produire des résultats. Parce qu’après tout, un investisseur vient faire de l’argent et nous devons l’aider à faire de l’argent pour que chacun s’y retrouve. Cette obligation-là, nous devons nous en acquitter.

Vous parliez aussi de la société civile.

La société civile a des obligations également. Elle doit pouvoir se comporter de manière à s’approprier les projets et être redevable également de tout ce qui tombe dans ses escarcelles, en termes de ces paiements infranationaux qui viennent : redevance, 0,3% de leur dotation, etc. C’est seulement dans la mesure où chacun comprend le rôle qu’il doit jouer et s’acquitte de ses obligations, qu’on sera dans un meilleur espace pour réduire un peu plus les frustrations et créer un peu plus de richesse.

Parlons un peu de l’ARSP. Pouvez vous nous dire où on en est dans ce dossier ?

L’ARSP est une des structures sous ma tutelle. Comme une douzaine d’autres. Dès mon entrée au ministère, j’avais été suffisamment clair avec toutes les entreprises et les structures sous ma tutelle. Nous irons avec un système d’évaluation de performance de manière régulière, tous les six mois. Et j’avais été bien clair aussi sur les critères d’évaluation, notamment les indicateurs de performance, les états financiers, les plans opérationnels, et tout le reste.

Et cette évaluation a bien eu lieu le semestre dernier, le prochain se fera très prochainement. Je dois avouer que les résultats ont été assez mitigés. Non seulement pour l’ARSP, mais pour plusieurs structures sous ma tutelle également. Maintenant, nous sommes allés dans une phase de redressement de beaucoup de ces écarts. En ce moment, je sais, il y a beaucoup de choses qui se disent dans les médias, mais, en tant que responsable, on ne réagit pas au buzz des réseaux sociaux. On reste dans du factuel. Et le factuel, c’est que oui, l’ARSP a des comptes à rendre. Et nous sommes dans un processus où l’ARSP rend des comptes, comme toute autre structure. Et si le compte n’y est pas, les mesures s’ensuivent.

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