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ENTRETIEN AVEC ROXANE DE BILDERLING AMBASSADEUR DU ROYAUME DE BELGIQUE

« ON NE PEUT PAS
COMPRENDRE LA RDC SANS CONNAÎTRE
SON SECTEUR MINIER »


Présente à la DRC Mining Week 2025 à Lubumbashi, l’ambassadrice de Belgique en RDC, S.E. Roxane de Bilderling, plaide pour un partenariat minier équilibré entre l’Europe et le Congo. Entre ambitions européennes, défis du climat des affaires et nécessité d’investissements à impact local, la diplomate dresse un constat lucide et appelle à bâtir des relations économiques fondées sur plus que l’exploitation brute des ressources.

Madame l’Ambassadrice, pouvez-vous nous expliquer l’importance de votre présence à la DRC Mining Week ?

C’était important pour moi de revenir à la DRC Mining Week, puisque j’étais présente l’année dernière. C’est devenu vraiment un carrefour incontournable pour prendre le pouls de ce secteur, qui est tout de même le premier secteur contributeur de richesse en RDC. Donc, on ne peut pas comprendre la RDC sans connaitre la profondeur de son secteur minier. On perçoit d’ailleurs un dynamisme croissant chaque année. 

La Belgique essaie d’être présente dans ce domaine, même si nous n’avons plus de grandes entreprises de production minière aujourd’hui. Nous avons pas mal d’entreprises très actives dans la logistique, les machines, mais aussi les matières premières avec Umicore. Nous avons pas mal d’entreprises belges qui sont très intéressées par ce secteur en RDC.

Quelle est la vision de la Belgique ? Avez-vous une feuille de route sur le partenariat minier ?

D’abord, on s’inscrit pleinement dans la feuille de route européenne et nous sommes très impliqués dans tout ce qui est européen. En ce qui concerne le partenariat sur les minerais stratégiques que l’Union européenne est en train de développer avec la RDC, la Belgique est un des membres actifs qui veut pousser, et qui croit pleinement dans le rôle que l’Union européenne peut jouer ici, en venant avec une proposition différente. L’UE apporte d’autres valeurs, d’autres façons de faire des affaires. Même si on n’a pas encore l’habitude de travailler de cette façon-là au niveau européen, on n’aura pas le choix. On voit que le monde d’aujourd’hui est devenu beaucoup plus complexe.

Faites-vous allusion aux bouleversements de l’ordre économique mondial ?

On a conçu le projet européen comme un marché qui repose sur des règles et des valeurs. On se rend compte que, même si nous, on veut continuer à fonctionner dans cet esprit-là, le monde est devenu beaucoup plus dur. Le respect des règles, le respect des accords est devenu beaucoup plus compliqué. Nous devons donc davantage nous affirmer pour défendre cette vision-là du monde.

En venant en RDC, avec des propositions qui ne soient pas uniquement basées sur le gain et la capture de minerais bruts, mais vraiment avec des investissements qui veulent avoir un impact sur les communautés, avec de la formation professionnelle, de la création de richesses, de la transformation, je crois que c’est une proposition qui peut être intéressante pour la RDC.

C’est à nous diplomates de convaincre à la fois les Européens que c’est quelque chose qu’on peut faire – et j’avoue que cela suscite encore des réticences pour toute une série de raisons – mais aussi de convaincre la RDC que c’est dans son intérêt d’avancer dans ce type de partenariat.

J’ai eu l’occasion de visiter la Société du Terril de Lubumbashi, et là, avec Umicore, on a entamé, timidement peut-être, un partenariat qui vise à du transfert de technologie, pour retravailler le terril de Lubumbashi. C’est encore un projet pilote. Nous espérons que ça pourra donner encore d’autres coopérations de la même nature, pour vraiment montrer qu’une autre proposition, un autre type d’engagement et d’investissement est possible en RDC.

Un mot sur le « doing business ». Est-ce que vous avez, avec vos partenaires européens, des propositions pour améliorer ce que l’on sait être pour l’instant un frein réel au développement ?

Le climat des affaires reste clairement un domaine dans lequel on peut encore faire beaucoup. Je suis très à l’écoute du secteur privé, de tout ce qu’on a à me dire à ce sujet. Et avec plusieurs collègues à Kinshasa, nous essayons aussi d’accompagner le gouvernement, d’essayer de prendre les bonnes décisions. Je crois qu’il y a vraiment quelque chose qui s’amorce. 

La Première ministre a décidé de prendre la coordination de toutes les initiatives qui existent. Il y a une cellule au sein de la Présidence pour le climat des affaires, et on espère vraiment que tout cela va amener à un meilleur climat. Parce que, quand je disais que certains investisseurs ont peur de venir ici, c’est justement pour toutes ces raisons. J’ai essayé aussi, dans mon petit mot d’introduction lors de la réception It’s Mine Time, qui est organisée par notre consulat général ici, d’en dire quelques mots.

Et vous avez évoqué ce sujet ailleurs également.

J’étais à Kolwezi pour le Katanga Business Meeting 2025, c’était un peu la même chose. J’ai essayé de mettre le doigt sur tous les problèmes que j’entends des opérateurs : le harcèlement fiscal, les complications des règles, le nombre de régies, le nombre de différents impôts qui sont prélevés, mais aussi le côté imprévisible de certaines règles, la difficulté aussi d’assurer que tout soit dans le formel.

Donc, il y a toute une série de mesures qui ont été répertoriées par un groupe d’ambassadeurs intéressés par la question, et qui font l’objet d’un dialogue à travers vraiment un tableau assez concret sur les mesures qu’on propose. Nous soumettons des recommandations, évidemment, pour essayer de travailler ensemble avec le gouvernement pour améliorer ce climat des affaires et que les investisseurs viennent plus nombreux en RDC. 

Propos recueillis par Olivier D.

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