ON DOIT METTRE LA FISCALITÉ DANS
LE SECTEUR DE L’ÉNERGIE À ZÉRO, COMME
LE FONT DÉJÀ CERTAINS PAYS AUTOUR DU
CONGO, QUI PRODUISENT POUR VENDRE
Monsieur Monga, pourriez-vous vous présenter ?
Je suis vice-président national de la FEC et l’énergie est dans mon portefeuille. Je suis développeur de sites dans le secteur de l’énergie. Je suis chef d’entreprise dans plusieurs sociétés, et enfin président du conseil d’administration de Kipay.
Pourriez-vous nous faire un point sur le secteur de l’énergie en RDC ?
Pendant cette DRC Mining Week, nous avons vu qu’il y a un début d’augmentation de la capacité, une augmentation de la capacité de la desserte en énergie au profit de l’économie et de la population.
Peut-on avoir quelques chiffres ?
Le pourcentage pour l’accès à l’énergie est passé de 15% à 21%. Ce sont les microprojets qui ont germé sur toute l’étendue du pays. D’autres projets qui sont à venir. Dans de nombreuses villes, il y a des stations de deux mégawatts en solaire, des 30 kW et 300 kW, avec des d’entreprises, mais aussi de gros projets au Grand Katanga principalement.
Pendant des années, on a parlé de 9% d’accès à l’énergie pour la population congolaise. Donc, on serait passé de 9 à 21% ?
Oui, et cela a été confirmé par le régulateur et par les statistiques que nous avons. Mais est-ce que nous devons nous contenter de cela ? Non. C’est beaucoup trop peu pour notre pays. Nous devons atteindre le même seuil que la plupart des pays qui visent les Objectifs de Développement durable de 2030 : arriver à un minimum de 45 à 50%.
Que faire au niveau du secteur pour libérer le potentiel ? Pourquoi est-ce si lent ?
C’est parce que toutes ces sociétés ont peur de venir. Et lorsque certaines osent arriver au Congo, et qu’elles ont la chance de s’appuyer sur des sociétés fiables, elles se rendent compte que ce n’est pas facile. La fiscalité au Congo est trop lourde. Cela ne permet pas la rentabilité à long terme d’un projet.
Serait-il possible d’annuler la totalité des taxes pour atteindre, dans cinq ans, 40% d’accès à l’électricité ?
Nous nous battons pour cette disposition. L’État ne doit pas chercher la rentabilité à court terme. L’État doit avoir une visée économique pour le bien-être de la population et le développement de l’industrie. On doit mettre la fiscalité dans le secteur de l’énergie à zéro, comme le font déjà certains pays autour du Congo, qui produisent pour vendre leur électricité au Congo. Qu’est-ce qu’on veut ? Devenir de purs consommateurs ?! Si ça continue comme ça, il n’y aura ni industrie ni développement local. Nous serons dépendants de l’énergie de l’extérieur. Bref, nous resterons toujours sous-développés. Nous faisons un appel pour que le taux soit à zéro. Quand je parle de zéro, c’est un zéro absolu ! Pas un zéro qui reviennent à 15 ou 20%, comme nous le vivons pour l’instant. Cela comprend les études de faisabilité, l’obtention des documents pour les études. C’est très important.
A prévoir pour la prochaine loi de finances ?
Il faut mettre cela dans une loi spécifique. Parce que la loi de finances, l’année suivante, la maximisation des recettes pourra faire sauter le verrou. Un investisseur ou les fonds ne peuvent pas s’appuyer sur une loi de finances qui a une durée de vie d’un an. Il faut qu’on mette une loi durable dans le secteur de l’énergie.
Notre ressource abondante, c’est l’eau. Dans le secteur hydroélectrique, la base c’est 30 ans. Si nous arrivons à cela, vous allez voir que ça va décoller très vite.On a donné 1 milliard, pour Inga. Nous avons applaudi, mais tant que les pesanteurs continuent, nous n’allons pas faire grand-chose avec ce milliard…
Pouvez-vous nous parler du bilan de votre société Kipay à ce jour ?
Les choses commencent à bouger. Le besoin est tellement grand qu’il l’emporte sur les défis. Nous sommes en train de développer déjà la seconde phase, elle sera peut-être opérationnelle d’ici 18 mois. Une banque est venue investir, pour qu’on puisse passer à la phase de construction.
J’ai eu la chance de visiter votre site. Où en serez-vous dans deux ans ?
Nous avons fait une station de 2,4 MW avec du stockage, et une ligne de transmission de 7,4 km pour montrer qu’on peut faire de l’énergie en RDC.
Nous avons structuré des fonds pour une seconde phase de 20 mégawatts, dont 10 là où il y aura le barrage hydroélectrique.
